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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Article pour le krinomen - Le théâtre jeune public

 

Le Jeudi 2 Avril à 13h30 débutera le Krinomen porté sur le théâtre dit « jeune public ». Nous accueillerons exceptionnellement lors de ce Krinomen Adeline Détée qui sera pour nous la porte-parole de la Compagnie du Réfectoire dont elle fait partie.

 

Nous aborderons des questions importantes et liés à l’actualité théâtrale autour de cette thématique du « théâtre jeune public ». Par exemple, quelle est la place des jeunes dans les salles françaises aujourd’hui ? Pourquoi le théâtre à destination de la jeunesse séduit de plus en plus ? Pourquoi est-il au cœur des conflits de programmations ? Mais aussi plus généralement et tout simplement, comment se traduit concrètement le théâtre jeune public aujourd’hui ?

 

Pour mieux appréhender ce Krinomen, éclaircissons d’ores et déjà nos connaissances, et nos lanternes… Nous répondrons à ces questions tout au long du débat grâce à Adeline Détée qui aiguisera notre avis et notre compréhension.

 

 

Adeline Détée, née en 1979, se dirige au début vers une école d’art dramatique au sein de l’EMAD du Tarn. Plus tard elle rejoint le Théâtre du Père Ubu avec lequel elle fera une création internationale, alliant la France, l’Espagne et le Portugal. Elle s’oriente naturellement depuis quelques années vers le théâtre contemporain jeune public, et plus précisément la danse et le corps dansant, grâce à la Compagnie du Réfectoire sous la direction de Patrick Ellouz. Son autre domaine de prédilection : l’écriture. Toujours en quête de découvrir de nouvelles façons de travail et d’apprentissage notamment dans l’aspect dramaturgique, elle participe au festival La Mousson d’été avec par exemple Jean-Marie Piemme et Joseph Danan. Plus théoriquement, elle anime et dirige des conférences sur l’écriture contemporaine pour le jeune public auprès de l’Education Nationale. Elle anime également des stages de recherche théâtrale qui visent spécifiquement les adolescents.

On note aussi ses collaborations et ses formations avec Tapa Sudana, Anna Sanchez ou encore Rod Goodhall avec la compagnie internationale Footsbarn Travelling Theater.

 

La Compagnie du Réfectoire est basée à Bordeaux et se déplace dans les communes aux alentours de la métropole. Cependant, cela ne l’empêche pas de voyager partout dans la région Aquitaine : en Gironde, en Dordogne, dans le Lot-et-Garonne ou dans les Pyrénées-Atlantiques par exemple. La Compagnie du Réfectoire est spécialisée, et ce depuis 12 ans maintenant, dans le théâtre contemporain à destination du jeune public.

 

Travaillant notamment autour de l’écriture et la littérature, la compagnie passe régulièrement des commandes de textes auprès d’auteurs toujours différents, autant dans la personnalité que dans le style d’écriture ou dans la forme de celle-ci. On compte alors à ce jour plusieurs collaborations avec : Françoise Du Chaxel, Bernard Friot, Stéphane Jaubertie, Joël Jouanneau, Mike Kenny, Suzanne Lebeau, Sylvain Levey, Fabrice Melquiot, Jean-Marie Piemme, Françoise Pillet, Dominique Richard et Karin Serres. Les textes sont d’ailleurs publiés Editions Théâtrales Jeunesse ou aux Editions Milan.

 

L’un des buts majeurs de la Compagnie du Réfectoire est l’éducation. Une éducation théâtrale à travers des stages et des accompagnements destinés aux enfants et aux adolescents qui sont pensés par la compagnie aussi bien comme acteurs que comme spectateurs. Grace aux nombreux partenaires de créations, le théâtre est vu comme un outil pédagogique. D’ailleurs, la compagnie organise fréquemment des conférences pédagogiques avec des enseignants et des bibliothécaires centrées sur la lecture du théâtre contemporain pour un jeune public.

 

 

Si j’étais grand est l’un des projets ambitieux et innovant de la Compagnie du Réfectoire. Débuté en 2007, il en est aujourd’hui à sa 6éme édition. C’est un projet à destination des jeunes en collaboration avec les auteurs. L’alliance parfaite des deux pôles de la Compagnie du Réfectoire. Si j’étais grand c’est d’abord une commande de textes à destination des enfants et adolescents acteurs/spectateurs sur le thème des rêves et des utopies des jeunes d’aujourd’hui. Puis un temps de création sous forme de groupes de jeunes comédiens, amateurs ou non. Pour finalement un temps de représentation dans les lieux partenaires ou dans des festivals.

 

C’est un projet autant stimulant pour les jeunes que pour les auteurs puisqu’il amène à des questionnements directs et concrets sur leur travail, la façon dont ils écrivent, dont ils construisent leurs récits mais aussi plus loin sur la question de la représentation théâtrale. Qu’est-ce qui change lorsque l’acteur est un enfant ou un adolescent ? Qu’est-ce qui change aussi lorsque le spectateur est un « jeune public » ? La création et la mise en scène par les groupes de jeunes, et assistée par la compagnie, est appréhendée d’une façon professionnelle, au sein d’une programmation et avec plusieurs dates de représentations. Pour la compagnie, l’idée de l’enseignement est loin derrière elle. Le projet vise plutôt à l’accompagnement, à la découverte, à l’expression et à la liberté : à la création.

 

Le but du projet Si j’étais grand c’est donc la création directe avec la sensibilité des jeunes comédiens, des jeunes spectateurs, des jeunes au théâtre pour un jeu qui se veut vrai à travers des textes tout aussi vrais. C’est une autre clef pour comprendre ce qu’est le théâtre jeune public.

 

 

Petit point sur le théâtre jeune public en Franc

 

Le changement subtil du théâtre pour enfant vers un théâtre jeune public dans les années 60 signe la création d’un nouveau « secteur » dans le spectacle vivant, dans le théâtre. Mais le « jeune public » reste vague, aucune description ne peut être faites quant aux qualités et aux défauts de ce champ artistique. Si bien que c’est le seul domaine théâtral qui porte le nom du public auquel il s’adresse, et non pas ce qu’il est.

 

Le théâtre jeune public aujourd’hui en France peut se définir par sa forme, c’est-à-dire sa politique culturelle. Et justement, le théâtre jeune public n’a pas de politique culturelle précise. Car en France, ce champs « jeune public » ne s’inscrit non pas au ministère de la Culture mais au ministère de l’Education et/ou de la Jeunesse. On ne trouve d’ailleurs au ministère de la Culture aucun référent sur le « jeune public » (et donc encore moins sur le théâtre jeune public). Le théâtre jeune public n’est tout simplement pas abordé au ministère de la Culture, cependant il est « chuchoté » au ministère de l’Education.

 

Il existe donc des dispositifs, voir des projets, mais pas de véritable politique culturelle au niveau étatique puisque la question du jeune public semble trop précise, ou peut-être trop petite, face à des politiques culturelles autour de grand domaines artistiques comme la musique, la danse ou le chant. C’est au niveau des collectivités territoriales que l’on devine les politiques culturelles. On voit par exemple depuis quelques années un impact des compagnies théâtrales sur les collectivités territoriales dans la mise en place d’un théâtre jeune public. Même si la politique culturelle des collectivités territoriales est sous forme de projets et de dispositifs, le théâtre jeune public est plus concret car il engage des acteurs de terrain, des compagnies, des intervenants, … etc.

 

On peut prendre pour exemple de la Scène Conventionnée Jeune Public Très Tôt Théâtre à Quimper, qui créé sa propre politique culturelle en lien avec les acteurs culturels et politiques locaux. L’ambition ici ce n’est pas que la diffusion mais aussi la formation, la réflexion sur la création, la transmission, l’accompagnement, … etc.

 

La diffusion d’ailleurs (du théâtre jeune public) est en émergence grâce à des lieux ancrés localement, éphémères ou non, dédiés à la création jeune public comme les lieux labellisés, les temps forts, les ateliers ou les festivals. On constate en effet que depuis une quinzaine d’années c’est localement que les projets « jeune public » sont les mieux/plus accompagnés (festival Prom’nons nous, Le tout petit festival, … etc.) Notamment aussi grâce aux auteurs et aux metteurs en scène qui s’intéressent de plus en plus à l’écriture « jeune public » et qui font donc le lien entre des grandes institutions (littéraires) et les productions « jeune public ». Pour beaucoup de grandes collectivités et agglomérations, le jeune public représente le public de demain. Et c’est donc très récemment que le théâtre jeune public s’inscrit dans les métropoles : la ville de Reims, la ville de Nantes et la ville de Dijon, envisagent ou ont déjà un pôle jeune public. Ce champ du jeune public dans ces grandes villes représente un socle solide pour le développement des acteurs et plus précisément des compagnies spécialisées. Ce ne sont bien sûr pas encore de vraies politiques culturelles en faveur du jeune public mais ces acteurs culturels, ces propositions et ces projets sont les étapes vers la construction d’une véritable politique culturelle de l’Etat du jeune public. On note aussi l’importance du milieu scolaire dans l’élaboration d’une culturelle théâtrale jeune public et plus loin, d’une politique culturelle globalisée.

 

On constate plus généralement en France :

 

  • Que la diffusion du théâtre jeune public se fait majoritairement localement dans des petits lieux et avec peu de moyens.
  • Que les politiques culturelles se créées avec la présence d’acteurs culturels, de compagnies, de structures, …
  • Que l’accessibilité au théâtre à destination du jeune public est permis par les représentations dans les milieux scolaires (2/3 des représentations sont sur le temps scolaire).
  •  

Finalement, dans un contexte économique, culturel et social difficile, le jeune public semble disposer de nombreux atouts à tous les niveaux pour créer un vraie politique culturelle durable en France. A la vue de son développement on peut se demander quels sont ses enjeux ? Quel est donc l’avenir du théâtre jeune public ?

 

 

 

Pour aller plus loin et pour être acteur de ce Krinomen, nous vous conseillons de consulter le site de la Compagnie du Réfectoire afin de voir leurs spectacles et leur esprit, ici : http://www.compagnie-du-refectoire.com . Mais également le livret de présentation de la compagnie, ici : http://fr.calameo.com/read/002537843e3f13944d508 .

 

Bibliographie/Sitographie :

 

  • Livret de présentation/programmation de la Compagnie du Réfectoire (lien en-haut).
  • Site officiel de la Compagnie du Réfectoire (lien en-haut).
  • Entretien avec Adeline Détée (30/03/2015).
  • Pour un débat national sur l’avenir du spectacle vivant, compte-rendu de mission du gouvernement, Avril 2004.
  • Photographie d’une dynamique fragile, étude du gouvernement, Mai 2009.
  • Quels enjeux pour la création jeune public, compte-rendu de rencontre, Février 2011.

Pour aller (encore) plus loin :

  • Une nouvelle façon de penser le public : le théâtre jeune public, Joanna Biehler.
  • Le théâtre jeune public, Nicolas Faure.
  • La Scène, le jeune public à l’affiche.
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