Compte-rendu de krinomen du 22 octobre 2015 sur le NoShow, Alexandre Fecteau
Article rédigé par Mathieu CUOMO et Émeline HERVÉ
Rappel rapide du spectacle
Scénographie :
- Les premiers éléments de scénographie que nous voyons sont ceux de l'extérieur une tente est plantée et il y a des barbecues où les comédiens vendent des hot-dogs.
- Sur scène, une table, sept chaises et sept micros sont sur le plateau. Il y a également dans le fond un écran blanc sur lequel de la projection interviendra, ainsi qu'une caméra présente dans les coulisses à jardin qui parfois projette en live ce qui se passe sur scène.
- Ce système de caméra interactive est également utilisé pour faire exister des espaces extérieurs à la salle de spectacle, ainsi il y en a une en loge et une qui suit les comédiens grévistes à l'extérieur du théâtre.
Déroulé du spectacle :
- Le spectateur est accueilli par les comédiens qui proposent une vente de hot-dogs et s'occupent de la billetterie. A l'entrée en salle, une assemblée générale semble débuter et après avoir expliqué pourquoi chacun fait du théâtre les acteurs débutent une bataille de marshmallows. La recette de la soirée est alors annoncée publiquement et n'étant pas suffisante pour payer tous les acteurs, une grève tournante est annoncée, ne seront en scène que les acteurs pouvant être payés. Le choix de ceux qui resteront en scène reviendra au public qui jugera quels comédiens il veut voir jouer.
- Le restant du spectacle consistera en une suite de numéros abordant différentes thématiques concernant l'exercice du métier d'acteur : la rémunération, la concurrence, la désillusion, la satisfaction…
- De courts intermèdes permettant de suivre le déroulé de la grève ponctuent le spectacle et une forte interaction entre scène et salle se construit car de façon régulière les comédiens apostrophent les spectateurs, leur demandent de participer, de se manifester. Certains des numéros sont même centrés sur le public.
Le Théâtre documentaire et le NoShow, spectacle didactique, informatif ou condamnatoire ?
Le genre du théâtre-documentaire peut se définir par son travail sur et à partir du réel, il prend d'ailleurs souvent le nom de « théâtre du réel ». Le paradoxe étant cette primauté du réel dans un théâtre qui par définition joue le jeu de l'illusion. Il s'appuie donc sur des sources variables : des témoignages, des documents et traces écrites, enregistrement vidéos ou audios… et intègre dans le spectacle ces éléments, pour assurer sa véridicité. Il ouvre un nouveau dialogue avec le public, dans une démarche pédagogique ou/et critique. Le théâtre documentaire a une visée réaliste et non naturaliste. Alexandre Fecteau, metteur en scène du NoShow explique qu'il souhaite faire passer un message au public et cela commence par lui faire se poser la question : combien est-il prêt à payer pour aller voir un spectacle ?
Il souhaite que le spectateur conscientise sa consommation théâtrale et qu'il la valorise. Comment faire pour juger de la valeur du spectacle savant de l'avoir vu ?
- Le prix est-il la seule valeur indicative de ce qu'il vaut ? On peut le voir comme une expérience, il s'agit d'essayer de sensibiliser les spectateurs aux conditions de travail des artistes du spectacle vivant. Cette tentative de faire passer un message fonctionne bien car ils arrivent par l'humour à faire déculpabiliser. Les spectateurs sont amenés à comprendre que ce n'est pas de l'argent jeté par les fenêtres, qu'il y a une raison à tel ou tel prix, ils expliquent ce à quoi servent ces prix.
- Il y a une prise de conscience du public, par l'explication de ce à quoi équivalent les prix proposés, ils parviennent à faire comprendre au public la différence et la variation des possibles entre un billet vendu à 11 euros et un à 19 (permet de payer un acteur en plus, de la technique, des éléments de scénographies). Pour appuyer cette valorisation, une comparaison est faite par les acteurs des prix proposés pour le billet du spectacle et d'autres activités dont les prix proposés sont identiques. Ainsi lorsque il nous ai dit qu'onze euros est égal au prix d'une place de cinéma en 3D mais sans pop-corn, le spectateur réalise qu'il est prêt à payer pour d'autre choses de la vie un tarif qui parait exagéré ou déplacé au théâtre.
- Est-ce que lorsque l'on va assister à une pièce de théâtre privé, le spectateur se pose la question de si on est prêt à mettre trente euros dans ces spectacles ? Il semblerait que moins un spectateur est habitué à aller au théâtre plus il a l'impression que c'est un jour spécial et donc par conséquent il a tendance à accepter de payer sa place de spectacle plus chère (le public de la patinoire Mériadeck est évoqué). A l'inverse plus ce spectateur a pour habitude de se rendre au théâtre plus il devient pour lui habituel de ne pas payer cher (système d’abonnements).
- Peut être nous est-il plus demandé de quantifier la valeur de notre désir de théâtre plus que la valeur du NoShow en particulier ? Jusqu'à combien tout un chacun est prêt à donner pour un spectacle que l'on ne connaît pas ?
- Concernant la culpabilité et la valeur qu'on souhaite attribuer au spectacle, (ou au désir de théâtre) le passage d'un chapeau dans la salle permet de réajuster, de recalibrer le prix si jamais après ces explications le spectateur sent qu'il n'a pas donné assez et souhaite palier à ce problème.
- Certains expriment leur désaccord avec ce qu'implique le prix libre, pour eux il ne s'agit pas seulement de juger l'envie d'aller au théâtre, certains peuvent avoir envie d'aller au théâtre et pourtant ne donner que 9 euros en estimant que c'est aux subventions de payer le reste. Ces personnes regrettent l'amalgame fait durant toute la durée du spectacle car les acteurs parlent uniquement d'évaluer son désir de théâtre. Si certains estiment que c'est au rôle des institutions d'accorder plus de subventions à la culture, pourquoi cela n'est pas du tout pris en compte par le spectacle. Ils ignorent complètement les subventions et c'est d'une certaine manière occulter un grand pan du système de tarification dans les théâtres.
- Peut-être que la question des subventions est en effet un problème occulté car il n'y avait pas de volonté de l'aborder dans le spectacle et non un réel oubli ? Il faut donc passer outre et seulement voir le fait que le spectateur a à payer sa part et donc questionner sa place. La question des subventions aurait sûrement été abordée si cela avait été une vraie assemblée générale mais ce contexte d'assemblée n'est en fait qu'un prétexte. Ceci est également appuyé par le fait qu'il n'y a pas le même contexte culturel au Canada, pays dans lequel il y a moins d'aides et de subventions publiques.
- En vérité la recette est fictive car les soustractions ne sont pas les bonnes, en tournée tous les artistes sont payés même les grévistes. En effet un spectacle est, dans ce type de structure (le Carré-Colonnes ndrl), acheté en amont, avant d'en savoir la recette. De plus il y a des frais particuliers concernant ce spectacle non pris en compte comme le défraiement entre le Québec et la France, le coup des logements, du catering…
- Ainsi, qu'il y ait trente ou cinq cent spectateurs il est bien évident que le spectacle a été acheté dans le cadre de leur tournée, ainsi tous les acteurs sont payés. Le fait de proposer de payer le prix que l'on veut relève plus d'une question idéologique et d'une envie de dérouler la logique et les questions qui interviennent une fois ce postulat énoncé.
Est-ce la place du théâtre de parler de la façon dont on fait du théâtre ? La fonction didactique a-t-elle une réelle portée ?
- Les spectateurs qui viennent voir le spectacle sont ceux qui vont, en tout cas en grande partie, de manière régulière au théâtre donc la portée idéologique parait moindre. Cependant, quand à la fin du spectacle l'un des acteurs va dans le public et demande à une personne en particulier de dire à une de ses connaissances d'aller plus souvent au théâtre et qu'il le font appeler cette connaissance, cela permet d'en parler autour de soi, de faire passer le message et ainsi la fonction de prise de conscience est présente.
- Mise à part ce point précis, si le spectacle s'adresse à ceux qui ne vont pas au théâtre, ceux-ci ont-ils pu être informés et comment ? Il est ici question d'une certaine manière de la futilité de la pièce qui se présente comme une pièce politique (dans le sens où elle vise un but) et ce but serait inatteignable ?
- Au contraire de ce vers quoi il admet viser le spectacle s'adresserait-il uniquement aux personnes qui connaissent le système, voir les artistes eux-même, et ainsi permettrait une sorte de contentement collectif à voir ce sujet être abordé ?
- Ces idées sont cependant atténuées par la présence de publics scolaires aux Colonnes de Blanquefort durant les trois soirs du NoShow, ce n'est pas forcément un public qui est habitué à aller au théâtre et c'est peut-être un public qui sera heureux de découvrir le théâtre de manière interactive plutôt qu'une traditionnelle découverte par des classiques français.
- Comment à l'intérieur de la proposition artistique y-a-t-il donc des espaces au questionnement ? Cela peut vite devenir ennuyeux, lorsque l'on est habitué à aller voir des spectacles et éclairé quant aux difficultés d'exercice du spectacle vivant, de se dire qu'il va encore être question de se faire faire la leçon par les artistes pendant deux heures mais plusieurs éléments dans le spectacle permettent de ne pas être dans une simple condamnation des spectateurs (rire, interaction…).
- Peut-être qu'au delà du but de toucher les spectateurs non théâtrophiles présents dans la salle il s'agit plutôt de permettre le message de diffusion qui est présent pour sur dans le spectacle. Et même pour un public qui va souvent au théâtre, il n'est pas pour autant obligatoirement au courant de la façon dont la création d'un spectacle fonctionne, ni au fait de la réalité d'exercice du métier d'acteur. Le spectacle souhaiterait permettre au public remettre en question sa connaissance du théâtre et ainsi de sensibiliser pour diffuser.
Comment se traduit cette volonté de sensibilisation ? Est-ce par la voie didactique ? Imposée ?
- Les comédiens utilisent la culpabilisation d'une certaine manière en présentant le titre de la partie qu'il comptaient aborder, en jouant la déception de ne pas pouvoir présenter cette partie là le soir-même car le public n'a pas donné assez et que les acteurs sont en grève. Ils jouent sur le « eh bah non, dommage ». Ainsi le but est d'amener le spectateur à se sentir concerné et responsable de la qualité du spectacle, des trous dans le montage.
- De la même manière les spectateurs se sont parfois sentis mal à l'aise lorsque l'explication de ce que l'on a payé est donnée par les acteurs. Ainsi, tous ceux ayant payé 0 euros ont coûté 50 centimes à la compagnie par l'édition du bracelet en papier consécutif à l'achat de la place. Ainsi, expliquer à un spectateur qu'il a fait perdre de l'argent à la compagnie est un dispositif qui au-delà d'interpeller ces spectateurs peuvent les faire se sentir inconfortables.
- Cependant cette prise à partie et cette sensibilisation passent également par des un côté plus interactif, ils demandent au public de se lever, il y a un côté ludique qui permet le rire, la dramaturgie est faite de manière à alterner passages sérieux potentiellement touchants et rires qui déculpabilisent. Dans tous les cas peut importe les acteurs en grève même si chacun à son propre rôle à jouer, il y a une combinaison mise en place de façon à ce que la trame ne soit ni complètement légère ni totalement pessimiste.
- Ils font tout de même comprendre lors de nombreuses interventions que le public est important, que sans eux ils ne seraient pas là, les grévistes veulent savoir à quel point les spectateurs les soutiennent. Ainsi le spectateur peut se sentir rassuré quand à sa place dans le spectacle et est « remercié », « récompensé » d'être venu.
- Il est bien précisé que les acteurs ont essayé de vivre en ne faisant que les heures qu'ils payaient , mais ils ont aussi conscience qu'il faut bien évidemment aller au-delà, accepter de ne pas être payé pour présenter quelque chose de construit, de viable, de satisfaisant. Dans cette troupe la plupart des comédiens ont un métier alimentaire à côté. Bien qu'ils aient fait 41 représentations, ce qui montre le succès du spectacle, certains acteurs ont dû partir, car ils ne peuvent laisser passer une occasion d'être employés dans des théâtres plus prestigieux ou des troupes plus rentables.
La part du réel et de la fiction, personnages ou témoignages ?
Dans certaines interviews Alexandre Fecteau explique qu'il a choisit ses acteurs en fonction non pas de leur jeu mais surtout des anecdotes qu'ils possédaient concernant leur expérience d'acteurs. Dans le spectacle spectacle à proprement parler, y-a-t-il une prise de risque chez ces acteurs qui parlent d'eux-mêmes tout en jouant ?
- Ce n'est pas vraiment une prise de risque du point de vue de la représentation puisque le spectacle est déjà acheté et écrit, que le comédien soit gréviste ou reste sur scène il sait ce qu'il va se passer mais en plus il est déjà payé.
- Il s'agit surtout d'une prise de risque créative et personnelle. En effet un des comédien a expliqué que lors de leur tournée en suisse (quatre dates) il n'a pas était choisi une seule fois par le public, ce qui l'a bien entendu amener a ce remettre en question.
- Il y a quand même une grande difficulté pour les comédiens grévistes, qui est de ne pas avoir de rapport direct avec la salle, les interventions sont diffusées en direct sur l'écran et les comédiens n'entendent pas les réactions, ils ne peuvent se fier qu'à eux même. Il s'agit peut-être d'une prise de risque du point de vu de l'égo.
Les comédiens ne jouent pas des personnages purement fictionnels, ils nous livrent des témoignages issus de leurs propres expériences. Ou s'arrête la réalité et où commence la fiction ? Ne peut on pas y voir un désir de modifier la notion de théâtre ?
- Dans le NoShow il est assez difficile de savoir ce qui est réel ou pas puisque le spectacle aborde le thème des conditions de vie des comédiens québécois et qu'il n'y a pas vraiment de personnage sur scène puisque ce sont des représentations des comédiens. Par le fait de montrer des personnes et non pas des personnages sur scène, certains y ont vu une tentative de proposer une nouvelle façon de jouer avec les codes méthathéâtraux.
- Cette volonté passe également par la scénographie et la construction du spectacle. En effet la scène est épurée, il y a seulement une table avec des chaises et des micros. Un diaporama en fond de scène indique le plan qui sera suivi. Tout cela semble nous indiquer que nous allions vraiment assister à une assemblée générale. Cela peut être vu comme une façon de briser les codes sans que pour autant le spectacle ne relève pas du théâtre.
- La forte interactivité avec les spectateurs également aussi semble nouvelle, le public influence le spectacle qui est différent chaque soir et dans le même temps de nombreuses situations sont écrites à l'avance. Certains déplorent une interactivité qui aurait pu être plus importante, moins jouée et ce, pour nous faire oublier qu'il s'agit du théâtre. Dans le rapport scène-salle, également, le spectateur était encore beaucoup dirigé par et vers les comédiens, le spectacle. Au fond cette interactivité désignée comme fer de lance d'un théâtre un peu différent n'est pas aboutie, poussée à son extrême.
- Après la prise de risque est relative, car le spectateur s'interroge toujours sur la notion de fiction, nous ne savons pas si celle qui dit être propriétaire l'est réellement (et a fortiori si elle a bien épousé un joueur de hockey pour y parvenir), le spectateur se questionne sans cesse sur la véracité de ce qu'on lui propose. Ainsi il n'a aucune idée de ce qui relève du témoignage ou de la fiction et ce flou protège en quelque sorte le comédien/personnage.
- Cette fiction se retrouve aussi dans la construction des histoires racontées par les comédiens (mise en situation, péripétie et chute) qui relèvent de la littérature et renvoient ainsi au théâtre dans un sens plus global de réalité romancée.
La part du public dans le NoShow : est-il réellement invité et participant ou regardant actif ?
La tension entre réalité et fable permet-elle au spectateur de mieux recevoir le spectacle ?
- Ce besoin de faire passer de la fiction pour du réel permet de traiter le sujet (ici les conditions de vie des comédiens) avec justesse. C'est peut-être la meilleure solution pour que le message réussisse à être transmis. Cela permet de faire ressentir diverses émotions aux spectateurs et de pouvoir, par ce procédé, le faire rentrer entièrement dans le spectacle (notamment en le faisant culpabiliser au début puis compatir et rire). Cela permet également une grande identification, même si cette notion est à interroger et relativiser puisque nous sommes étudiants en théâtre.
- Si une histoire nous est présentée comme réel cela peut nous toucher beaucoup plus qu'une fiction et cela est amplifié si le comédien explique que cela lui est réellement arrivé. C'est le cas au moment où l'une des comédiennes explique qu'elle a joué dans un spectacle pour un rassemblement de dentistes (le rôle d'une molaire) avec les comédiens qu'elle admiré et que quelques années après, pour la reprise un grand nombre de ses idoles avaient arrêté le métier et ont été oubliés par la nouvelle génération. Ainsi on ressent une sorte d'empathie pour non seulement les personnages s'il y en a mais aussi les acteurs.
- Cependant, n'est ce pas le propre de toutes les histoires d'être issues (du moins partiellement) du réel ? Preuve en est le nombre de films précédés de la mention « inspiré d'une histoire vraie », cela renforce-t-il vraiment l'empathie ?
Quel est le rôle laissé au public ? Est il véritablement actif ou bien passif ?
- Dans le NoShow le public a une part assez importante dans le déroulé du spectacle puisque c'est lui qui choisi les comédiens qui restent sur scène et donc (mais sans le savoir a l'avance) les parties qui seront traitées le soir de la représentation. Les comédiens demandent l'avis des spectateurs à plusieurs reprises, un comédien fait même monter sur scène une femme afin de lui donner la réplique.
- Le public est fortement invité à participer puisque le noir est très peu fait dans la salle. Mais il s'agit plus d'une participation individuelle (on ne voit pas spécialement si notre voisin a ou non voté, on ne met pas le spectateur en port-à faux), plus que de groupe. Les comédiens demandent à plusieurs reprises d'utiliser les téléphones, que ce soit pour voter, ou en utilisant la luminosité de l'écran afin de dire s'ils sont coupable ou non d'acharnement, les grévistes demandent également de laisser les téléphones allumés afin de perturber le spectacle en les appelant. Le fait de ne pas participer n'est pas spécialement visible (et ainsi rassure les récalcitrants).
- Dans le même temps, le public est le plus souvent forcé plus qu'invité et c'est peut-être la pression du groupe, la force de l'anonymat qui rend les spectateurs plus à-mêmes de participer. On voit que dans les moments où ils demandent à certaines personnes en particulier de s'exprimer, la participation est moins vive, plus gênée, et c'est à ce moment là que les acteurs « forcent » en quelque sorte, c'est à ce moment là où la pression du groupe se retourne et où eux doivent encourager pour que les spectateurs pris à parti continuent le show.
- Enfin s'il est donné comme postulat que le public sert de base au spectacle, en même temps, la présence des trames écrites à l'avance fausse le jeu, le postulat. En réalité le public n'est pas si crucial que cela.
Le spectateur est toujours réceptif, personne n'a été témoin d'une scène de « refus », comment cela est-il mis en place ?
- Tout d'abord c'est lié a l'encadrement du public, l'équipe du NoShow fait preuve d'une certaine bienveillance tout en réussissant à le forcer à faire des choses qu'il ne feraient pas forcément, c'est le cas par exemple lors du passage où une spectatrice monte sur scène pour donner la réplique ou à la fin du sondage pour savoir quel est le meilleur métier, lorsqu'un comédien demande au gagnant d'appeler l'un des ses amis qui ne va pas au théâtre pour le convaincre de venir. Ce sont des actions assez osée mais sans pour autant forcer le spectateur, s'il ne veut pas ils demanderont à quelqu'un d'autre. Cette forme de spectacle est assez peu utilisé en France cela relève plus du Show à l'Américaine. Cette culture Nord-américaine permet également de rompre certains tabous, en France il est très difficile de parler d'argent -d'autant plus devant une salle de 500 personnes inconnues- mais le fait de passer par une autre culture permet de ne pas se poser la question du possible et du tabou.
- Les comédiens détendent beaucoup le spectateur afin de l'amener à faire ce qu'ils veulent et ils se servent également de la pression (non volontaire) du reste du public pour pousser la personne qu'ils ont choisi à dépasser ses limites.
- Après de toute manière ils ciblent les personnes à qui ils demandent d'intervenir, lorsque l'on propose à une personne gagnant plus de 5000 euros par mois de prendre la parole, il y a de fortes chances pour que cette personnes -de par son revenu- soit habituée à parler en public, ainsi la prise de risque évoquée plus haut et la participation du public sont encadrées et réfléchies.
Ainsi, nous avons conclu ce krinomen en offrant la possibilité d'un instant NoKrino où chacun était amené à donner son avis (subjectif) sur le spectacle et d'intervenir sur les sujets qu'il souhaitait. De manière générale, il en est sorti une sorte d'adhésion au principe du NoShow, à la volonté d'offrir de nouveaux codes et de permettre au théâtre d'avoir une réflexion sur la manière de faire du théâtre. Cependant, perdus par cette visée trop didactique et trop orientée, certains se sont sentis pris à parti et ont refusé de jouer le jeu attendu.