Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Hamlet ou l'éloge du playback - Collectif Yes Igor

 

Spectacle présenté du 20 au 23 février au Glob Théâtre


 

231037839 640

(c) Collectif Yes Igor


William Shakespeare et le Collectif Yes Igor :

           

L’œuvre de William Shakespeare (1564-1616) est conséquente et variée que l’on parle de la tragédie ou de la comédie. Parmi ses pièces les plus célèbres on retient Roméo et Juliette, Macbeth, Le songe d’une Nuit d’été et celle qui nous intéresse Hamlet, prince de Danemark. Celle-ci est revisitée par le Collectif  Yes Igor, dont les recherches croisent le théâtre, le chant, la danse et le playback. Le Collectif qualifie d’ailleurs ses présentations de « concerts spectaculaires ». Ce Collectif débute en 2005 avec le spectacle Le tombeau de Spike Jones, un exercice de musique descriptive, puis il prolonge ses expérimentations avec divers exercices de playback pour aboutir à la création d’Hamlet ou l’Eloge du Playback.  

           

« Playback : ou présonorisation, interprétation synchronisée sur un enregistrement sonore effectué antérieurement". 

Cette technique est ordinairement utilisée par les chanteurs pour prévenir d’éventuels problèmes vocaux et pouvoir réaliser des mouvements scéniques susceptibles d’interférer sur l’interprétation de l’artiste (chorégraphies, déplacements sur machines notamment.). Elle peut aussi être utilisée pour faire parler ou chanter un interprète à la place d’un autre, c’est le principe de la doublure. Autrefois réservé aux chanteurs et aux performances « live », le play-back à peu à peu gagné toutes les disciplines où sont liés l’audio et le visuel tels que le cinéma, la danse ou le théâtre.

 

Dans le spectacle du collectif Yes Igor, le play-back et associé au procédé de la synchrèse, qui consiste a associer des bruits à des actions sans qu’il y est de rapports direct entre l’un et l’autre - comme par exemple les pas d’Ophélie sur pointes qui sont bruités par des touches de machine à écrire. L’utilisation de la synchrèse donne un aspect irréel à l’adaptation, se rapprochant de l’univers du cartoon, de même qu’il apporte une dimension comique.

 

Résumés :

           

Le père de Hamlet meurt dans des circonstances suspectes. Son spectre apparaît à Hamlet en dénonçant son oncle, maintenant remarié à sa mère, Gertrude. Hamlet décide de se venger, et pour cela mime la folie. La Cour, inquiète de son comportement, met cette folie sur le compte de l’amour qu’il porte à Ophélie, fille de Polonius le Grand chambellan du Roi, et sœur de Laërte. Hamlet tue par mégarde Polonius, ce qui rend Ophélie folle de chagrin. Elle meurt noyée. Claudius se sentant menacé par Hamlet, incite Laërte à le provoquer en duel avec une épée empoisonnée. Il prépare aussi, au cas où, une coupe de vin mortelle. Gertrude en boit une gorgée par mégarde et meurt. Laërte parvient à blesser Hamlet avec sa lame empoisonnée, mais suite à un corps-à-corps, les épées s’échangent et c’est au tour de Laërte d’être touché. Dans son dernier souffle, il accuse Claudius de tout cela. Hamlet force donc son oncle et beau-père à finir la coupe avant d’expirer.

           

La version du Collectif Yes Igor présente une version réduite du texte de Shakespeare. Les dialogues ne sont qu’onomatopées ou phrases courtes. On retrouve cependant le texte original dans les monologues de Hamlet, chanté par l’acteur, soit en français, soit en anglais. L’action est transposée à notre époque, tant pour les costumes que pour l’utilisation de la technique moderne dans la représentation (vidéo, téléphones…). Enfin, cette version ne dure qu’une heure et quinze minutes contre trois pour la version classique (pour plus de détails sur cette partie, voir en fin d’article).

 

La scénographie :

           

L’espace scénique est divisé en différents lieux, on y trouve une table de repas à cour, un matelas au centre (représentant une chambre) et une banquette à jardin représentant un salon. Le fond de scène est occupé par une longue table blanche pourvue d’escabeau sur les côtés de façon à ce que les acteurs puissent évoluer dessus. La table sert également à poser et stocker le matériel technique servant aux bruitages.

Il n’y a que cinq comédiens sur le plateau, quatre hommes et une femme. L’originalité et la diversité des costumes a un rôle important dans cette pièce étant donné que plusieurs acteurs interprètent plusieurs rôles, il ne doit pas y avoir de confusion dans l’esprit du  public.

Tous les personnages sont définis par un trait de caractère principal ; ainsi Ophélie ne se déplace que sur pointes et ne s’exprime que par interjections, Claudius le beau-père et oncle d’Hamlet, passe le plus clair de la pièce à manger et la mère se mue en félin et s’exprime grâce à des miaulements et des grognements.

 

Avec cette mise en scène et cette scénographie, le collectif, propose un spectacle plus axé sur l’éloge du playback que sur Hamlet en lui-même. Le texte est remanié par les artistes, il n’est désormais qu’un prétexte à la réinterprétation et la création. La performance technique et le travail vocal sont mis en valeur (chant, cri, bruitage) les comédiens du collectif réalisent une prestation scénique complète et pluridisciplinaire.

 


Extrait du dossier de presse : 

 

“Le play-back c’est beau.

C’est la supercherie la plus naïve. D’habitude au théâtre le trucage est caché. C’est de la magie. Là tout le monde sait bien que ce micro n’est pas branché. On voit bien que l’orchestre n’est pas là. C’est pourtant une falsification comme les autres. Le tonnerre en tôle et la pluie en bâton. Tout le monde y croit. Fait semblant d’y croire. Est d’accord. Mais là on voit tout. On entend très bien ce qu’on n’entend pas. On est au-delà de la magie. On est dans le vrai. La partie visible de l’iceberg de la tricherie. La question que se pose le collectif Yes Igor, c’est jusqu’où peut-on étendre cette partie visible ? Est-on sûr, à partir d’une certaine limite, d’entendre ce que l’on voit ? De voir ce que l’on entend? Une même histoire peut-elle avoir un sens totalement différent si l’on en change la bande-son ? Et si l’on voit cette bande-son en train de se réaliser, comment cela interfère-t-il sur le sens qu’on peut donner à l’action ? Quelle action croire finalement ? La sonore ou la muette ? Le son ou le geste ? À quelle distance faut-il se trouver d’un clou pour que le mouvement et le son du marteau soit inversés ? Quelle liberté a-t-on pour reproduire un son qui n’existe pas, comme le chant des sirènes ? Après la post-synchronisation, faut-il inventer la pré-synchronisation ? En élargissant le domaine du play-back, peut-on aller jusqu’à donner la parole aux trous du cul ? Chanter en voix off exclut-il que l’on puisse entendre des voix ? Un poisson rouge qui chante est-il moins crédible qu’une personne qui fait semblant ?

 

Quelques pistes de réflexions :

 

Comment la performance technique porte-t-elle le texte de Shakespeare ? Qu’est-ce que cette technique apporte/enlève à la pièce ?

Pourquoi les membres du Collectif Yes Igor ont-ils retenu Hamlet pour proposer leur éloge du play-back ? Cette proposition pourrait-elle s’appliquer à toute autre pièce ?

 

·         Documents annexes :

 

Présentation sommaire de la pièce :  http://www.iddac.net/site.php?rub=1&docId=222033     

Exercice de playback (avant Hamlet) : 

 


 

 

 

Bande annonce : http://www.youtube.com/watch?v=UQMLDEOdOWQ    

 


 

 

 

Extrait de « l’Eloge du playback » : http://www.facebook.com/video/video.php?v=110021779046171 

Dossier de presse réalisé par X. Quéron :

 http://mutualise.artishoc.com/carcol/media/5/yes_igo_playback.pdf  

 

 


Article rédigé par Emma FIDELIN, Marie SASSANO et Cécile VIGNAU-PUGET

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
Hamlet is not the usually story of revenge it is something that had moral and family values and the intensity of a normal human being who is being betrayed but his own family and the suffering he has to undergo.
Répondre