Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
Ma pratique de critique
On distingue deux types de critiques : les critiques journalistiques et les critiques universitaires. Pour ma part, je préfère écrire des critiques journalistiques et je vais en expliquer le pourquoi. Pour cela dans une première partie je présenterai les avantages que je trouve à la critique universitaire. Puis, dans un second temps, je la comparerai à la critique journalistique. Enfin je présenterai ma manière de faire pour écrire une critique.
Tout d’abord la critique universitaire permet de faire une analyse approfondie d’une pièce, ce qui peut aider le lecteur à la comprendre ou ouvrir un débat. En effet ce type de critique propose une étude en profondeur des éléments d’un spectacle qui va au-delà du simple « j’aime/j’aime pas ». Les arguments ne sont pas posés comme des vérités mais expliqués, agrémentés d’exemples.
Non seulement ces critiques aident la compréhension du lecteur mais également celle de celui qui l’écrit. En effet, lorsque j’écris une critique universitaire je me pose beaucoup de questions sur le spectacle que j’étudie, qui parfois m’amènent à voir des choses que je n’avais pas remarquées jusqu’à ce passage à l’écrit.
Ensuite/enfin, la critique universitaire s’adresse à un lectorat initié ce qui permet l’utilisation de termes plus spécifiques au monde du spectacle ou de faire référence à des artistes, en étant sûr (ou presque) d’être compris. Mais bien que la critique universitaire présente tous ces avantages, je préfère la critique journalistique.
Tout d’abord la critique journalistique s’adresse à tous et offre donc un plus grand lectorat que la critique universitaire et j’aime pouvoir m’adresser au plus grand nombre et non pas à un effectif réduit. En effet, comme je l’ai déjà dit, la critique universitaire s’adresse à des lecteurs initiés, qui connaissent le monde du spectacle. On ne trouve d’ailleurs pas très facilement des critiques de ce genre : il faut, pour en lire, ouvrir une revue théâtrale par exemple.
Ensuite la critique journalistique est faite pour être lue avant le spectacle par des personnes ne l’ayant pas encore vu, alors que la critique universitaire s’adresse à des personnes qui ont vu le spectacle dont il est question et se lit après la représentation. La critique journalistique présente donc l’enjeu de donner envie ou non à un spectateur d’aller voir un spectacle. Cela se fait par un jeu subtil qui consiste à en dévoiler assez pour aiguiser la curiosité du lecteur, mais pas trop pour ne pas gâcher la découverte du spectacle. C’est en grande partie cette subtilité qui fait pencher ma préférence vers ce type de critique.
Enfin, je trouve que l’analyse poussée d’un spectacle, comme elle est faite dans une critique universitaire, ôte de la magie au spectacle. En effet il faut savoir garder un regard naïf sur ce qu’on a vu et ne pas chercher à tout expliquer. Je suis d’ailleurs tout à fait d’accord avec George Banu qui dit qu’ « assumer sa perplexité face à un spectacle nouveau, c’est accepter la place inconfortable, passagère, entre le oui et le non, mais en même temps, pour le critique, c’est reconnaitre ainsi les secousses que subit son utopie ».
Pour ma part, l’écriture d’une critique se fait en trois étapes. Tout d’abord, je vais voir un spectacle et en sortant, si je sais que je vais écrire une critique dessus, je prends rapidement note de tout ce qui me vient à l’esprit sur le spectacle, de tout ce que j’ai peur d’oublier si je ne l’écris pas tout de suite. Je peux écrire sur n’importe quoi, mais je garde précieusement ce bout de papier pour plus tard.
Ensuite, je laisse ces idées jetées sur le papier macérer dans mon esprit. C’est cette partie qui est la plus longue et la plus importante dans l’élaboration d’une critique. C’est là que les simples « j’aime/j’aime pas » que je disais en sortant du spectacle se transforment en « j’aime/j’aime pas parce-que… ».
Enfin, ma dernière étape consiste à écrire la critique. Ce passage à l’écrit se fait grâce aux idées qui ont mûri dans ma tête, ainsi que grâce à la lecture de la bible du spectacle que je ne lis qu’à ce moment-là car je ne veux pas être trop influencée par d’autres.
Mon choix des spectacles sur lesquels je décide d’écrire est assez aléatoire. Cependant je ne souhaite pas écrire de critique négative sur un spectacle d’une petite compagnie car cela ne servirait à rien. En outre, je n’hésiterais pas à le faire pour un spectacle d’une compagnie connue qui ne m’aurait pas plu. Mais en général j’écris sur des spectacles qui m’ont plu car je préfère donner envie d’aller voir un spectacle plutôt que de descendre le travail d’une compagnie (célèbre ou non).
La critique universitaire et la critique journalistique ne s’adressent donc pas au même lectorat et n’ont pas les mêmes enjeux. La critique universitaire se doit de décortiquer un spectacle et de l’analyser sous toutes les coutures, alors que la critique journalistique ne doit pas trop rentrer dans les détails. C’est donc cette dernière sorte de critique que je préfère écrire afin de donner envie aux lecteurs d’aller voir un spectacle et donc de faire vivre le monde du spectacle VIVANT !!
Goulvestre Galadrielle