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14 mars 2008 5 14 /03 /mars /2008 20:54


LES FOURBERIES DE SCAPIN

 

De Molière

Mise en marionnettes: Emilie Valantin

Interprétation: Jean Sclavis


 

 

Comédie en trois actes créée en 1671 au théâtre du Palais-Royal à Paris, Les Fourberies de Scapin semblent reprendre à leur compte, avec virtuosité, les tours et les figures de la comédie latine, puis italienne. D'antiques problèmes, que Molière (1622-1673) adapte à la société moderne, y sont traités.



Résumé de la pièce


En l'absence de leurs parents respectifs, Octave s'est marié en secret avec Hyacinte, jeune fille pauvre au passé mystérieux, et Léandre est tombé amoureux d'une Egyptienne, Zerbinette. Mais voici que les pères, Argante et Géronte, rentrent de voyage avec des projets de mariage pour leurs enfants. Les fils ne savent plus à qui se confier pour résoudre leurs problèmes. Scapin, le valet de Léandre, s'engage à tout arranger par ses mensonges et ses manigances (ses fourberies), il imagine de soutirer aux deux pères l'argent nécessaire pour faire triompher l'amour et la jeunesse. Mais qui sont en réalité Hyacinte et Zerbinette ? Scapin réussirat-il sa mission impossible ? Rassurons-nous, tout finira dans la joie et Scapin sera porté en triomphe à la table du festin.


D'après les sites web site-moliere.com et universalis.fr



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Il s’agit d’une adaptation par coupes ou « réduction » des Fourberies de Scapin de Molière, d’une durée d’environ 1 h 20. C’est une performance d’acteur qui se joue avec des sacs, des leviers de déchargements, huit marionnettes de grande taille (140 cm environ), un comédien manipulateur et deux régisseurs.

Afin d’éviter les deux écueils que représentent la reconstitution historique et la réactualisation artificielle, l’action se situe dans un passé imaginaire assouplissant les références historiques des décors et costumes, afin de mieux coller à l’esprit de l’œuvre qui est celui d’une « farce » au sens culinaire du terme ; c’est-à-dire, une conglomération d’aliments et d’éléments.


" Un spectacle qui dépoussière la tradition molièresque et épouse l’esprit originel du texte, celui de la farce." La Scène.

 


Pourquoi cette proposition de Jean Sclavis ?


Après ma sortie du conservatoire d’art dramatique de Lyon, où je me spécialisais dans « l’emploi », au sens classique du terme, de valet de comédie, je créais le rôle de Scapin dans une production lyonnaise.

Au cours de tournées ultérieures, et suite aux empêchements successifs de plusieurs comédiens de la troupe, je fus appelé pour endosser leurs personnages, si bien que je finis par savoir plusieurs des rôles masculins de la pièce ; l’idée d’un spectacle en soliste commença à germer dans mon esprit.

Peu de temps après, l’interpellation d’un ancien directeur du Guignol de Lyon afin de monter la pièce en marionnette avec l’accent lyonnais me guida sur une piste nouvelle, même si ce projet ne vit pas le jour : celui d’un « Scapin / Manipulateur ». Enfin, quinze ans d’expérience avec Emilie Valantin me confortent dans la faisabilité d’un spectacle en soliste avec des marionnettes.

Ma proposition vient apporter au répertoire du Théâtre du Fust un contrepoint classique, pour prendre en compte la nécessité de créer ou recréer des repères sur le théâtre. Le personnage de Scapin, qui laisse le choix de plusieurs degrés de lecture, est une des sources de l’art de « l’innocence / insolence », associée à la solitude sociale, et à l’auto-dérision. Nous avons déjà exploré cette attitude, si compatible avec la marionnette, dans « J’ai gêné, et je gênerai » sur des textes de Daniil Harms, et avec le personnage du Zay, inspiré des contes de Nasr-Eddin, dans le répertoire des Castelets.

On pourrait évoquer aussi Guignol et Karageuz…etc…


Jean Sclavis


fourberies2-copie-3.jpg

 

Issu du conservatoire en classes d’art dramatique et de percussions, Jean Sclavis a son premier rôle dans Le Jeu de l’amour et du hasard au théâtre de Lyon en 1986 grâce à Philippe Faure. Il travaille ensuite avec Jean-Paul Lucet au théâtre des Célestins, avec Sylvie Mongin-Algan, Anne Courel et Philippe Clément dans plusieurs salles lyonnaises. Il rencontre Emilie Valantin au cours d’un stage et joue pour la première fois au Théâtre du Fust en 1990 dans Le Vicomte pourfendu d’Italo Calvino. Il aime, dans la manipulation, canaliser l’énergie du jeu :

« La marionnette, c’est ma camisole de force ». Il assiste Emilie Valantin à la mise en scène et participe à toutes les créations du Théâtre du Fust.


 

Entretien d'Etienne Faye avec Emilie Valantin, pour le Théâtre de la Renaissance


Le Théâtre du Fust présente sa nouvelle création, Les Fourberies de Scapin, au Théâtre de la Renaissance à Oullins. La version est inédite puisqu’il s’agit d’un spectacle de marionnettes. L’idée est de l’acteur Jean Sclavis, qui sera le manipulateur et les voix de tous les personnages. Le petit frère de Louis devra donc faire preuve d’une virtuosité dont la metteuse en scène Emilie Valantin se réjouit à l’avance


J’ai souvenir d’avoir longtemps pensé que Molière était tout sauf drôle…

  Emilie Valantin : Molière, ce n’est pas forcément drôle ! D’ailleurs je sais qu’étudier Molière, c’est souvent le rendre ennuyeux. C’est pareil pour Lafontaine, par exemple, on devrait plutôt étudier ses Contes et ses Nouvelles, en vers, qui sont bien plus amusants que les Fables ! Maintenant, chez Molière, on voudrait absolument nous convaincre que telles attitudes, telles répliques sont à mourir de rire, alors qu’il y a plus intéressant. Comme chez Lafontaine, il y a ce que les Foucauld appelle « L’illégalisme du peuple », les petites transgressions qui rendent la loi générale plus digeste.


Comment se présente votre Scapin ?

  Jean Sclavis, depuis le Conservatoire d’Art Dramatique de Lyon, a joué à peu près tous les rôles de cette farce qu’il connaît par cœur. Il m’a donc proposé de la revisiter, à l’âge mur. Elle sera moins virevoltante, peut-être, et assurément plus grave. Vous connaissez l’histoire, c’est d’abord un conflit de génération. Deux fils un peu falots, sans grand intérêt pour tout dire, cèdent ni plus ni moins à leurs désirs sexuels et, pour coucher, se marient en catimini. D’où la colère des pères, Géronte et Argante, eux-mêmes assez sots, bouffis d’orgueil et, pour couronner le toute, avares. Là-dessus, Scapin intervient en véritable activiste de l’embrouille. Ce personnage éponyme est un valet qui a une revanche à prendre, et une revanche sociale. Il faut savoir que le maître a presque droit de vie et de mort sur son serviteur : on apprend, au détour de la pièce, que Scapin a fait plusieurs années de galère, ce n’est pas rien ! Les fourberies auxquelles nous assistons, pour cruelles qu’elles soient, ne sont pas gratuites !


Il s’agit d’un spectacle de Marionnettes…

  Le personnage de Scapin, manipulateur proverbial, est une évidence pour les marionnettistes que nous sommes. Le jeu d’aller-retour entre Scapin et Sclavis sera intéressant. Jean Sclavis montrera toute l’étendue de sa maîtrise et de son talent, puisqu’il jouera tous les rôles et même, il chantera celui de Hyacinthe, l’amoureuse d’Octave, grâce à une musique et un accompagnement au clavecin de Vincent Demeester. Imaginez un quai en planches dans le port de Naples, avec le Vésuve et sa lumière rouge en fonds. Les marionnettes mesureront à peu près un mètre trente, elles surgiront de sacs de déchargement, puis seront suspendues par des palans en attendant leur manipulateur. Nous avons demandé à trois jeunes costumières du Lycée Diderot, sur les pentes de la Croix Rousse, de fabriquer les costumes et ils seront magnifiques ! Des costumes d’époque mais en toile Denim, pour représenter le droguet d’autrefois, avec des galons dorés ici ou là… Bref, des redingotes confectionnées dans les règles de l’art…


Avez-vous dû adapter la pièce ?

  Non, pas « adaptée », nous avons plutôt opéré quelques coupes dans le texte original : on dit que nous l’avons « réduit ». Le format sera ainsi plus moderne, un spectacle d’une heure un quart, c’est à peu près la quantité d’attention d’un public en fin de journée. Attention, je dis cela sans ironie car je suis de celles qui s’intéressent d’abord à la perception des spectateurs. Des états d’âmes, j’en ai, mais je me demande toujours s’ils peuvent intéresser le public. »



Le Théâtre du Fust est dirigé par sa fondatrice Emilie Valantin depuis 1975.

Il est implanté en Rhône-Alpes et revendique clairement le titre de théâtre de marionnettes. Le raffinement esthétique et technique est au cœur de ses préoccupations et la virtuosité sert avant tout le sens : la place réservée aux auteurs dans le répertoire du Fust en est témoin, Maeterlinck, Léon Bloy, Gilbert Lascault, Ovide, Italo Calvino, Paul Fournel, Daniil Harms, Clément Rosset, Edmond Rostand...


 

 

D' après les sites web du Théâtre du Fust et du Théâtre des Quatre Saisons

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commentaires

L
<br /> Une pièce qui vaut le coup d'être découverte, ce serait vraiment dommage de passer à côté :)<br /> Je viens d'ailleurs de poster ma critique sur "Les Fourberies de Scapin" de Molière sur mon blog...<br /> <br /> Joli article, je reviendrais ;)<br /> Bonne continuation !!<br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Merci pour ta visite Luna !<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
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