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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Article pour le krinomen - En attendant Godot, Samuel Beckett / Jean-Pierre Vincent

© Raphaël Arnaud

© Raphaël Arnaud

 

En attendant Godot, Samuel Beckett /Jean-Pierre Vincent.

 

Spectacle présenté au TnBA du 03 au 07 novembre 2015

Article rédigé par : Pauline Millet, Claire Pineau et Jason Cauvin

 

 

INTRODUCTION

 

Le metteur en scène : Jean-Pierre Vincent

Comédien et metteur en scène né à Paris en 1942, Jean-Pierre Vincent fait ses études au lycée Louis-le-Grand où il rencontre en 1958 Michel Bataillon, Jérôme Deschamps et Patrice Chéreau en participant au groupe théâtral de son lycée. Il s’intéresse très vite à la mise en scène et suit Patrice Chéreau jusqu'au Théâtre de Sartrouville. En 1968, Jean-Pierre Vincent commence à travailler avec le dramaturge Jean Jourdheuil. Ensemble, ils montent plusieurs pièces dont La Noce chez les petits bourgeois, Le Marquis de Montefosco. De 1975 à 1983, il occupe les fonctions de directeur au Théâtre National de Strasbourg. Il devient ensuite Administrateur Général de la Comédie-Française jusqu'en 1986. La même année il décide de quitter ses fonctions pour se consacrer davantage sur ses projets de mise en scène et sur son rôle d'enseignant au Conservatoire National Supérieur d'art dramatique de Paris. En 1990, Jean-Pierre Vincent succède à son ami Patrice Chéreau et devient directeur du Théâtre de Nanterre-Amandiers. En 2001, il fonde la compagnie Studio Libre. Il est également membre des conseils d'administration du Théâtre de l'Odéon, du Festival d'Avignon et du Jeune Théâtre National.

Aujourd'hui nous retrouvons Jean-Pierre Vincent avec son adaptation de En attendant Godot, de Samuel Beckett.

 

L'auteur : Samuel Beckett

Samuel Beckett est né le 13 Avril 1906 dans la banlieue de Dublin en Irlande. Il passe la Seconde Guerre mondiale en France où il fait partie de la Résistance. Après la guerre, il s'installe définitivement en France où il écrit en français ses premiers romans. Ses débuts sont difficiles, personne ne veut publier son premier roman Murphy. Ses trois prochains romans Molloy (1951), Malone meurt (id.) et l'Innommable (1953) seront publiés aux Éditions de Minuit.

C'est grâce à son théâtre qu'il rencontre le succès, notamment avec sa pièce En attendant Godot qui restera la plus célèbre. Son travail est récompensé d'un prix Nobel en 1969, mais refusant d'être filmé ou interviewé, il ne va pas chercher son prix lui-même.

Sa vie s'achève le 22 décembre 1989 à Paris.

 

 

I. LE SPECTACLE

 

1 ) L'histoire

Vladimir et Estragon, deux vagabonds attendent sur une route de campagne, au pied d'un arbre nu. Ils ont rendez-vous avec un dénommé Godot, qui ne vient pas, repoussant toujours l'entrevue au jour suivant.

La première journée, les deux compagnons s'occupent comme ils peuvent, il comble le vide et le silence. Ils attendent Godot, espérant qu'il apportera une réponse à leurs attentes. Ils doutent. Viendra-t-il vraiment ? Sont-ils au bon endroit ?

Ils font la rencontre de deux étranges personnages, Pozzo et Lucky, le premier tenant le deuxième en laisse au bout d'une corde accrochée à son cou. On comprend tout de suite qu'il s'agit d'un maître et de son esclave. Pozzo, le maître tyrannique explique qu'il est le propriétaire des lieux et qu'il se rend en ville pour changer de domestique. Ils passent une partie de la journée tous ensemble. Après le départ de Pozzo et Lucky, Estragon et Vladimir se retrouvent à nouveau seuls, jusqu'à la tombée de la nuit. Un jeune homme, apparaît pour leur dire que Godot ne viendra pas, le rendez-vous est repoussé au lendemain au même endroit.

La deuxième journée commence comme la première. Quelques changements sont pourtant perceptibles, l'arbre a quelques feuilles. Estragon semble ne plus se souvenir de ce qui s'est passé la veille. Entre deux tentatives de remémoration, Pozzo et Lucky font à nouveau leur entrée sur scène. Le premier est devenu aveugle pendant la nuit, et n'a lui non plus aucun souvenir de la veille. Le second est devenu muet. La journée fini comme la précédente, Pozzo et Lucky partent, la nuit tombe, et le jeune homme revient pour prévenir les deux compagnons que Godot reporte au lendemain son rendez-vous.

 

2 ) La scénographie

La scénographie est la même à un élément près pour les deux actes.

Le fond de scène est recouvert d'un tulle peint aux couleurs du ciel avec des projections représentant le soleil ou la lune, selon le moment de la journée. Au centre, une route de sable, quelques cailloux. Un rocher à jardin et un arbre nu au milieu. A l'avant-scène, un espace neutre, une sorte de frontière entre la scène et le public.

Au deuxième acte, la composition est identique. Seul l'arbre compte quelques feuilles en plus.

 

3 ) L'adaptation

Dans En attendant Godot, les didascalies sont nombreuses. Tout y est indiqué ou presque : décor, environnement sonore, déplacements des comédiens, gestes, regards, intentions, silences etc. Sachant que Beckett a imposé le respect total de l’œuvre, didascalies comprises, cela ne laisse pas beaucoup de possibilités pour des adaptations.

Concernant l'obligation de respecter les didascalies, Jean-Pierre Vincent répond : « Les didascalies font partie intégrante de ce texte. La mise en scène est écrite en même temps que le texte parlé. Négliger cette vérité, ce serait un peu comme modifier le texte de Platon pour faire plus moderne. »

Jean Pierre Vincent s'est longtemps questionné sur la mise en scène de En attendant Godot : « Pendant longtemps je me suis ennuyé poliment à la lecture et en voyant les pièces de Godot, me demandant quelle était sa mise en scène à lui (Beckett)... Or c'était la plus comique ».

Jean-Pierre Vincent a voulu être le plus fidèle possible au texte de Beckett, en suivant strictement les indications de mise en scène de l'auteur. En explorant toute la dimension comique du texte, profitant des longs silences pour les remplir de gestuels et de mimiques clownesques, Jean-Pierre Vincent à prit le parti d'accentuer l’humour déjà présent dans le texte en s'inspirant du burlesque de Buster Keaton, de Charlie Chaplin ou encore de Laurel et Hardy. D'ailleurs les deux protagonistes leur ressemblent beaucoup avec "Estragon, petit homme à la démarche chaloupée, et Vladimir, grand et fort, en sont bien les frères jumeaux".

 

 

II. EN ATTENDANT GODOT, THEATRE DE L'ABSURDE ?

 

1) L'absurde

Le terme de théâtre de l'absurde est apparu dans les années 1960 et utilisé pour classer les œuvres de certains auteurs dramatiques des années 1950 qui rompaient avec le théâtre traditionnel. Il désigne entre autres le théâtre de Beckett. On pourrait entendre par absurde, un théâtre dépourvu de sens et qui ne propose aucune intrigue. Effectivement, le genre de l’absurde tend à éliminer toute logique dans une intrigue, néanmoins il transporte avec lui une intention plus complexe, celle de de mettre en lumière la difficile communication entre les hommes. Le théâtre de l’absurde utilise le langage de façon à le rendre parfois purement ludique, il est déstructuré, sont alors exposées des situations qui paraissent totalement dénuées de sens, parfois incompréhensibles, avec des personnages perdus, face à eux-mêmes et à leur misère existentielle. Le théâtre de l’absurde propose une approche presque psychologique. Dans En attendant Godot, le dialogue est difficile, il est fastidieux de se comprendre. Vladimir et Estragon se parlent mais le plus souvent, ils semblent ne pas parler de la même chose. L'absurdité du langage met en évidence la difficulté des deux personnages à communiquer, à mettre du sens sur l'existence.

L'absurdité de En attendant Godot se manifeste aussi par l'incertitude ambiante. Nous sommes face à une non-histoire, pleine de petites séquences, de petites interventions qui n’ont en apparence aucun rapport les unes avec les autres. Elles contribuent à faire passer le temps, cependant, rien ne se passe. Nous avons au départ une situation simple : attendre Godot. Les heures passent et personne ne vient. La situation devient absurde, qui est Godot ? Personne ne le sait et pourtant ils sont là, à l’attendre, nous ne savons rien de lui, les personnages pas plus que le public. Nous ne savons pas à quoi ressemble cet homme, ce pourquoi il est censé venir et ce qu’il va apporter, et pourtant nous attendons. L'incertitude autour du passé et du futur rende le présent de la scène encore plus opaque. L'absurde est présent dans les situations et au sein même du langage. Doit-on pour autant ranger la pièce dans la catégorie du théâtre de l’absurde ? Jean-Pierre Vincent refuse cette appellation. Dans sa note d'intention, il écrit : « Ce n’est pas du théâtre de l’Absurde, idiote invention ! C’est l’affirmation fragile d’une résistance dans la débâcle. Évidemment, cette tragédie n’est pas morose ! L’héritage clairement avoué des burlesques américains traverse l’histoire de bout en bout : Keaton, Chaplin, Laurel & Hardy… La force comique de Beckett nous évite de visiter son œuvre comme un musée qui prend la poussière. »

 

2) L'attente

L'attente est évidemment au cœur du spectacle. Nous pouvons nous interroger sur cette attente. L’avons-nous vécue en regardant le spectacle ? Si oui comment l’avons-nous vécue ? Dans notre société actuelle, l’attente n’est plus vécue de la même façon. A notre époque nous avons toute une technologie nouvelle à nos côtés, elle fait passer le temps. Lorsque nous regardons tous ces gens qui attendent, que ce soit un bus, dans une salle d’attente, sur un passage piéton, dans la file d’une boulangerie pour acheter son pain, ces gens qui attendent d’accéder au distributeur automatique, à la caisse des supermarchés chacun est embarqué dans sa technologie. Nous ne sommes plus habitués à attendre sans rien faire, ou à la limite en lisant un livre ou un magasine, la technologie a pris le dessus. Par conséquent se retrouver dans une salle de spectacle, sans notre portable car il est interdit, à attendre on ne sait qui, on ne sait pourquoi, ce Godot qui pour finir ne vient pas, nous sommes retenus dans notre siège, en attendant avec ces personnages que l’on regarde sur le plateau. Certains choisissent de partir, l’attente est pour eux insupportable, d’autres restent, parfois par intérêt pour l’œuvre, ou par convention, néanmoins le bilan est très partagé. Nous pouvons alors poser la question de l’expérience de cette attente, de l'état de corps provoqué par cette attente. 

 

 

III. LE SENS

 

1) Le personnage de Godot

Qui est Godot ? Ce personnage majeur ( au point de donner son nom au titre de la pièce ) n'est jamais montré ni expliqué concrètement. Les éléments le décrivant sont presque absents. Nous savons uniquement qu'il est la solution aux problèmes de nos protagonistes. Beaucoup de personnes se sont donc focalisées sur ce personnage afin de le découvrir et de comprendre ce qu'il représente. Cependant, à la surprise de tous, lorsque Beckett fut interrogé sur ce personnage, il répondit : "Je n'en sais rien ! Si je le savais je l'aurais dit". D'ailleurs il expliqua aussi que le nom Godot viendrait des termes argots "godillot" et "godasse". Ceci montre donc que selon l'auteur, Godot ne représente rien de concret. C'est donc au spectateur de se faire sa propre idée sur ce personnage mystérieux.

Certaines personnes ont aussi fait le lien avec une œuvre de Balzac nommé le Faiseur où les personnages attendent un certain monsieur Godeau pour les sauver de la ruine. Cependant, selon Beckett, il ne s'agirait que d'une coïncidence. 

Se toutes les interprétations de ce personnage, la plus connue reste celle de Dieu. En effet Godot pourrait très bien être un dérivé du mot God qui en anglais signifie Dieu. Cette interprétation s'appuie entre autre sur le miracle de l'acte deux, l'arbre mort a soudainement fleuri. On pourrait en déduire que Godot est passé à ce moment là, que Dieu est passé pour faire fleurir cet arbre. De plus la description de l'enfant à la fin de la pièce expliquant que Godot porte une barbe semble correspondre avec l'imagé d'Épinal que l'on se fait de Dieu, soit un vieillard barbu. 

 

2 ) Du tragique à l'espoir

En attendant Godot est une pièce qui a été écrite en 1948 et publiée en 1952. C'est donc dans un contexte sombre, marqué de la Seconde Guerre mondiale que cette pièce s'installe. Car même si l'histoire de la pièce ne se déroule à aucune époque précise, on peut lire certains passages comme des références directes à la Seconde Guerre mondiale et à l’Holocauste. Par exemple, les deux protagonistes vagabonds sont comme les nombreuses personnes forcées par la guerre à errer sans maison. Ils n'ont rien, pas de droits, de famille, de vêtements propres, ni de mémoire.

En attendant Godot a une dimension tragique (au sens de malheureux, ce n’est pas une tragédie). C'est une pièce pessimiste, comme une réponse à la situation tragique de l'homme à la sortie de la guerre. Une humanité en pleine déliquescence qui s'est perdue en s'illustrant par la barbarie.

Vladimir et Estragon n'ont rien à dire à dire. Ils parlent de tout et de n’importe quoi pour faire passer le temps, pour combler le silence, pour se sentir exister, tout simplement. C'est pour manifester leur existence et leur humanité qu'ils parlent. Ils discutent pour se rassurer mutuellement, pour repousser l’angoisse. Ils tentent de rire et de se faire rire quand il ne reste qu'à pleurer. Ils ne souhaitent qu’une seule chose, trouver tout deux un sens à cette attente, un sens à cette errance qui n’en finit pas. Vladimir et Estragon convoquent l’espoir, l’espoir de jours meilleurs.

La pièce nous présente deux personnages, figures dérisoires de l'humanité qui au lieu d'agir pour résoudre leurs problèmes, se contentent durant tout le spectacle d'attendre la venue d'un être miraculeux censé résoudre tous leurs soucis. Il serait donc possible de voir en eux la représentation d'une humanité qui préfère attendre un miracle salvateur au lieu d'agir par elle-même pour régler ses problèmes. Cette pièce est un exemple clair du désespoir humain et de la recherche d’une meilleure vie.

 

Selon Jean-Pierre Vincent ce serait le texte de Günther Anders, L'obsolescence de l'homme, et plus précisément un chapitre entier dédié à la pièce de Beckett, qui l'aurait poussé à monter en scène En attendant Godot.

Le texte de Günther Anders explique en effet que la pièce de Beckett ne montre pas le nihilisme de l'humanité mais justement son incapacité à l'être. Que quoi qu'il arrive, même s'il doit attendre des siècles, l'humain restera toujours là et fera face puisque "l'être humain est increvable" comme le dit Jean-Pierre Vincent. Il explique aussi que cette pièce est une parabole qui s'applique à notre monde actuel, où l'humain est toujours en attente. "Nous avons (en général) une activité mais en réalité, beaucoup d’entre nous ont le sentiment «d’être agi». Plus personne n’est maître de son action. «Rien à faire», ce sont les premiers mots de la pièce. Donc, on attend."

 

A travers cette attente infatigable, Jean-Pierre Vincent nous montre deux personnages qui ne perdent pas espoir, il nous propose des moments de grande douceur voire même de poésie. Qu'il s'agisse du moment où Vladimir met son manteau sur Estragon qui dort ou bien de leur besoin de rester ensemble quoi qu'il arrive même lorsqu'ils se disputent.

En tant que spectateurs, nous nous trouvons face à deux personnages nez à nez avec leur propre misère, leur routine, leur vie qui tourne en boucle, leur prison. Cependant, ces deux derniers ne se laissent pas abattre, bien au contraire, c’est par l’humour absurde des paroles, des actions, que ce vieux couple masque l’inquiétude par l’espoir, par la chaleur qu’ils se transmettent, par les petits bonheurs qu’ils s’apportent, ils sont là et ils sont là à deux.

Jean-Pierre Vincent nous montre un duo de vagabonds fort attachant. Un couple représentant une humanité qui malgré sa misère continue de vivre. Une humanité qui s'acharne et qui défie la solitude.

Jean-Pierre Vincent met en scène deux clochards, figures de l'humain du XXI ème siècle, qui malgré son immobilisme, son désespoir, son attente de jours meilleurs, reste "increvable" face aux malheurs qui lui tombent dessus.

Alors qu'un grand nombre de mises en scène exploraient le côté tragique et pessimiste de En attendant Godot,  Jean-Pierre Vincent invite sur scène l'humour et surtout l'espoir. "Godot porte un message d'espoir".

 

 

 

SOURCES :

- Sur Samuel Beckett

http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Samuel_Beckett/108121

http://www.samuel-beckett.net/ecrivain.html

 

- Sur Jean-Pierre Vincent

http://krinomen.over-blog.com/2015/11/article-pour-le-krinomen-rencontre-avec-jean-pierre-vincent.html

http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Jean-Pierre-Vincent/

VINCENT Jean-Pierre et DARZACQ Dominique, Le désordre des vivants, Éditions Les Solitaires Intempestifs, 2002, Paris

 

- Sur En attendant Godot

http://www.alalettre.com/beckett-oeuvres-godot.php

http://www.tnba.org/evenements/en-attendant-godot

https://fr.wikipedia.org/wiki/En_attendant_Godot

 

- Sur les différentes thématiques

http://jiheraim-cyberland.chez-alice.fr/2-ressourceslettres_explic/6-exp-godot.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/En_attendant_Godot

http://lestroiscoups.fr/en-attendant-godot-de-jean-pierre-vincent-les-celestins-a-lyon/

http://commentairecompose.fr/en-attendant-godot-resume/

http://cegepsherbrooke.qc.ca/~laplanan/jeteplumerai/samuelgagne/samuelgagneanalyse.html

https://attachment.fbsbx.com/file_download.php?id=913390795365557&eid=ASvlG02Mn1K-bnm-YJzGiIpQbDseQ-k_JSQ-ELZ2nWcDfj5gx9EvioqN6NzIbQStHFQ&inline=1&ext=1447598949&hash=AStOvUHQZWkuEmuS

http://www.dogma.lu/txt/TS_CR-Gunther-Anders.htm

https://attachment.fbsbx.com/file_download.php?id=1491495421157028&eid=ASuUuo5iJMqsuWkZvr6PhoSPdP7JRjgh1rr-4PiSAprxPUc_wwDBQu_38YFu66qAfzs&inline=1&ext=1447598945&hash=ASsWqTn1kFx5cKQZ

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