Radix - Naomi Mutoh/ Laurent Paris

03.01.2010

Spectacle présenté au Glob Théâtre de Bordeaux du 2 au 11 décembre 2009

Que raconte Radix ?

Radix (« racines » en latin) fait partie de ces projets excitants qui tentent le lien entre des univers à priori éloignés. Ici, le butô, danse de l’exigence née au Japon sur le traumatisme d’Hiroshima, est confrontée à une musique rock brute, « métal », aiguisée et tranchante. Le mariage d’une chorégraphie toute en délicatesse et d’une composition musicale ultra-énergique. Aux manettes de ce projet qui revendique « l’expression incarnée » en lieu et place d’une consommation artistique dématérialisée, Naomi Mutoh et Laurent Paris ont construit un parcours « cho-rock-graphique » en 10 tableaux dont l’ambiance esthétique s’inspire des réalisations du plasticien allemand Anselm Kiefer – une vision graphique du monde entre enfer et paradis qui se classerait entre Bosch et Munch. Le résultat est une ballade visuelle et sonore qui conjugue danse, musique, chant et image pour la création d’une nouvelle frange poétique. Radix est la seconde collaboration artistique entre Naomi Mutoh (alors interprète) et SPINA, après un premier « clash » butô / rock en 2002 avec Togué de la compagnie Ariadone.

Qui est Laurent Paris ?

Laurent Paris est compositeur et guitariste pour Spina, groupe Electro-Rock-Indus de Bordeaux créé en 1991 qui tente d’opérer une synthèse créative entre, d’une part, l’image et le son et, d’autre part, l’homme et la machine. Tout au long de ces différents projets musicaux, le groupe Spina y intégrera les technologies émergentes afin de créer une adéquation optimale, aux limites de la transe, entre l’univers vibratoire et organique du rock et celui, plus froid, des machines.

Qui est Naomi Mutoh ?

Originaire du Japon, Naomi Mutoh appartient à la génération de ces nouveaux danseurs contemporains qui, nourris de la danse butô, tentent de créer un lien entre traditions et modernités. Naomi Mutoh a suivi une formation en improvisation sur la base du butô à Tokyo auprès d’un des plus grands disciples de cette danse : Tetsuro Fukuhara fondateur de la Space Danse.1 La fin de cette expérience en 1990 fera les débuts de Naomi Mutoh comme danseuse professionnelle en intégrant la compagnie Bodhi Sattva de Tetsuro Fukuhara qui lui permettra de monter sur les plus prestigieuses scènes d’Europe dès l’âge de 21 ans. C’est en intégrant Ariadone, la compagnie de Carlotta Ikeda, qu’elle établit ses quartiers à Bordeaux, avant de quitter la chorgéraphe pour suivre sa propre aventure artistique. Naomi Mutoh avait été accueillie précédemment au GLOB avec deux soli, Les Papillons et l’Eau de son sein en janvier 2007.

Point sur la danse Butô :

C’est un mouvement qui revendique une totale modernité est né au Japon. En même temps qu'éclataient les révoltes étudiantes, Miura Isso et Hijikata Tatsumi ont créé avec le Buto une forme de ballet qui veut, par son expression tragique, être l'écho des terribles catastrophes qui ont frappé le Japon. Certes, ils puisent dans la tradition du no la lenteur de leurs évolutions, mais ils refusent l'esthétique du passé et d'une certaine manière ils seraient plus proches de Mary Wigman dans le commentaire dansé qu'ils donnent à la mort apocalyptique. Ashikawa Yoko avec La Danse des ténèbres, Oono Kazuo avec Hommages à la Argentina sont les représentants les plus raffinés et les plus émouvants de cette danse. [1]

[1]http://www.universalis-edu.com/article2.php?napp=92118&nref=C930671#06040000 , consulté le 09/12/09. Encyclopédie universalis

Pour aller plus loin :

http://www.youtube.com/watch?v=fyh6TNMcch0

(Extraits vidéo du spectacle)

http://www.globtheatre.net/images/Docs/Entretien_Radix.pdf

(Rencontre avec Laurent Paris, compositeur et interprète, et Frank Le Galliard, vidéaste.)

Article écrit par Laure Aso, Cécile Larget, Camille Monmège et Eugénie Péron-Douté - L3