Présenté au Glob Théâtre, du 5 au 14 avril 2012
© Skaï
La Compagnie du Soleil Bleu a été créée par Laurent Laffargue à sa sortie du Conservatoire de Bordeaux en 1992. Il en signe toutes les mises en scènes, oscillant constamment entre textes classiques (Molière, Shakespeare) et textes contemporains (Edward Bond, Harold Pinter ou Pauline Sales). La Compagnie sera nommée aux Molières en 2006 dans la catégorie « Molière de la Compagnie ». Pour Skaï, le spectacle aura été crée autour de textes de Sonia Millot (comédienne et auteur travaillant régulièrement pour la compagnie) et Vincent Nadal (auteur et interprète), sans compter les interventions musicales d'Hervé Rigaud (musicien, acteur, chanteur).
Skaï : une matière. L’expression protéiforme des ados sur la toile. Aucun « sujet du monde » ne leur échappe … Un monde secret. Une impudeur sans limite. Paradoxe déroutant, paradoxe permanent. Être c’est être vu et commenté. Qu’importe le prix à payer.
Skaï : Un personnage. Un homme. Quarante ans. Il cherche. Il découvre. Il copie-collectionne. Frénétique. Que regarde-t-il ? Qui regarde-t-il ? Lui ? Les ados ? Le monde ? Vous ?
Skaï verse et renverse dans tous les sens « les images-vidéo-photo, les voix, les mots, la vie, les sentiments des adolescents et des adolescents que nous ne sommes plus. »
Au départ de cette création, il y a la volonté de s'intéresser aux adolescents et à leur vie virtuelle, cette vie que personne n’écoute plus. On se dit que les adolescents sont trop loin de nous, qu’ils n’ont aucune conscience du monde qui les entoure et de toutes ces préoccupations « bassement matérielles » qu’il faut avoir une fois qu’on a dépassé un certain âge. Mais Skaï, justement, montre le contraire. Et si les adolescents avaient précisément une vision intéressante du monde liée à leur approche sensible de ce qui les entoure ? Et si, pour une fois, on leur laissait la parole ? À partir de textes trouvés sur des blogs, d’autres écrits par des collégiens du lycée Pablo Neruda de Bègles et des lycéens du lycée professionnel des Chartrons à Bordeaux (avec lesquels Vincent Nadal et Sonia Millot ont mené un travail sur toute une année avec pour point de départ le mythe d’Orphée et Eurydice), la Compagnie a voulu créer un spectacle qui soit le reflet de cette vie si riche que les adolescents vivent sur internet et peut-être, nous donner la possibilité de nous rappeler que nous étions des ''ados'' … il n’y a pas si longtemps.
« […] nous évoquions un espace qui soit avant tout celui des spectateurs ? Où désirions-nous les accueillir pour partager notre voyage intime ? Le rapport « intimité et parole publique » est devenu l’enjeu de cet espace. Donner à entendre et à voir en toute liberté. »
Au moment d'aller chercher son billet d'entrée, chaque spectateur reçoit une feuille avec un texte d'apparence quelconque ajouté à la bible, mais aussi une petite étiquette sur la main : chacun se voit attribuer un pseudonyme selon le type de personne que l'on pourrait être sur internet. Avant que le spectacle ne commence, le public s'installe librement dans les îlots de gradins. Ces îlots, composés de quatre rangs avec un petit banc rouge à l'avant, sont disposés de façon particulière : imaginez un espace carré dont un des côtés est entièrement dédié à un panneau servant d'écran et de cabine, et dont les côtés restants comportent cinq ''îlots'' de spectateurs. Le centre est plutôt vide sans la présence de l'acteur ou du projecteur. Mis à part ces détails, cet espace dédié au public, qui investit les trois quarts de la salle, se confond avec l'espace dédié aux vidéos projetées, et également avec l'espace scénique des acteurs. En effet, la performance scénique reste au rendez-vous et vient équilibrer le spectacle fait de vidéos. Entre solo de guitare, chanson et jeu d'acteur, trois professionnels viennent dynamiser le propos du spectacle. Le comédien principal, Vincent Nadal, jongle entre les différentes interactions possibles avec le public : adresse directe, pluie de photos qu'il donne aux spectateurs les plus près de lui, trinque avec un spectateur, demande des réactions de la part du public - juste avant la fin.
Cette création est une manière de nous montrer ce que permet le monde d'internet aux jeunes. Beaucoup d'internautes se font connaitre par l'intermédiaire d'internet en y postant leurs vidéos de chansons, de commentaires sur un sujet qui leur tient à cœur ou en participant à un genre littéraire encore méconnu : les articles de blog (skaï-skyblog) recèlent tous les formes picturales existantes. C'est à travers internet que les jeunes ados construisent leur culture et leur identité. On découvre aussi que les jeunes échangent beaucoup par internet pour communiquer d'une région à une autre, d'un pays à un autre, d'où le choix de projeter des vidéos en anglais. On voit donc qu'internet est devenu un outil essentiel à la communication et au développement culturel, à l'ouverture sur le monde. En plus d'être un outil pédagogique ou un outil médiatique, c'est un moyen d'expression personnelle.
« Je ne vous comprends pas, les gens. »
Sources et sites et articles à consulter :
Des articles de présentation du spectacle :
http://mutualise.artishoc.com/iddac/media/5/fiche_orphee_skai.pdf
http://www.iddac.net/site.php?rub=1&docId=219082
http://www.globtheatre.net/index.php?option=com_content&view=article&id=228&Itemid=313
Le dosier de presse du spectacle :
http://www.compagniesoleilbleu.fr/wp-content/uploads/2012/04/dossier-SKAI.pdf
Le site de la Compagnie du Soleil Bleu : http://www.compagniesoleilbleu.fr/
Le blog de travail autour d'Orphée et Eurydice : http://skai-orphee.eurydice.over-blog.com/
Pour aller plus loin :
Comment l'espace scénographique invite-t-il / enferme-t-il / inscrit-il le spectateur dans les thématiques développées par le spectacle ? Par suite, comment le traitement de ces thématiques fait-il se confronter les relations entre parole intime et parole publique ?
Articlé réalisé par Clémence Biensan, Emeline Pallatier et Floran Pedeflous.