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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 19:22

 

 

(Note : au vu du poids des images et de la longueur de l'article, cet avant-papier est publié en deux parties. N'oubliez pas de lire la suite)


 

Rédaction de l’avant-papier : Rachel Masurel, Margot Leydet-Guibard, Laura Seaux, Sébastien Milon, Gala Moreau, Ivana Raibaud.

 

 

 

Donc en résumé je continue à rêver...


 

Mise en scène de THIBAULT LEBERT avec Laëtitia Andrieu, Jérôme Thibault et Ismel Gonzalez Perez.

 

 

1

La scénographie et la mise en scène

 

Dès notre arrivée dans la salle, les deux comédiens et le danseur sont déjà en jeu. Ils effectuent une sorte d’échauffement, d’entrainement. La lumière est faible et une ambiance sonore des rues de Cuba se fait entendre. La scénographie du spectacle est à la fois simple et épurée, ce qui laisse libre l’imagination du spectateur. Le plateau est recouvert d’un sol blanc, telle une feuille de papier où des histoires vont s’écrire. Cet espace vierge sert de rencontres, d’expression et de témoignages. À l’extérieur de cet espace sont positionnées des chaises sur lesquelles les comédiens (les personnages ?) peuvent se reposer en attendant leur tour de parole. Des projecteurs d’une lumière blanche froide éclairent le plateau, certains sont positionnés au sol, à vue, et tracent des axes dans l’espace. À la fin la lumière est même braquée sur le public. Côté cour et côté jardin, nous pouvons voir une table avec un technicien son et lumière. Ils sont visibles par le public et font entièrement partie du spectacle puisque qu’à un moment un technicien apporte le micro au comédien pour qu’il puisse réciter son texte.

 


Le Témoignage : le fil conducteur du spectacle

 

Pour réaliser le spectacle, la compagnie des songes s'est inspirée de témoignages réels qu'elle a recueillis à Cuba et en France, tout en y mêlant improvisations et danse. Comment s'exprimer dans un monde qui veut vous en empêcher ? C'est le langage sous toutes ses formes qui prend alors vie et permet le dialogue entre ces deux cultures. Ici le témoignage, transparaît par la parole et une voix-off. Les personnages partagent avec le spectateur des instants personnels, appuyés et éclairés réciproquement par la danse et la musique. 

 

« La Chine ! J’aimerais aller en Chine, imaginez-vous. Dans un pays 

où tout le monde est pareil, imaginez la différence que j’apporterais, moi ! »  

(Dossier de presse – Cie des Songes – Création 2013) 

 

Le spectacle expose, d'une part, ce désir d'évasion et de découverte, cette conquête du bonheur, du changement (une idée de « révolution » chez les autres) et, d'autre part, il expose les préjugés, les idées préconçues propres à chaque culture, édifiées en fonction des histoires individuelles et collectives. Il paraît difficile de sortir de son individualité pour voir qu'en fait les choses ne sont peut-être pas comme “on” voudrait nous les faire croire. La notion d' « imaginer » est énoncée ici. Identification, projection, distance ? Quel rapport le spectateur entretient-il avec la proposition ? S’il est assez difficile de se mettre à la place du personnage pour imaginer la situation, il est toutefois possible de tenter de s’en faire une image. Le spectateur se retrouve ainsi dans la même position que l'homme sur scène : il recherche ce que cela pourrait être, comment cela pourrait être, en se basant sur ses propres connaissances et ressentis. 

 

« Quand j’étais petit on avait un téléphone et même pas la télé. 

Maintenant chez moi il y a deux télés, deux téléphones fixes, trois 

téléphones portables, deux écrans d’ordinateur, on a neuf écrans, neuf 

appareils pour être en contact. Pour ne pas perdre le fil. »

(Dossier de presse – Cie des Songes) 

 

Le thème du souvenir est également évoqué ; le temps passe, les corps et les esprits évoluent, en lien avec les sociétés où les personnages évoluent. Société de consommation, voire de surconsommation, le bonheur entretient des relations avec le fait de posséder et de dépenser. Le personnage fait remarquer qu'auparavant, le rapport à la technologie était moins développé qu’aujourd’hui, trahissant un besoin permanent d'être en lien avec l’autre, le monde extérieur, par tous les moyens. Est-ce une manière de traduire l'angoisse de se retrouver seul avec soi-même ?

 

 

« Des yeux ça regarde et un corps ça frétille. Les poissons sont dans ta tête.  

Je ne vais pas arrêter de respirer pour que tu puisses te détendre. » -Lui.

(Dossier de presse – Cie des Songes – Création 2013) 

 

« Elle » se pose beaucoup de questions et agit peu, elle est enfermée dans sa tête. « Lui », lui fait comprendre que bouger c'est « respirer », agir est donc vital. Il semble libérée et refuse de se cloîtrer pour l'apaiser, car il en mourrait. En soi, nous comprenons que pour rassurer « Elle » il faudrait devenir comme elle. Le bonheur prendrait vie dans la ressemblance. Mais on ne peut gommer les différences entre deux êtres, modifier l'un pour tranquilliser l'autre. C'est la ressemblance qui console, qui « sécurise », mais elle peut aussi tuer. Surtout quand l'une paraît mourir peu à peu, isolée dans sa tête, se retrouvant seule face à elle-même. C'est l'expression, la communication qui se révèle être bénéfique. Quand ce qui est dans la tête peut sortir, évacuer les sentiments et partager. L'homme existe par le regard de l'autre, car sans personne d'autre, qui peut constater son existence ? Lui donner une valeur ? Sartre disait « J’ai besoin de la médiation d’autrui pour être ce que je suis » (L’être et le néant).  

 

 

 

 

 

 

__________

1 Pour davatage d'informations sur le festival, voir le site du Théâtre des Chimères, concepteur et organisateur de cet événement depuis plus de vingt ans : http://theatre-des-chimeres.com/wordpress/les-translatines/translatines-2013/

2 Présentation de la compagnie, site de l'OARA : http://oara.fr/compagnie/compagnie-des-songes

3 Texte de présentation du spectacle, site du Glob Théâtre : http://www.globtheatre.net/index.php?option=com_content&view=article&id=65&Itemid=390

 

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