Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
Spectacle présenté au Théâtre des 4 saisons le 15 novembre 2011
© Ateliers du spectacle
La compagnie : La compagnie Les Ateliers du Spectacle fut créée en 1988 par Jean-Pierre Larroche. Depuis sa création 17 spectacles ont vu le jour notamment et Le Rébus Malheureux qui fut le premier spectacle de la compagnie.
Mise en scène et conception :Jean-Pierre Larroche, scènographe depuis plus de quinze ans est un homme de spectacle puisqu'il réalise dessins, décors, documents graphiques divers mais il est également marionnettiste et plasticien. Dans ce spectacle, au côté de Frédéric Révérend, il crée dit-il pour la première fois un spectacle « avec de vraies marionnettes ». En effet, habitué à mettre en scène des « machineries visuelles », il se rapproche avec Tête de mort d'un travail plus centré sur la marionnettes à gaines que sur d'autre formes semblables à celle-ci.
Frédéric Révérend lui, comédien à l'origine et aujourd'hui auteur, dramaturge, metteur en scène et traducteur.
Distribution :
Avec : Juliette Belliard, Mickaël Chouquet, Justine Macadoux et Jean-Pierre Larroche.
Conception sonore : Catherine Pavet
Régie son : Emile Larroche
Lumières : Jean-Yves Courcoux
Dans ce spectacle, la Mort tient le rôle principal, les marionnettes à gaines n'hésitent d'ailleurs pas à se donner la mort, à la recevoir, à la raconter, à la danser, à la rêver et même à la dessiner.
Sous nos yeux se déroulent des scènes brèves mettant en scène des marionnettes, des êtres inanimés et un homme. Ici, « La Mort est une figure bien vivante », sans cesse elle se joue d'elle même, elle rit, elle danse, elle dort ou se réveille, elle est sur tous les tableaux et notamment sur un tableau/écran qui déroule sous nos yeux des formes incertaines symbolisant la vie, la mort, le temps qui passe.
L'image du temps qui passe est très présente dans ce spectacle, où chaque disparition fait naître une apparition, où les images de la Mort s'enchainent les unes après les autres laissant derrière elles une danse jonglant entre vivant et mort.
D'ailleurs, pour les « Ateliers du spectacle », la danse est l'élément majeur de « Tête de mort »:
« Notre motif d’origine est celui des danses de mort. Danses joyeuses et vives qui nous viennent des représentations médiévales, elles mêlaient morts et vivants en soulignant la vanité des distinctions sociales et la Mort entraînait dans la danse toutes les figures sociales, des plus puissants aux plus pauvres » (cf dossier du spectacle).
En ce qui concerne la scénographie :
La scène frontale du Théâtre des 4 saisons nous fait découvrir au centre du plateau, un large et haut mur en toile (4 mètre de large sur 2 mètre de hauteur ) qui est en fait un castelet dissimulant les acteurs et permettant le jeu des marionnettes. A jardin trône une haute chaise surplombant ce castelet, un tableau/écran, un miroir et une lampe. Sur cette chaise est perché un homme dessinant au fur et à mesure de la pièce ces formes incertaines sur ce tableau faisant apparaitre ou disparaitre : cercles et têtes (peut être de morts ou de vivants ? ). En revanche sur le castelet, seules les marionnettes sont présentes et nous font découvrir cette Mort sous toutes ses formes : fantôme, squelettes, têtes de morts, os… Derrière ce castelet, trois panneaux noirs suspendus par des guindes sont tantôt visibles tantôt invisibles, noirs ou support d'un dessin de squelette, suivant les scènes jouées. Une installation avec une petite moissonneuse batteuse représentant les rêves de la marionnette Faucheuse est même suspendu au dessus de celui-ci.
Au fur et à mesure du spectacle le décor bouge, les panneaux se dressent, des tas de déchets s'accumulent sur les côtés du castelet, ou sont dissimulés par celui-ci. Ce mur de toile est une véritable aire de jeu où chutes, projections et déplacements se mêlent. Ce décor de bric-à-brac est réellement vivant.
Pour nous interroger sur notre rapport à la Mort, les marionnettes vont même jusqu'à projeter à l'aide d'un miroir, les reflets d'une tête de mort dans toute la salle.
© David Schaffer / Anne-MarieSagaire-Durst / Marie Odile et René Jacquemet/ Francois Legay
La petite marionnette Faucheuse trainant sa faux tant bien que mal nous entraine alors dans une aventure macabre où tout est toujours remis en cause, où tout change et se modifie.
Ces modifications sont alors même exploitées dans le langage des marionnettes. En effet, dans ce spectacle la Mort n'est pas très bavarde, son langage n'est constitué que de rébus, de jeux de mots, d'associations d'idées, de paronymie.
Dans « Tête de mort », le jeu est alors partout, mélangeant ludique et macabre au gré des envies des acteurs manipulant ces marionnettes à bout de bras pendant plus d'une heure.
© David Schaffer / Anne-MarieSagaire-Durst / Marie Odile et René Jacquemet/ Francois Legay
Pour aller plus loin :
http://www.ateliers-du-spectacle.org/
http://www.festival-marionnette.com/
Pour aller encore plus loin :
Quelles relations les manipulateurs entretiennent-ils avec les marionnettes ? Avec le comédien ?
Si ce sujet n'avait pas été traité sous forme d'un théâtre de marionnettes, l'effet sur le spectateur aurait-il été différent ?
Et la solution du rébus :
Mordant l’angle mort du morceau de mortadelle, le mort de faim mordu par un morpion morose se morfond pour amortir son trépas morphologique. Morbleu voici la mort immortelle sans remord ! Le moribond mort de chagrin n’en démord pas. Moralité : l’amor est au point mort
Article réalisé par : Adeline Chaigne, Helene Godet et Anaïs Laville.