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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:08

 

Présenté au Glob Théâtre, du 5 au 14 avril 2012

 

 

Skai-TPV-1.jpg

© Skaï

 

 

La Compagnie du Soleil Bleu a été créée par Laurent Laffargue à sa sortie du Conservatoire de Bordeaux en 1992. Il en signe toutes les mises en scènes, oscillant constamment entre textes classiques (Molière, Shakespeare) et textes contemporains (Edward Bond, Harold Pinter ou Pauline Sales). La Compagnie sera nommée aux Molières en 2006 dans la catégorie « Molière de la Compagnie ». Pour Skaï, le spectacle aura été crée autour de textes de Sonia Millot (comédienne et auteur travaillant régulièrement pour la compagnie) et Vincent Nadal (auteur et interprète), sans compter les interventions musicales d'Hervé Rigaud (musicien, acteur, chanteur).

 

Skaï : une matière. L’expression protéiforme des ados sur la toile. Aucun « sujet du monde » ne leur échappe … Un monde secret. Une impudeur sans limite. Paradoxe déroutant, paradoxe permanent. Être c’est être vu et commenté. Qu’importe le prix à payer.

Skaï : Un personnage. Un homme. Quarante ans. Il cherche. Il découvre. Il copie-collectionne. Frénétique. Que regarde-t-il ? Qui regarde-t-il ? Lui ? Les ados ? Le monde ? Vous ?

Skaï verse et renverse dans tous les sens « les images-vidéo-photo, les voix, les mots, la vie, les sentiments des adolescents et des adolescents que nous ne sommes plus. »

 

Au départ de cette création, il y a la volonté de s'intéresser aux adolescents et à leur vie virtuelle, cette vie que personne n’écoute plus. On se dit que les adolescents sont trop loin de nous, qu’ils n’ont aucune conscience du monde qui les entoure et de toutes ces préoccupations « bassement matérielles » qu’il faut avoir une fois qu’on a dépassé un certain âge. Mais Skaï, justement, montre le contraire. Et si les adolescents avaient précisément une vision intéressante du monde liée à leur approche sensible de ce qui les entoure ? Et si, pour une fois, on leur laissait la parole ? À partir de textes trouvés sur des blogs, d’autres écrits par des collégiens du lycée Pablo Neruda de Bègles et des lycéens du lycée professionnel des Chartrons à Bordeaux (avec lesquels Vincent Nadal et Sonia Millot ont mené un travail sur toute une année avec pour point de départ le mythe d’Orphée et Eurydice), la Compagnie a voulu créer un spectacle qui soit le reflet de cette vie si riche que les adolescents vivent sur internet et peut-être, nous donner la possibilité de nous rappeler que nous étions des ''ados'' … il n’y a pas si longtemps.

 

« […] nous évoquions un espace qui soit avant tout celui des spectateurs ? Où désirions-nous les accueillir pour partager notre voyage intime ? Le rapport « intimité et parole publique » est devenu l’enjeu de cet espace. Donner à entendre et à voir en toute liberté. »

 

Au moment d'aller chercher son billet d'entrée, chaque spectateur reçoit une feuille avec un texte d'apparence quelconque ajouté à la bible, mais aussi une petite étiquette sur la main : chacun se voit attribuer un pseudonyme selon le type de personne que l'on pourrait être sur internet. Avant que le spectacle ne commence, le public s'installe librement dans les îlots de gradins. Ces îlots, composés de quatre rangs avec un petit banc rouge à l'avant, sont disposés de façon particulière : imaginez un espace carré dont un des côtés est entièrement dédié à un panneau servant d'écran et de cabine, et dont les côtés restants comportent cinq ''îlots'' de spectateurs. Le centre est plutôt vide sans la présence de l'acteur ou du projecteur. Mis à part ces détails, cet espace dédié au public, qui investit les trois quarts de la salle, se confond avec l'espace dédié aux vidéos projetées, et également avec l'espace scénique des acteurs. En effet, la performance scénique reste au rendez-vous et vient équilibrer le spectacle fait de vidéos. Entre solo de guitare, chanson et jeu d'acteur, trois professionnels viennent dynamiser le propos du spectacle. Le comédien principal, Vincent Nadal, jongle entre les différentes interactions possibles avec le public : adresse directe, pluie de photos qu'il donne aux spectateurs les plus près de lui, trinque avec un spectateur, demande des réactions de la part du public - juste avant la fin.

 

Cette création est une manière de nous montrer ce que permet le monde d'internet aux jeunes. Beaucoup d'internautes se font connaitre par l'intermédiaire d'internet en y postant leurs vidéos de chansons, de commentaires sur un sujet qui leur tient à cœur ou en participant à un genre littéraire encore méconnu : les articles de blog (skaï-skyblog) recèlent tous les formes picturales existantes. C'est à travers internet que les jeunes ados construisent leur culture et leur identité. On découvre aussi que les jeunes échangent beaucoup par internet pour communiquer d'une région à une autre, d'un pays à un autre, d'où le choix de projeter des vidéos en anglais. On voit donc qu'internet est devenu un outil essentiel à la communication et au développement culturel, à l'ouverture sur le monde. En plus d'être un outil pédagogique ou un outil médiatique, c'est un moyen d'expression personnelle.

 

« Je ne vous comprends pas, les gens. »

 

 

Sources et sites et articles à consulter :

Des articles de présentation du spectacle :

http://mutualise.artishoc.com/iddac/media/5/fiche_orphee_skai.pdf

http://www.iddac.net/site.php?rub=1&docId=219082

http://www.globtheatre.net/index.php?option=com_content&view=article&id=228&Itemid=313

 

Le dosier de presse du spectacle :

http://www.compagniesoleilbleu.fr/wp-content/uploads/2012/04/dossier-SKAI.pdf

 

Le site de la Compagnie du Soleil Bleu : http://www.compagniesoleilbleu.fr/

 

Le blog de travail autour d'Orphée et Eurydice : http://skai-orphee.eurydice.over-blog.com/

 

 

Pour aller plus loin :


Comment l'espace scénographique invite-t-il / enferme-t-il / inscrit-il le spectateur dans les thématiques développées par le spectacle ? Par suite, comment le traitement de ces thématiques fait-il se confronter les relations entre parole intime et parole publique ?

 

Articlé réalisé par Clémence Biensan,  Emeline Pallatier et Floran Pedeflous.

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 14:07

 

 

Spectacle présenté le 6 mars, salle Le Royal de Pessac

 

Molière :


Le comédien et dramaturge français Molière, de son véritable nom Jean-Baptiste Poquelin, est né en 1622 et mort en 1673, à Paris. Issu d’une famille bourgeoise marchande, il se consacre au théâtre à l’âge de 21 ans. Il fonde avec d’autres l’Illustre théâtre en juin 1643, qui fera faillite deux ans plus tard, en août 1645. De 1646 à 1658, il parcourt l’ouest puis le sud de la France, avant de revenir à Paris où il entre sous la protection du frère du roi Louis XIV. Il nomme alors sa troupe : Troupe de Monsieur. Il connaît ses premier vrai succès en 1659 avec Les précieuses ridicules. Par la suite, bien que soutenu par Louis XIV, il affronte néanmoins de nombreux détracteurs avec sa troupe. Il écrit de nombreuses comédies en tout genre (farce, satire sociale, etc.) en vers comme en prose. Molière continue à jouer, et c’est à la suite de la quatrième représentation de sa pièce Le malade imaginaire qu’il décède le 17 février 1673, d’une « fluxion à la poitrine ». (Pour une biographie plus complète, voir le site dédié à l'auteur et géré par la ville de Pézenas : http://www.toutmoliere.net/chronologie.html).

 

Laurent Rogero :

 

Comédien, auteur et metteur en scène, Laurent Rogero a étudié le théâtre en section professionnelle du Conservatoire régional de Bordeaux de 1990 à 1993, puis au Conservatoire Nationale Supérieur d’Art Dramatique de Paris, suivant l’enseignement de Daniel Mesguich, de Philippe Adrien et de Dominique Valadié. Il cofonde le groupe Anamorphose à bordeaux en 1994 et commence par mettre en scène des auteurs du XXe siècle. Il recherche alors un rapport comédien – spectateur plus intime. Il commence à écrire pour le théâtre, croisant les disciplines et les pratiques (notamment l'acrobatie, le travail du masque et les marionnettes). Laurent Rogero continue à jouer et a tourner avec Anamorphose en écrivant et adaptant des pièces à la scène. Il est notamment dirigé dans sa carrière de comédien par Daniel Mesguich, Brigitte Jaques, Jean-Luc Terrade, Dominique Pitoiset et Jean-Louis Thamin.

 

La compagnie Anamorphose :


Créée en 1994, la compagnie Anamorphose est accueillie en résidence au Centre Dramatique National de Bordeaux (TNBA), de 1998 à 2001. Elle sort des théâtres pour tourner dans les communes grâce à un théâtre itinérant, manège en bois avec des gradins de toutes parts. Ainsi équipé, le groupe peut jouer dans les gymnases, sur les places des communes, et dans les salles des fêtes. Les membres de la compagnie défendent un théâtre populaire au travers de différents compagnonnages, en mêlant création amateurs et programmation professionnelle.

La compagnie s'intéresse également au théâtre d’objet, un théâtre qui laisse libre cours à l’imagination, mêlant le fantasque, le ludique et le poétique. De cette façon tout objet ou corps porte un texte à la compréhension de tous, sans limite d’âge, tout en s'adaptant à la rue et à la scène. Ainsi la volonté est de questionner et d’ouvrir la vision du monde, en parcourant des chemins qui mènent à soi et les prolongeant pour accueillir l’autre. (source : http://groupe-anamorphose.com/anam/).

 

L'histoire :

Cette comédie en 5 actes présente les conquêtes du libertin, qui délaisse les femmes après les avoir séduites, et de son valet Sganarelle, des frasques qui conduisent l'infidèle à la mort.

 

La représentation :

 

laurent-rogero-dom-juan.jpg

(© DDM, Bernard Telsa)

 

Un cube rouge, un masque rouge, de la glaise, un acteur, voilà ce qu'est le Don Juan de Laurent Rogero. Présentement, voilà une scénographie épurée, une scène donc, composée de ce cube rouge et de quatre boules de glaise disposées autour. Dès le début, nous remarquons l'importance de la couleur rouge, présente dans le masque, le cube ainsi que le tee-shirt de l'acteur.

Sganarelle prend vie lorsque le comédien enfile le masque, tandis que le visage de Don Juan prend forme dans le comédien lui-même, à travers le visage nu de L. Rogero. Le masque de Sganarelle rappelle les masques de la comedia dell'arte. Les autres personnages prennent vie dans la glaise que l'acteur sculpte devant nous. Laurent Rogero se sert parfois de ses vêtements ou d'une partie de son corps pour donner de l'épaisseur aux personnages de glaise.

 

Ce qui transparaît dans le choix de mise en scène, et d'un point de vue dramaturgique, c'est l'importance du personnage de Don Juan et son influence sur les autres dans la pièce. Le fait d'avoir donné au personnage éponyme le visage nu, laisse une trace de Don Juan dans tous les autres personnages. L'utilisation des marionnettes donne un effet de manipulation omniprésente de Dom Juan, mettant en exergue la dualité Sganarelle/Dom Juan. En effet, le fait d'incarner lui-même les deux personnages crée une tension avec, d'un côté, un homme nihiliste, sûr de lui et rationaliste et, de l'autre, un fervent croyant, soumis à son maître. L'utilisation du masque sert beaucoup cette intention.

 

op.jpg

(© Jean-Claude Faure)

 

Quelques liens :

 

Le site de la Compagnie Anamorphose : http://groupe-anamorphose.com/anam/

 

Un extrait vidéo du spectacle réalisé par la Compagnie : 


 

 

 

 

Pour aller plus loin :

 

Comment Laurent Rogero présente-t-il / re-présente-t-il / performe-t-il avec le texte de Molière ?

Comment les marionnettes s'intègrent-elles dans la dramaturgie et dans le spectaculaire ?

 

 

 

Article réalisé par Alice Canet, Emma Dupin et Vivien Thomas.

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 12:33

 

Spectacle présenté du 20 au 22 mars 2012 au TNBA


 

1414.jpgGermaine Acogny dans Songook Yaakaar

© Michel Cavalca

 

 

« L’auteur-danseuse »


Germaine Acogny est une danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise considérée par ses pairs comme la « mère de la danse africaine contemporaine ».

Elle est née au Bénin en 1944. Bercée depuis sa plus tendre enfance, par la gestuelle de sa grand-mère, elle se passionne pour la danse et crée son premier studio à Dakar en 1968. Puis de 1977 à 1982 elle est nommée Directrice Artistique de Mudra Afrique, une école créée par Maurice Béjart et Léopold Sédar Songhor. Grandie par l’expérience acquise au fil des années, elle met progressivement en place sa propre technique de danse africaine moderne. En 1997, Germaine Acogny se voit confier le poste de Directrice Artistique de la section danse d’Afrique en création à Paris. Afin d’initier des danseurs de toute l’Afrique à la danse africaine contemporaine, elle crée au Sénégal, avec l’aide de son mari, l’Ecole des Sables, Centre international de danses traditionnelles et contemporaines d’Afrique. Germaine Acogny rencontre aujourd‘hui un succès planétaire et se constitue en réel émissaire de la danse de la culture africaine.

A noter qu’à cette reconnaissance s’ajoutent de nombreuses distinctions telles que Chevalier de l’Ordre du Mérite, Officier des Arts et des Lettres ou encore un BESSIE Award pour la chorégraphie de la pièce Fagaala en 2007.

 

Songook Yaakaar


« Songook Yaakaar » ou « Affronter l’Espoir » en langue wolof, est un solo très engagé de Germaine Acogny dans lequel sont  traités d’un ton drôle et léger des sujets de fond sérieux comme la mondialisation ou encore l’immigration clandestine. Alliant ses racines africaines à la modernité, la chorégraphe réalise un subtil et harmonieux mélange de danse, de mots, de musiques et de vidéos. Germaine Acogny a fait appel à des professionnels d’horizons différents pour produire son spectacle. Ainsi, dans un esprit de dialogue et de collaboration, Bernard Mousnier (texte), Pierre Doussaint (Chorégraphie), Fabrice Bouillon (Musique), Frederic Koening, Angélique Diedhor et Horst Mulberger (création vidéos, costumes et lumières), par leur hétérogénéité et leur grande complicité artistique ont permis « à la mère de la danse contemporaine africaine » de réaliser un spectacle des plus aboutis. Germaine Acogny, à travers ses pas de danse mûrs et réfléchis, nourris de 35 années d’expérience, cherche à répliquer aux médisants sur l’Afrique. Pour cela, elle utilise la « parenté à plaisanterie », une coutume africaine courante qui consiste à se moquer de soi sans épargner les autres. A noter que, pour la première fois, elle prend la parole, persuadée que le moment est venu de poser des mots sur ses pas de danse.

Lorsque Songook Yaakaar débute, la danseuse se situe dans le public. Elle intègre alors le spectateur dans la pièce en brisant le « quatrième mur ». Sur la scène, ne sont présents que peu d’éléments très simples. En effet, on retrouve une table et une chaise qui pourraient, dans l’absolu, donner l’impression au public d’assister à une conférence. Cependant en renversant ces dernières, Germaine Acogny tient à nous faire comprendre qu’elle ne les supporte plus, les assimilant à une entrave à la liberté de mouvements et de gestuelle. Puis, « la mère de la danse contemporaine africaine », en réalisant une succession de pas, ouvre l’espace, le libère de toutes contraintes et élargit ainsi la scène. A noter qu’en plus du mobilier, se trouve sur le plancher un bol d’eau, symbole culturel de son Afrique natale. A son bras, Germaine Acogny tient un panier dans lequel repose son micro et une casquette qu’elle revêtira dans son show  lorsqu’elle répètera « mondialisation ». Le spectacle est animé par des musiques actuelles au rythme des percussions et des vidéos, indices de  modernité, représentant  la culture africaine par les danses traditionnelles et autres coutumes du berceau de l’humanité et dans lesquelles elle parvient parfois à s’immiscer. Ces nombreuses références témoignent de son attachement à sa terre natale. Et lorsqu’on lui dit : «On est bien ici… », elle rétorque : « oui mais on est aussi bien là-bas ». Malgré tout, lors de traversées de scènes, les pas lourds qu’elle semble exécuter avec difficultétendent à imager l’âpreté de la vie en Afrique. De manière itérative, Germaine Acogny lance « Je suis de passage », insistant ainsi sur le caractère éphémère de sa présence sur scène et sur Terre. Cela pourrait, à l’instant où l’on découvre la signification du nom « Acogny », former une douce et fine antithèse. En effet, la chorégraphe nous apprend que son patronyme signifie « le clan ne doit jamais disparaître ».

Enfin, en ce qui concerne l’éclairage, les jeux de lumières, en nuançant les différentes scènes, sortent le spectacle d’une monotonie et d’une linéarité qui pourraient l’affecter et jouent ainsi un rôle prédominant. Les costumes, quant à eux, restent très simples (justaucorps, tenue noire ou encore robe africaine rappelant ses origines…).

Hypothétique symbole de l’espoir, les pétales de fleurs parachèvent la performance de Germaine Acogny.

 

 

1413.jpg Germaine Acogny

© Manon Milley

 

Pour aller plus loin :


Comment la danse et la mise en scène portent-elle les convictions politiques de Germaine Acogny ?

Comment le spectateur est-il invité / devient-il le relais de ces convictions politiques ?


Quelques liens internet intéressants


Un article de Youssouf Chinois : http://www.au-senegal.com/Songook-Yaakaar-Germaine-Acogny,3160.html


Des extraits du spectacle : http://www.youtube.com/watch?v=tnpC7Joxcp4

 


 

 

 

Article réalisé par Aurore LARGEAU, Marie GOURGUES et Justine FRAUD.

 

 

 

 

 

 

 

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  • : Le blog du krinomen
  • : Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
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