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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Mords la main qui te nourrit - Atelier de Mécanique Générale Contemporaine

 

   

Spectacle présenté à Pessac le 21 au 24 mars 

 

Jean-Philippe Ibos


Jean-Philippe Ibos est né à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et vit aujourd'hui à Bordeaux. Il fait ses études à la Faculté de Lettres à Bordeaux ainsi qu'aux Beaux-Arts de Bordeaux. Il choisit d'écrire pour le théâtre et la radio et de travailler enfin comme dramaturge et metteur en scène. Il écrit plusieurs ouvrages pour le théâtre ainsi que pour la radio France Culture. Il s'engage pour des projets comme des débats avec le public, la création de la revue Curieux ! (journal de spectacle) et des collaborations avec le Conservatoire National de Région.

En 2002, avec le peintre-scénographe Michel Herreria, il crée la compagnie de théâtre « L’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine » avec qui il a déjà mis en scène une dizaine de spectacles.

Avec la création de ses œuvres, il veut mettre en scène « les petits et grands événements de la vie ». Il écrit ses textes pour que le public s'y retrouve dans les personnages représentés. Avec sa compagnie, Ibos veut fabriquer un théâtre vif, qui s'intéresse à l'histoire des hommes. L'écriture est l'élément le plus important pour la compagnie. Il travaille avec « des textes qui sont tellement vivants que l’on a de l’appétit pour être vivant, pour rencontrer des gens, pour discuter, se révolter…» [1]

 


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 Jean-Philippe Ibos © AMGC [1]

 

Mords la main qui te nourrit

 

« Être vivant, c'est mordre !»  [4]

 

L’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine traite avec ce spectacle énergique et musical des sujets de nos problèmes dans la vie quotidienne – une discussion politique sur scène, dans laquelle chacun parmi nous peut s'identifier. « Mords la main qui te nourrit est un projet ambitieux d'écriture du monde, un bouillonnement de paroles sur les hommes et la société: paroles d'acteurs, paroles d'auteurs, paroles des citoyens ».  La Compagnie ouvre avec son spectacle un débat qui pourra avoir lieu à la fin autour du bal et bar et il donne l'occasion à réfléchir sur soi-même et notre société. [1]

 

Ils sont 4 sur le plateau. Un homme de l'indice de référence qui argumente avec 3 personnages qui prennent parole et expriment leurs peurs, leurs inquiétudes, leurs colères et leurs mystères sur deux scènes, entre outre un plongeoir qui s'avance au dessus du public. Ils veulent que le monde les entende. Le but avec tous les spectacles de la Compagnie est de « Parler d'aujourd'hui, s'interroger sur ce monde, ses hiérarchies, ses impasses, son ordre symbolique ». [1]

 

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Dessin de Michel Herreria [1]

 

 

Le spectacle : jeu, musique et bal

Le spectacle commence en entrant dans la salle puisque les comédiens nous accueillent. Ils parlent avec le public et un d'eux s'assoit au milieu des spectateurs. Ils sont déjà dans leurs rôles, le public et les comédiens se mélangent. Lorsque le noir se fait, le spectacle commence. La musique démarre, jouée par l'orchestre qui est peu visible derrière des rideaux noirs translucides. 

 

La salle est dans la pénombre. Une lumière éclaire la personne qui parle. L'un après l'autre, les personnages viennent sur le plateau et présentent des sujets qui les inquiètent ou qui sont inquiétants pour la société : la mère de famille parle du SMIC, et se demande si on peut faire confiance à notre société. Le petit monsieur avec des bretelles discute du chômage puis, déguisé en robe de barbie rose traite du thème de l’exploitation humaine. La femme en maillot de bain montre comment nager contre la force du travail et ne pas avancer dans la vie sociale. Les personnages essaient de ne pas perdre l’équilibre surtout sur le plongeoir.

De son côté, l'homme du CAC-40 est « celui qui coupe dans le budget des ménages ». Il montre des chiffres, annonce des faits de la politique et ne regarde pas les individus et maîtrise parfaitement la rhétorique. Il est habillé en noir. Pour éclairer les choses, il écrit les mots clefs de la soirée sur un tableau à coté de son podium : SMIC 2,1%, Rester à vivre, Force de travail, International, Confiance.

Le jeu d'acteur est accompagné par des bruitages qui lui correspond : « le rouleau compresseur des cotations du CAC-40, des enfants qui jouent dans la cour de l'immeuble, le marchand de glaces sur la plage un après-midi en juillet ». [1]

Après ces petites scènes, les comédiens chantent une chanson, accompagnés par l'orchestre, qui se compose des instruments différentes comme d'une guitare, de la basse, de la batterie, du trombone, de la clarinette, du saxophone, de l’accordéon, du piano, des percussions, du tuba, du violoncelle, de la mandoline et du vibraphone. « Les yeux et les oreilles des spectateurs se déplacent d'une vignette à une autre: du forain à l'intime ». [1]

 

Le spectacle accélère sa vitesse – l'homme du CAC-40 se déguise en magicien et revient sur scène en parlant avec le doigt pointé sur les gens. Avec les paroles « Il faut, il faut...», il donne des ordres. Puis, il se change en star du rock et se met en duel avec l'orchestre pour le dominer. Qui gagnera ce jeu?

 

La soirée continue avec un changement de scénographie (avec l'aide des spectateurs). Le lieu devient un bar et bal où les spectateurs sont invités à danser à la musique qui continue parmi les musiciens du spectacle et de se servir à grignoter et boire. Les rideaux devant les musiciens tombent et on peut voir l'écriture « Mords la main » - le nom de l'Orchestre.

Les comédiens se mêlent au public mais restent dans leurs rôles et remettent quelques fois des textes ou chansons qui se référent au spectacle. Dans les chansons on reconnaît des thèmes de la première partie. Le résultat entre son et référence des textes s'appelle: La Biguine des Syndicats, La  Java du CAC 40, Le Tutti Frutti du FMI et Rock'N'Roll des Affameurs.


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©AMGC

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©AMGC

 

La scénographie

 

Le plateau se compose de plusieurs éléments des hauteurs et tailles différentes. Les matériaux sont en bois, entre deux éléments on trouve des tissus colorés. Les éléments 1 et 4 sont séparé par des rideaux noirs translucides. Les spectateurs s’assoient sur des bancs. Les places ne sont pas numérotées.

 


 

 

 

 

 

 

N° 1 : Le Podium: C'est là où la plupart des monologues se déroulent. On y chante et parle et essaie de ne pas montrer que le monde est en train de se détruire.

 

N° 2: Le Plongeoir de l'intime: Les personnages y expriment leurs paroles de l'intime et du bouleversement. L'homme sur le plongeoir, au-dessus des spectateurs au bord de la chute – tomber ou ne pas tomber. Comment trouver l'équilibre?   

 

N° 3: Le balcon de l' « homme du CAC 40 » : L'homme qui sait se servir de la rhétorique dominante. Il sait vaincre et est déjà convaincu de tout ce qu'il fait.

 

N° 4: Les Musiciens : L'orchestre, qui porte le nom « Mords la main ». On entend leur musique pendant tout le spectacle.

 

L'espace comprend aussi toute la salle. Les comédiens se trouvent souvent dans la public, ils y font des entrée et sorties.

La lumière joue avec les comédiens : quelques fois c'est de la lumière pointée sur le comédien, quelques fois seulement une pénombre, quelques fois une guirlande lumineuse laisse la salle plonger dans une atmosphère familière.  

 

---> image 4 © Michel Herreria [1]

 

Extrait du programme de la Saison Culturelle de la ville de Pessac :

 

« À l'heure où le raisonnable s'impose, l'Atelier de Mécanique Générale Contemporaine présente Mords la main qui te nourrit,  une grande soirée énergique et musicale: un spectacle Le Calcul du SMIC, un buffet à partager et un grand bal de la désobéissance des corps et des esprits! À travers les mots et la musique, Mords la main qui te nourrit fait sonner ensemble des paroles que tout oppose et ose cogner sur les idées reçues. Être vivant, c'est mordre! » [4]

 

 

Extraits du site de la Cie :

 

Le titre du spectacle « Mords la main qui te nourrit » est une provocation du proverbe « Ne mords pas la main qui te nourrit » qui annonce de traiter ceux qui t'aident dans la vie avec respect. Mais que se passe t-il si cette aide ne suffit pas ? De quel minimum de ressources d'argent a-t-on besoin dans la vie ? Faut-il s’inquiéter de vivre dans la rue aujourd'hui même avec un travail ? Comment régler la situation de travailler et surveiller des enfants au même temps, quels droits et devoirs a-t-on- comme salarié et comment s'en défendre ? 

 

Dans son spectacle, Jean-Philippe Ibos met en scène ce que notre société est en train de devenir. Il nous montre un miroir pour que l'on voit de quel manière on vit notre siècle. Son écriture et le jeu d'acteur souligne les misères et ruptures de génération. Avec le plaisir de l'humour et du soutien musical, il arrive à nous confronter avec un succès indéniable. Est-ce que les perspectives pour la jeune génération ne sont bien qu'avec un tel rapport aux célébrité? Quels modèles sont montrés aujourd'hui dans la jungle des médias et comment s'en sortir? Nos descendants «sont en souffrance, en déshérence. Ce n’est pas là qu’est le vivant. Le modèle doit être autre. Il doit être celui où chacun a sa vie, ses choix, ses émotions; où chacun peut exister à un endroit de la société.» [1]

 

Pour aller plus loin…

 

Comment Jean-Philippe Ibos parvient-il à intégrer le spectateur dans le spectacle et, par suite, dans la réflexion politique ?

Comment le spectateur compose-t-il avec la noirceur des thèmes abordés et la légèreté de la forme, le fond de crise et la fête ?

 

Tant que l'orchestre joue encore, le navire ne peut pas avoir sombré…

 

Quelques liens sur internet 

 

Le site du compagnie: infos sur la compagnie et le dossier du spectacle

[1] http://www.atelier-de-mecanique-generale-contemporaine.com/newsite/index.php 

 

Infos sur le metteur en scène:

[2] http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Jean-Philippe-Ibos/presentation/ 

 

Jean-Philippe Ibos présente quelques de ses texte du série : Petites Misères, grandes peurs:

[3] http://www.dailymotion.com/video/x6xw4p_petites-miseres-grandes-peurs_creation 

 

[4] Programme de la saison culturelle de la ville de Pessac:

http://www.pessac-en-scenes.com/ 

 

[5] Commentaire sur le spectacle:

http://www.spectacles-fumelcommunaute.com/saison-12-13/ve-29-03-mords-la-main-qui-te-nourrit/

 

 

 

 

 

 

 

 

 




 


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