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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Le sacre du printemps – Igor Stravinsky / Roger Bernat



Spectacle présenté au Carré des jalles du mardi 17 janvier au jeudi 19 janvier 2012,

réalisé d’après la chorégraphie de Pina Bausch

 

 

Sacre.jpg

 

© Blenda

 

 

Le sacre du printemps, appelé en russe « Tableau de la Russie païenne en deux parties » est un ballet chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski en 1913 et composé par le musicien Igor Stravinski. Vaslav Nijinski a d'ailleurs chorégraphié ce ballet pour les Ballets Russes de Serge de Diaghilev. La création de ce spectacle, qui met en jeu un grand rite sacral païen, suscita un très grand scandale. La chorégraphie de Vaslav Nijinski, tout comme le musicien Igor Stavinski, plaçant le rythme comme élément principal de l'œuvre, provoquèrent un esclandre qui est restée célèbre lors de la création le 29 mai 1913 à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées. Ses détracteurs qualifient l'œuvre de « Massacre du printemps ».


L’œuvre se compose de deux tableaux. Le premier présente « l'adoration de la terre », tel que l’expose André Boucourechliev  :


« Printemps : La terre est couverte de fleurs et d'herbe. Une grande joie règne sur la terre. Les hommes villageois, se livrent à la danse et interrogent l'avenir selon les rites. L'Aïeul de tous les sages prend part lui-même à la glorification du printemps. On l'amène pour l'unir à la terre abondante et superbe. Chacun piétine la terre avec extase.

Le second tableau présente « le sacrifice » :
« Après le jour, après minuit, sur les collines sont les pierres consacrées. Les adolescentes mènent les jeux mythiques et cherchent la grande voie. On glorifie, on acclame, celle qui fut désigné pour être livrée aux Dieux. On appelle les Aïeux, témoins vénérés. Et les sages aïeux des hommes contemplent le sacrifice. C'est ainsi qu'on sacrifie à Larilo, le magnifique, le flamboyant (dans la mythologie slave, larilo est le dieu de la nature). »

C'est en 1975, un an avant de fonder le Wuppertal Tanztheater, que Pina Bausch en donne sa version. Le sacre, selon elle, oppose danseurs et danseuses sur une scène couverte de terre. De multiples combats entre eux ne font qu'épuiser les êtres humains jusqu'au sacrifice, selon le rite païen.

 

 

Pina-Bausch-credit-Zerrin-Aydin-Herwegh.jpg

 

© Photo Zerrin Aydin Herwegh.



En 2010, Roger Bernat crée une nouvelle version du Sacre du printemps sur les bases de la chorégraphie créée par Pina Bausch. C'est un spectacle participatif, construit grâce au public qui fonde la totalité de la pièce. Il n'y a aucun professionnel sur scène comme on peut voir dans un spectacle classique. Le but est de se réapproprier la méthode de travail de Pina Bausch qui faisait danser des amateurs, comme dans la pièce Kontaktof. Le spectacle est dirigé par des casques audios distibués à chaque personne avant la pièce. Une voix dans le casque donne des tâches et des indications de mouvement à exécuter pour chaque personne. La voix aide à former la pièce du Sacre du printemps car on a trois groupes distincts qui se forment grâce aux différentes actions écoutées dans le casque (des groupes, des duos, des solos). Le spectateur a le choix de participer ou de rester en retrait pour observer, c'est la liberté du danseur/acteur. En arrière plan de la voix, on peut entendre la musique de la pièce composée par Stavinski.


La scène est une grand pièce noire, comme une salle de danse, aux quatre murs de la salle il y a un tableau et des craies où le spectateur inscrit les mots: forêt, colline et aube.


Roger Bernat indique :


« Tout d'abord, je préfére le terme théâtre immersif, j'aime l'idée d'immersion comme lorsque l'on découvre un nouveau pays, que l'on traverse un lieu que l'on ne connaît pas. Arriver à faire « danser » même si je ne viens pas du milieu de la danse mais de celui du théâtre, à mobiliser une centaine de personnes autour d'un projet commun, c'est ici en effet que se retrouve la performance. Les voix qu'entendent les apprentis danseurs à travers le dispositif technique leur permettant d'effectuer la chorégraphie, devient petit à petit comme une pensée personnelle que l'on va ou non « entendre » et interpréter à sa manière. » 
Roger Bernat rend hommage à Pina Bausch en remettant au grand jour l'un des ballets les plus importants du siècle dernier. Le « Sacre du printemps » dont elle fit en 1975, une adaptation historique. Dans cette chorégraphie, les spectateurs sont invités à devenir danseurs. Accueillis sur le son du « Sacre du printemps » d'Igor Stravinsky, les spectateurs deviennent les acteurs principaux du spectacle et reçoivent des instructions pour interpréter cette pièce mythique. »


Pour aller plus loin :

Le site de Roger Bernat : http://rogerbernat.info/en/    link

Un extrait du Sacre du printemps par Pina Bausch :
http://www.dailymotion.com/video/x2w4rj_pina-bausch-le-sacre_music  link


Pour finir, il est possible de se poser quelques questions, tout d'abord sur la notion de liberté par rapport à nos gestes malgré le port du casque et malgré les indications données par la voix. Dans un deuxième temps, la question de la place du spectateur est posé ainsi que la notion de groupe et de collectivité. Mais quel est le mythe du sacrifice au sein de la mise en scène de Roger Bernat.


 

Article écrit par Léa Audier, Romy Belleau  et Natacha Combes.

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