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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

PPP - Philippe Ménard

Spectacle présenté au Carré des Jalles le 15 mars 2010


Création et interprétation : Philippe Ménard (assisté de Jean-Luc Beaujault)

Création lumière : Robin Decaux

Musique et espace sonore : Yvan Roussel

Construction des robots : Philippe Ragot

Scénographie : Philippe Ménard et Jean-Luc

Production : La compagnie Non Nova

 

C’est en voyant Extraballe de Jérôme Thomas (jongleur et chorégraphe) en 1991, à l’âge de 19 ans, que naît pour Philippe Ménard le désir de se former aux Arts et tout particulièrement à la jonglerie. Il se forme ainsi à différentes techniques artistiques telles que la danse contemporaine, le mime et le jeu d’acteur. En 1994, il devient l’élève de Jérôme Thomas qui le forme au jonglage. En 1998, il fonde la compagnie Non Nova dont il est le directeur artistique et commence à écrire des formes spectaculaires. Ses créations sont pluridisciplinaires et tournent dans le monde entier.

 

 

 

 

Avec sa nouvelle création, Philippe Ménard a imaginé un dispositif extrême qui soumet son corps à une seule et unique compagne, froide et indomptable : la glace. Cette idée a germé il y a quelques années alors qu’il était en tournée au Burkina Faso avec son spectacle Ascenseur. Il y faisait tellement chaud, que le seul moyen de ventiler la salle était de placer des blocs de glace devant les ventilateurs. L’artiste n’avait qu’une seule envie, s’asseoir dessus. Jongler avec elle est plus qu’un défi, c’est un dialogue avec une matière se transformant à chaque instant. Du bloc congelé à la flaque d’eau, un parcours semé d’obstacles qui finit toujours par le ramener à la Position Parallèle au Plancher (PPP). Jongler avec la glace pour mieux saisir la métamorphose des choses. Philippe Ménard dont les costumes féminins traduisent sa transsexualité, fait de cette glace qui lui brûle les mains, l’image de sa brûlure intérieure : celle de son identité. Tantôt animal, tantôt diva, il nous ouvre les portes de son histoire secrète, au plus profond de l’intime. Le jongleur s’expose à une centaine de boules de glace suspendues au dessus de sa tête. Un décor mouvant, glissant, qui l’oblige à louvoyer pour maintenir son propre équilibre et éviter de s’échouer dans cette redoutée Position Parallèle au Plancher.

 

 

 

La Glace

            Pour l’artiste, la glace est une matière belle et transformable. Au plafond, cent vingt-cinq boules de glace sont suspendues et fondent sur toute la durée du spectacle. Les boules peuvent représenter des balles, des jouets (favorisant l’imaginaire des spectateurs) ce qui amène un côté ludique sur scène. A cela s’ajoutent les congélateurs robotisés qui se déplacent sur le plateau. Au fur et à mesure, ces éléments deviennent dangereux, la glace qui tombe peut blesser ou brûler, et l’interprète doit éviter la trajectoire des congélateurs. La glace est détournée de sa fonction première, elle devient le ventre d’une femme enceinte, un bébé ou encore une poussette. Le public réagit en fonction de ce que fait Philippe Ménard, ils ont tous les deux froid. Pour l’artiste, le plateau et la salle ne font qu’un.

 

La Performance

            Dans son spectacle, Philippe Ménard met son corps en danger. Pour lui, ce n’est pas du cirque, c’est plus que ça : il se sert du jonglage pour raconter quelque chose à la différence des spectacles de cirque qui montrent l’art en lui-même. Le jonglage dans son spectacle est minoritaire, la danse et le théâtre l’accompagnent. L’interprète a la faculté de s’adapter au froid : il peut psychologiquement augmenter la température de son corps qui va être refroidi par la glace. Il ne joue pas la chute des boules mais il la vit autant que le spectateur. Les trois quart des chutes sont aléatoires et seules trois sont lâchées en guise de repère pour lui. Il ne faut pas qu’il soit en contact direct avec la glace, il risquerait de rester collé. Il s’agit donc d’une performance car ce qui se produit sur scène est quelque chose qui a lieu ici et maintenant.

 

La Quête d’Identité

            Pour Philippe Ménard, l’objectif de P.P.P. est que le public ne souhaite pas être à sa place sur le plateau, car personne ne voudrait être transgenre. Le fait d’être transgenre lui permet d’avoir un double regard sur le monde. Pour lui, c’est une question d’identité et non de sexualité. Il veut que le spectateur se demande s’il est un homme ou une femme : il aime jouer sur cette ambiguïté car il ne veut pas être didactique. Les médias exposent les transgenres comme des personnes malades et mal dans leur peau alors que Philippe Ménard en fait une force créatrice. Il est en péril sur scène à cause de la glace mais aussi dans la société car la France n’accepte pas son identité.

 

 

Sources :

 

 

Pour aller plus loin :

 

 Article réalisé par Marine Brouillaud, Auriane Dall'Osso et Caroline Esnault.

 

 

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