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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 18:15

  

 

Spectacle présenté du 2 au 11 février 2012 au Glob Théâtre

 

 

 

 

Rage-image-1.jpg

 

Trois danseurs de Rage

 ©Pierre Planchenault

 


 

Anthony Egéa et la compagnie Rêvolution :


Anthony Egéa est un danseur et chorégraphe issu de la danse de rue.

Dès 1984, il amorce un long processus d'apprentissage de la danse hip-hop. C’est alors avec un certificat d’étude du Conservatoire National de Bordeaux et un brevet d’Etat d’éducateur sportif qu’il décide de faire carrière dans le domaine de la danse. Il continue son apprentissage à l’Ecole Supérieure Rosella Hightower de Cannes et termine ensuite sa formation au Dance Theater de Alvin Ailey à New-York.

Il crée sa propre compagnie (Rêvolution) en 1991 et son travail est essentiellement reconnu pour remettre en question la gestuelle des danseurs et le mélange des styles. Ensuite, il faut savoir que les œuvres de la compagnie sont le fruit d’un bon nombre de collaborations et de rencontres. Ainsi, des pièces chorégraphiques comme Amazones (2003), Soli (2005), ou Urban Ballet (2008), mêlent des styles très différents comme le hip-hop, le modern’jazz, ou encore, le contemporain. En 2012, il propose une nouvelle création (Rage) qui mêle encore d'autres styles de danse.


Le spectacle Rage :


Rage est l’histoire d’une rencontre, celle d’Anthony Egéa et de six danseurs africains. En effet, c'est lors d'une tournée du chorégraphe en Afrique de l'Ouest et Afrique Centrale (en 2009), qu'est née l'envie d'une création mettant en scène des danseurs africains. Ainsi créée en 2012 au Glob Théâtre de Bordeaux, elle est l’union de l’énergie du Krump (danse de rébellion née dans les ghettos américains), du hip-hop (très présent en Afrique), ainsi que des danses traditionnelles et contemporaines.

C’est une pièce sur « UNE Afrique contemporaine », une vision de ce pays animée par chacun des danseurs grâce à leur propre expérience et leurs vécus respectifs. Elle porte alors les échos d'existences violentes et révoltées. A travers cette pièce, Anthony Egéa veut « proposer des images et des états de corps qui nous interrogent ». Il essaye ainsi de chorégraphier véritablement des coups de nerfs, des états de transe. D’après lui, « les danseurs de ce projet sont au cœur de la création ».

 

L'essentiel de la scénographie peut se résumer à la mise en place de six enceintes (une pour chaque danseur). Ces enceintes qui émettent de la musique diégétique peuvent aussi éclairer certains éléments sur scène (principalement les danseurs). Elles sont déplacées tout au long du spectacle en fonction des différents tableaux.

Dans un premier temps, les danseurs sont assis sur les enceintes. C’est un moment en partie d’attente, où la pression du temps qui passe est palpable, mais où on assiste à une gestuelle quotidienne mise en relief avec de très beaux ensembles chorégraphiques. Ensuite, placées en cercle, elles forment un ring où les danseurs se retrouvent à « se battre » (de façon chorégraphiée, notamment avec des figures de hip-hop), dans un espace où la loi du plus fort l’emporte. Enfin, empilées, elles peuvent prendre la forme d’une estrade pour disc-jockey (symbolisant la fête et l’amusement) ou encore, celle d’un trône (symbolisant le pouvoir, but éternellement recherché par chacun).

L'éclairage constitue un élément essentiel de la composition. Il se définit par une ampoule au plafond, huit projecteurs rasants (quatre côté cour et quatre côté jardin), un carré de seize projecteurs sur le mur côté jardin, une lumière « disco » de toutes les couleurs au fond côté cour, un néon blanc que les danseurs manipulent durant la représentation, la lumière des enceintes, ainsi que le dispositif au plafond (qui permet l'éclairage en douche, etc). Cet éclairage relativement complexe est intéressant car il permet notamment de « transformer » le corps des danseurs : on découvre le dos, les muscles en mouvement et non le corps dans sa totalité.

Rage s’appuie donc principalement sur ces différents aspects : l’espace composé grâce aux enceintes, le temps divisé par l'intermédiaire des différents tableaux et la lumière qui permet d'éclairer cette description (originale mais réaliste) de l’Afrique. Point important du spectacle, l'Afrique est ici représentée dans une certaine globalité par la puissance des images, des sensations et des musiques, et elle est aussi évoquée en tant qu'ensemble de particularismes de différents pays et ethnies. La vision de cette Afrique « aux visages multiples » est exploitée et l'ambiguïté qu'elle fait apparaître est poussée à l'extrême lorsque les danseurs s'habillent avec des costumes de couleur (rouge, jaune, vert, bleu ciel, mauve et beige) pour « aller en boîte de nuit » : ils sont en fait projetés volontairement à contre-courant de la réalité africaine. Le passage entre ces deux mondes est donc souligné par le changement entre des costumes très simples (tee-shirts et pantalons gris ou blancs, parfois torse nus) et des costumes un peu extravagants. De même, jouant sur l'alternance des chuchotements et des cris et employant le français et des langues d'Afrique, on peut penser que la voix permet de renforcer cette image d'une Afrique aux différentes facettes.

 

 

Rage image 2

 

Trois danseurs de Rage

 ©Pierre Planchenault

 

 

Pour aller plus loin dans notre réflexion, on peut se demander :

 

La danse aurait-elle pu par elle-même, sans éléments de scénographie, être aussi significative ?

Quelle identité de l'homme le chorégraphe a-t-il voulu mettre davantage en avant : l'homme primitif, simple, combatif, qui se révolte, ou l'homme libéré de ses angoisses, qui sait bouger et s'amuser ?

La pièce aurait-elle eu le même impact si elle avait mise en scène des danseurs européens ?

Liens Internet :

Le site de la Compagnie Rêvolution : http://www.cie-revolution.com/compagnie.php

L'article de présentation du spectacle sur le site du Glob :

http://www.globtheatre.net/index.php?option=com_content&view=article&id=229&Itemid=314

 


Article réalisé par Julien De Las Heras, Sophie Abad et Alice Lejeau.

 

 

 

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