High Dolls - Opéra Pagaï

Spectacle présenté au Carré des Jalles - Saint-Médard en Jalles, le 10 février 2010

« High Dolls », idoles et hautes marionnettes

Après les Rolling Stones, les Beatles, Indochine, Muse, un nouveau phénomène rock débarque en France. Ils sont trois. Trois garnements d’une dizaine d’années. Trois caractères bien trempés. Ce sont les High Dolls.

Puck est guitariste, chanteur et surtout le leader charismatique du groupe, entouré de Jack, bassiste, clavier et chanteur, et de la fille de la bande, Judy, batteuse et chanteuse. Ces sales gosses assurent un vrai concert rock électrique servi par de vraies chansons dans lesquelles ils expriment leur point de vue de gamins sur le monde. Sur scène, la musique est relayée par de la vidéo projetée sur grand écran relatant la vie du groupe hors concert (tournée, backstage, dédicaces,...) et retransmettant le show et les clips.

120 cm de latex, mousse souple, bois et plastique constituent ces 3 gamins, ces marionnettes sans mains ni pieds et derrière lesquelles se cachent Sébastien Genebes, Benoît Chesnel et Sophie Cathelot, vêtus de noir des pieds à la casquette, assis sur des machines roulantes conçues pour se déplacer aisément et tenir les marionnettes par un bras métallique. Les manipulateurs sortent de l’ombre, laissant leur marionnettes de côté ; les images sont filmées et montées avec d’autres préenregistrées, sur place, en direct, à la vue du public. Jouer sur le vrai et le faux est un axe privilégié de l’Opéra Pagaï, collectif à géométrie variable, créé en 1999 à Bordeaux. En effet, durant la première partie du show, les spectateurs sont plongés dans un univers connu, vu et revu à la télévision, en particulier par la nouvelle génération habitué à ça. Mais le côté « bling-bling », tape-à-l’oeil est disséqué, analysé, tout comme le sont les marionnettes. Entre théâtre et imposture, humour et impertinence, tout est expliqué pour prouver à quel point il est facile de monter un succès de toutes pièces. Dès lors, est-il possible d’admirer un groupe qui n’existe pas ? Peut-on être factice et populaire à la fois ?

Paroles d’Opéra Pagaï :

« Un mythe, outre la signification qui lui est habituellement attribuée dans le contexte rock, c’est surtout une construction de l’esprit, quelque chose qui n’existe pas.

Les High Dolls sont un mythe dans ce sens. Ils sont des icônes, au même titre que des statuettes sacrées livrées à l’adoration populaire.

C’est ce mythe, que nous mettons tant d’application à construire et à crédibiliser, que nous démontons ensuite pièce par pièce pour mieux nous interroger sur la fabrication de modèles à suivre, de repères artificiels, et sur les moyens mis en oeuvre pour les imposer.

Mais au-delà, nous nous interrogeons également sur la Marionnette : tour à tour icône, figure sacrée, parfois utilisée à des fins d’endoctrinement, ou, au contraire pour régler des comptes avec le pouvoir en place.

Les High Dolls tâchent d’être tout cela en se prétendant idoles du Rock, figures emblématiques d’un mouvement qui prône la liberté de pensée et l’indépendance… alors qu’ils sont des objets.

Mais cela est-il suffisant pour dire qu’ils ne sont pas vivants ?

Le fait qu’on les regarde, qu’on leur parle, que leurs actions nous font réagir nous oblige à considérer leur existence. »

Pour aller plus loin :

Le site de la compagnie Opéra Pagaï : http://www.operapagai.com/accueil.php

Les High Dolls dans la presse : http://www.operapagai.com/rdp/rdp_highdolls.pdf

Pour tout savoir sur les High Dolls : http://mutualise.artishoc.com/carcol/media/5/dossier_high_dolls_web.pdf

Article écrit par Carole Phelippot - Licence 2