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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 16:18

 

 

Spectacle présenté au TnBA du 14 au 17 février 2012

 

 

 

Georges Feydeau (1862-1921) est un auteur dramatique spécialiste du vaudeville. Il se consacre très tôt au théâtre et à l’écriture. C’est à la fin du XIXe siècle qu’il écrit ses pièces les plus fameuses (Un fil à la patte en 1894, Le Dindon en 1896). L’ensemble de son œuvre est majoritairement composé de vaudevilles, riches en quiproquos et comique de situations, mais aussi un recueil de monologues et une série de courtes pièces, appelées farces conjugales (Feu la mère de madame, par exemple). Ses pièces connaissent encore aujourd’hui un franc succès. Elles sont traduites dans des dizaines de langues et montées par de nombreux metteurs en scène. C’est le cas de Philippe Adrien.


Philippe Adrien s’est essayé à de nombreux métiers du théâtre. Il commence avec celui de comédien, puis devient assistant d’Yves Robert et de Jean-Marie Serreau. Dès 1965, il écrit ses premières pièces. Il succède à Antoine Vitez en prenant la direction du Théâtre du Quartier d’Ivry, puis fonde en 1985 l’ARRT (Atelier de Recherche et de Réalisation Théâtrale) à la Cartoucherie. Pour finir, il devient professeur d’interprétation au Conservatoire en parallèle de ses mises en scène.


Le Dindon est avant tout une comédie appartenant au genre du vaudeville. Il serait trop réducteur de résumer un Feydeau au schéma classique du triangle amoureux : mari-femme-amant. Certes, c'est une base récurrente dans ses œuvres, mais il faut ajouter à cela la multiplicité des personnages et la complexité des intrigues qui se font et se défont, l'art de manier le quiproquo, les retournements de situation, le mensonge, et bien plus encore.


Le Dindon, c'est l'histoire de Lucienne Vatelin, une femme honnête et fidèle, qui aime son mari Crepin qui lui suffit. Elle ne consentira à prendre un amant si, et seulement si, elle surprenait son mari dans les bras d'une autre, aux grands désespoirs de ses deux soupirants, Pontagnac et Rédillon. Malheureusement pour eux, Vatelin semble être la fidélité incarnée. Or, son ancienne maîtresse, Maggy Soldignac, arrive subitement de Londres pour raviver une flamme que Vatelin pensait laissée de l'autre côté de la Manche. Devant la froideur de Vatelin, elle menace de se tuer s'il ne lui accorde pas ses faveurs dans une chambre d'hôtel qu'elle a louée pour l'occasion. Piégé, il se confie à son "ami" Pontagnac, qui s'empresse de prévenir Lucienne. Entre temps, Mr Soldignac apprend à Vatelin qu'il vient à Paris pour surprendre sa femme en plein adultère avec son mystérieux amant, qui n'est autre que Vatelin lui-même. S'en suit une multitude de péripéties, de confusions, de rebondissement, de femmes cachées dans le placard, de maris empêtrés, et tout cela dans une seule chambre d'hôtel. Lucienne croit surprendre son mari dans le lit d'une autre, Pontagnac se voit accusé de deux adultères avec des femmes qu'il ne connait pas. Lucienne se rend chez Rédillon pour accomplir sa vengeance, puis change son fusil d'épaule en choisissant Pontagnac comme vengeur. Finalement, Vatelin est pardonné, Lucienne rassurée, Rédillon fatigué... Quant à Pontagnac, "c'était écrit [il] est le dindon " !

 

le-dindon-photo.jpg© Antonia Bozzi



La scénographie de la pièce se situe sur un plan surélevé qui occupe la quasi-totalité de l'espace scénique. Au centre de ce plan, les acteurs évoluent sur une tournette traversée par un mur qui contient une porte. Deux autres portes sur un cercle concentrique au disque, tournent autour du plateau. Ainsi, l'espace est le plus souvent constitué du mur et des trois portes. Les lieux changent instantanément lorsque le disque tourne. Un canapé à l’avant-scène et un autre sur à jardin échappent à ce cercle vicieux. Les acteurs ne sortent jamais en coulisse ; ceux qui ne jouent pas sont derrière le mur et peuvent changer le décor de la scène suivante. Dans sa mise en scène, Philippe Adrien ne se contente pas de faire claquer les portes, il les fait tourner !

 

 

La question du cercle est une thématique très importante dans la mise en scène de Philippe Adrien, ainsi que dans le texte de Feydeau. En effet, Lucienne avec son « trompe-moi et je te tromperai » met en lumière la fameuse loi du Talion qui plonge les personnages dans un cercle vicieux. Il est évident que Philippe Adrien a voulu donner une place toute particulière à ce cercle en le matérialisant physiquement sur le plateau. De plus, la musique qui accompagne les changements de lieux rappelle la mélodie des manèges, ceci peut-être une autre signification de ces différents cercles. Les personnages se cherchent, se trouvent, se perdent, se tournent autour, aussi bien au figuré qu'au sens propre.

Autres thématiques, cette fois-ci opposées, sont celles du réalisme et de l'onirisme dans la pièce. Pour ce qui est des décors, on peut tout à fait reconnaitre les intérieurs bourgeois du XIXe siècle, de même pour les costumes. Or, Philippe Adrien, glisse des éléments plus mystérieux, pour créer une atmosphère de rêve ou de cauchemar.

 

Quant au jeu des comédiens, on peut y voir un nouvel aspect du travail de Philippe Adrien sur cette pièce. L'accent semble être donné sur un jeu éxagéré, passant beacoup par l'expression du corps. Ainsi, beaucoup de personnages sont apparentés à des animaux, Rédillon joue le petit chien, et Pontagnac prend le rôle du taureau dans la scène de conquête (corrida) finale. Faire surgir l'animal des personnages va dans le sens d'un jeu corporel poussé, jusque dans l'expression de pulsions violentes. On rappelera tout de même que le personnage éponyme de la pièce est un animal, peut-être Feydeau lui-même aura-t-il soufflé l'idée à Philippe Adrien ?


Quelques pistes pour la critique :


Que signifie monter un Feydeau de nos jours ? Comment réactiver un genre traditionnel, parfois considéré comme obsolète ? Comment le vaudeville, genre qui vise en premier lieu le divertissement, oeuvre-t-il toujours sur les spectateurs d'aujourd'hui ? En quoi la mise en scène et la scénographie de Philippe Adrien lui permettent-ils de se distinguer d'autres mises en scènes de Feydeau ?


le-dindon-photos.jpg

© Chantal Depagne-Palazon

 

 

Pour aller plus loin :


Extraits du spectacle et interview de Philippe Adrien :

 


 

 Site du Théâtre de la Tempête : link  http://www.la-tempete.fr/actualites/index.php 

Site de l'AART : link http://www.arrt.fr/spectacles.php 

Articles : link http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Actualite/Philippe-Adrien-met-en-scene-le-Dindon-la-machine-infernale-de-Feydeau-_NG_-2010-09-15-578680

 


 

Article rédigépar Claire Dobby, Samuel Knosp et Noémie Colardeau

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commentaires

M
I have heard that the turkey is primarily a comedy in the genre of vaudeville. The theme of this dram looks great and it also resembles some characters from history. It also goes through some funny and adventures moments.
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