Mes pas captent le vent - Philippe Rousseau

Mes pas captent le vent - de Philippe Rousseau

Spectacle présenté au TNT du 6 au 15 décembre 2011

Mes pas captent le vent a été créé par Philippe Rousseau, accompagné par Marie Duret-Pujol à l’assistance mise en scène et à la dramaturgie et Jean-Marie Broucaret à la mise en jeu. Philippe Rousseau est auteur, comédien, metteur en scène, directeur de la compagnie « Les Taupes secrètes Artistes Associés » et Professionnel Associé à l’Université de Bordeaux 3. Les Taupes Secrètes naissent en 1992 avec la première mise en scène de Philippe Rousseau, adaptation d’une nouvelle de Kafka Le Terrier. Il sera ensuite comédien et metteur en scène de Monsieur Fugue ou le Mal de terre de Liliane Atlan. Le TnBA coproduit trois mises en scène : Roberto Zucco de Koltès en 1996, Décadence de Berkoff et Vie et mort de Pier Paolo Pasolini, de Michel Azama..

Philippe Rousseau raconte, de façon très poétique, son voyage en Russie, de Moscou au lac Baïkal. La découverte du monde conduit le personnage à la re-connaissance de lui-même. L’invitation au voyage mêle la densité du récit et la vivacité du carnet pour devenir œuvre théâtrale. De Rimbaud à Bashung, l’auteur se place dans une filiation à de nombreux poètes. Le principal, Blaise Cendrars, est cité à plusieurs reprises. Philippe Rousseau lui emprunte le prénom de son héroïne, Jeanne. Les occurrences confèrent à Blaise le statut d’un personnage. Par les interpellations directes du héros, il devient l’ami, le confident, le frère, le double rêvé du personnage. Ce voyageur n'existe qu'en fonction du voyage et de sa parole.

Dans Mes pas captent le vent, il s’agit d’un être humain qui s’adresse à d’autres êtres humains, qui transmet une expérience personnelle. Il partage, échange, évoque ce regard particulier sur le monde. L’idée de voyage renvoie également à l’idée de passage, dans un pays, une région, dans la vie de l’autre qu’on rencontre, de la même manière que cet autre est de passage dans son propre vécu. C’est aussi être de passage dans le monde.

Le plateau est nu, il n'y a aucune scénographie physique, la scénographie est mentale, musicale, c'est le musicien (guitariste) qui construit et déconstruit l'espace à grand coup de riff et de mélodie, inspiré par la musique Américaine rock’n’roll des seventies, en modifiant le son avec une réverbération et du delay assez froid qui donne une impression d'immensité et qui nous plonge dans le désert de Sibérie. C’est une vrai B.O de road trip à l'américaine retranscrite dans le far-est. Les mots, calés en rythme sur la musique nous permettent aussi de fermer les yeux et de suivre ce voyage juste au gré de toute ces sonorités qui deviennent de plus en plus poétiques, à grand coup d'envolées lyriques. Quand on ouvre les yeux c’est le corps de l'acteur que nous voyons danser, même si les gestes sont parfois imprécis,  c'est toute la sensibilité de ce corps vagabond qui s'exprime. 

Le musicien Manu Deligne utilise une pédale de boucle où il peut rajouter des couches à cette univers glacial et les superposer, agrandir l'espace avec tous ces sons qui résonnent et qui meurent, doucement, pour parfaire encore plus cette impression de froid et de solitude qui rythme la pièce. Mais ce n'est pas une solitude triste qui s'en dégage, plutôt celle d'un voyage initiatique qui nous mène jusque dans le cosmos, en apesanteur mental.

Sources :

http://www.letnt.com/index.php?id=815
http://www.tsaa.fr/IMG/pdf/Dossier_dramaturgique_Mes_Pas_nov_2010.pdf 

Article réalisé par Anne-beatrice Fort, Clément Pelven et Laurentine Rumolino.