Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Le Chagrin des Ogres - Fabrice Murgia


Spectacle présenté le jeudi 26 janvier au Galet de Pessac



f-ae2-4b619d2c2f393.jpg© Cici Olsson


Le Chagrin des Ogres est la première production de la Cie Artara, compagnie belge créée en 2006 par Jeanne Dandoy, Vincent Hennebicq et Fabrice Murgia, ce dernier étant aussi le metteur en scène du Chagrin des Ogres. Avant tout acteur, il a reçu sa formation à l'ESACT (l'École Supérieure d'Acteurs de Liège) et enseigne à l'École Fotti Culture au Sénégal. On peut aussi noter qu'il est un artiste associé au Théâtre National.
Suivant le site de la Cir Artara, dans ses pièces, Fabrice Murgia cherche à « travailler de façon dialectique l'écriture de plateau, tenir un propos engagé sur le monde actuel, chercher la cohérence profonde entre une forme scénique et un sujet, associer narration et réflexion, créer une image scénique à la fois sensorielle et créatrice de distance » (http://www.artara.be/about.php link). Dans le Chagrin des Ogres, le croisement inter-disciplinaire est présent, avec notamment la collaboration de performeurs, vidéastes, plasticiens et musiciens.

Créé en 2008 à Liège, Le Chagrin des Ogres s'inspire d'histoires vraies au travers de deux personnages. Le premier est Laeticia, une jeune fille plongée dans le coma après une tentative de suicide qui, dans ses rêves, croit être Natacha Kampush, une jeune fille séquestrée dans une cave durant huit ans. Le second est Bastian, un adolescent marginal mal dans sa peau qui, après des mois d'annonces sur internet, décide de perpétrer une tuerie dans son lycée, en écho avec Bastian Bosse  qui, en novembre 2006, ouvre le feu dans son lycée et tue 15 personnes. Jouant avec l'enfermement des protagonistes au moyen de projections vidéo, ce spectacle propose également un troisième personnage, une femme au comportement enfantin vêtue d'une robe blanche ensanglantée, tour à tour complice et cauchemar des personnages, tel que le montre l'image précédente. Ce personnage à l'allure fantômatique et iréelle renforçe le côté onirique revendiqué du spectacle. D'une maîtrise et d'une force surprenantes pour une première création, Le Chagrin des Ogres a reçu en 2010 le prix Odéon-Télérama.

La scénographie de ce spectacle semble minimaliste et est pourtant très élaborée (cf. photographie 2). En effet, le décor se compose de deux vitres de forme carrée sur un fond noir en arrière-scène, de deux grandes tentures blanches (devenant bleues grâce aux jeux de lumières) et d'une balançoire côté cour. Derrière les vitres se trouvent les deux comédiens interprétant Laeticia (côté jardin) et Bastian (côté cour). Ils se filment eux-mêmes et l'enregistrement de leurs vidéos est projeté en direct sur le fond noir de la scène. La balançoire saccentue le côté enfantin du troisième personnage dont le micro trafique la voix pour lui en donner une de petite fille, mais cette modification renforce le côté inhumain et iréel de ce personnage. Parfois, le micro arrête de modifier la voix de la comédienne qui devient alors une femme, une adulte tyrannique, telle que des adolescents peuvent se la représenter (la mère colérique et effrayante de Laeticia par exemple).

            Chagrin-des-ogres-photo.jpg© Cici Olsson


On aime ou on n’aime pas, mais on ne peut pas ressortir indemne d’une telle représentation. Le jeu d’acteur est puissant, l’histoire laisse des traces. Un appel au secours désespéré mêlé à un message d’espoir. Nous pouvons finalement nous demander quelle place nous occupons, et si la réaction du public peut parfois s’avérer comme un problème dans une représentation contemporaine composée de « testaments d’enfants » (Fabrice Murgia)


« Le Chagrin des Ogres, c'est le récit d'une journée au cours de laquelle des enfants vont cesser d'être des enfants.[...] Le désespoir de ceux qui hurlent à l'aide, sans que l'on sache réellement lesquels d'entre eux détiennent des rêves et des bombes pour se venger de ceux qui ne les entendent pas.
Le Chagrin des Ogres, c'est notre façon d'enterrer notre enfance ».

Note d'intention de Fabrice Murgia, programme disponible au Galet de Pessac.



Le trailer du Chagrin des ogres :

 

 


 


 
Un extrait :

 

 


 

 

 

Pour en savoir plus :

Le site de la Compagnie Artara : http://www.artara.be/about.php  link
Présentation du spectacle sur le site Théâtre Contemporain : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Le-Chagrin-des-ogres link
La critique de sur le site des Trois Coups : http://www.lestroiscoups.com/article-le-chagrin-des-ogres-de-fabrice-murgia-critique-de-fabrice-chene-centre-wallonie-bruxelles-a-paris-62063390.html link

Quelques questions :


Invitation ou répulsion ? Comment la puissance des images joue-t-elle avec et/ ou contre le spectateur ?
Comment l'esthétique forte de Fabrice Murgia sert-elle / dessert-elle le propos du spectacle ?




Article réalisé par Chloé Loustau, Lola Gutierrez, Béatrice Bonnin

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article