1789 par Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil

Le Théâtre du Soleil

      Quelques éléments de chronologie :   

(Chronologie établie grâce à la chronologie disponible sur le site du Théâtre du Soleil : http://www.theatre-du-soleil.fr/).

- 27 oct 1959 : création de l’Association Théâtrale des Etudiants de Paris par Ariane Mnouchkine.

- 29 mai 1964 : Naissance du Théâtre du Soleil.

- 1964-65 : création Les Petits Bourgeois  de Maxime Gorki, adaptation d'Adamov, mise en scène de Mnouchkine.

- 1966 : La Cuisine, d’Arnold Wesker, adaption de P. Léotard, mise en scène de Mnouchkine (63.400 spect^r).

- 1968: Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, adaptation de Philippe Léotard, mise en scène de Mnouchkine (47.000 spect^r).

- 1969 : Les Clowns, création collective du Théâtre du Soleil, en collaboration avec le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, mise en scène de Mnouchkine (40.000 spect^r).

- Fin août 1970 : arrivée à la Cartoucherie de Vincennes.
- 12 novembre 1970 : 1789, créat° collective du Théâtre du Soleil, mise en scène de Mnouchkine (281.370 spect^r).
- 1972 : 1793, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène de Mnouchkine (102.100 spect^r).

- 1975 : L’Age d’or, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène de Mnouchkine (136.080 spect^r).
- 1976-77 : Molière, film écrit et mis en scène par Mnouchkine avec le Théâtre du Soleil.

- 1981-84 : « Les Shakespeare », traduction et mise en scène de Mnouchkine, Richard II (1981), La Nuit des Rois (1982), Henry IV (1984).
- 1987-88 : L’Indiade ou l’Inde de leurs rêves, d'Hélène Cixous, mise en scène de Mnouchkine (89.000 spect^r).
- 1990-93 : Les Atrides, mise en scène de Mnouchkine : Iphigénie à Aulis (1990, traduction Jean Bollack), Agamemnon d’Eschyle (1990, traduction de Mnouchkine), Les Choephores d’Eschyle (1991, traduction de Mnouchkine), Les Euménides d’Eschyle (1992, traduction de Cixous). (286.700 spect^r).
- 1995 : Le Tartuffe, Molière, mise en scène de Mnouchkine (122.000 spect^r).

- 1999 : Tambours sur la digue, sous forme de pièce ancienne pour marionnettes jouée par des acteurs, H. Cixous, mise en scène de Mnouchkine (150.000 spect^r).

- 3 avril 2003 : Le dernier Caravansérail (Odyssées) : le fleuve cruel, créat° collective.

- 22 novembre : Le dernier - Caravansérail (Odyssées) : origines et destins, créat° collective.

      La création de 1789 : 

     Comme le suggère le titre du spectacle, 1789  se focalise sur un moment particulier de l’histoire de France : la révolution française. Afin d'approfondir les connaissances des comédiens, un important travail préparatoire est mis en place par Ariane Mnouchkine. La troupe se documente, voit des films, lit des ouvrages relatifs à la révolution et suit les cours d'Elizabeth Brisson, spécialiste de cette période.

     Les répétitions commencent au Palais des Sports de Paris le 15 juillet 1970. Les comédiens travaillent seuls ou en groupe et effectuent des improvisations autour de thèmes généraux (les cahiers de doléances, Marie-Antoinette bergère au Trianon, les états-généraux…). Chaque jour sont proposées entre dix et quinze improvisations. Les comédiens choisissent ensemble les séquences à conserver. Chacun intervient dans la construction du spectacle. Très tôt pendant les répétitions, ils adoptent le point de vue d'une troupe de bateleurs de 1789, qui joue selon son ressenti et d'après ses connaissances de l'histoire.

Malheureusement le loyer du Palais des Sports et le coût de fonctionnement de la Compagnie dépassent les capacités financières de la Troupe. Le Soleil investit alors un nouvel espace, provisoire : la Cartoucherie de Vincennes. Les improvisations reprennent  et les comédiens disposent à présent d'une vingtaine d'heures de spectacle. Ils décident de créer deux spectacles distincts : 1789 concernera la période de janvier 1789 à juillet 1792, et une autre création prendra en charge la suite chronologique : 1793.

     Le 12 novembre 1970, 1789 est enfin créé à Milan, au Palazzo Lido, en collaboration avec le Piccolo Teatro. Le succès est immédiat mais la scénographie et le coût du spectacle rendent les acheteurs frileux. 1789 est seulement programmé par Sartrouville et Le Havre. Où jouer ?

A l'époque, la Cartoucherie de Vincennes sert de lieu de répétition et d'entrepôt (atelier de Dubuffet, décors de Jean-Louis Barrault). Elle n'est pas destinée à accueillir des représentations. La scénographie de 1789 exige un lieu vierge de type hangar ou gymnase (ses dimensions sont celles d’un terrain de basket-ball). La troupe prend une importante décision : 1789 sera joué à la Cartoucherie.

Les travaux sont très lourds. Il s'agit de réaménager totalement une ancienne fabrique de cartouches et de rendre le lieu disponible pour accueillir un spectacle de théâtre et du public. Les comédiens réparent les verrières, refont les murs et le sol, louent des équipements pour le chauffage (qui seront éteints pendant les représentations car trop bruyants).

     Enfin, le 26 décembre a lieu la première à la Cartoucherie. Malgré le froid - les comédiens, certains à moitié nus, rejettent de la buée, les spectateurs se recroquevillent dans des couvertures - la salle est comble et ce, pendant six mois. Les comédiens malades sont remplacés. La fête entamée par les comédiens déborde du plateau et investit la salle, générant des farandoles dans le public. Des spectateurs envahissent les tréteaux. Vincennes est sujet aux embouteillages. Le succès est total.

La dernière est programmée le 14 juillet, la représentation est gratuite et draine plus de 2000 spectateurs. Lors de la scène de la prise de la Bastille la fête sort de la salle et se prolonge dans grand bal improvisé.
     1789 est définitivement entré dans l'histoire du théâtre.

     Indications bibliographiques :

FERAL (Josette), Dresser un monument à l’éphémère : rencontres avec Ariane Mnouchkine, Éditions théâtrales, Paris, 1995, 88 p.

CRAMESNIL (Joël), La cartoucherie, une aventure théâtrale, Editions de l'Amandier, France, 2005, 473p.