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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Corps otages de Fadhel Jaïbi

Fadhel Jaïbi

Fadhel Jaïbi est une figure incontestable du théâtre arabe contemporain (co-fondateur de la troupe régionale de Gafsa en 1972, directeur du conservatoire national d'art dramatique 1974-78, co-fondateur avec Jalila Baccar de la première compagnie privée tunisienne « Le Nouveau Théâtre de Tunis » en 1976, auteur de plusieurs scénari et directeur de plusieurs stages de formation à Tunis et à l'étranger). 
Son théâtre, qu'il voudrait comme Vitez "élitaire pour tous", a été applaudi à Beyrouth, à Damas, au Caire. En Europe, il s'est d'abord fait connaître comme pédagogue et formateur, puis comme auteur et metteur en scène. Ses derniers spectacles (Comedia, Familia, Les Amoureux du café désert) ont tourné en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. En 2002, Junun (Démences), joué au Cloître des Célestins, est l'une des révélations du Festival d'Avignon. A Paris, Fadhel Jaïbi a présenté un monologue dramatique, ou « monodrame », sur la Palestine, intitulé A la recherche d'Aïda

Fadhek Jaïbi collabore avec Jalila Baccar (auteur et comédienne) pour créer un théâtre de corps (fait de chair et de sang, de mouvements et d'émotions, communiquant du coup à ses spectacles une énergie directe et convulsive), de confrontation et de quête.
De spectacle en spectacle, Jaïbi, s'interroge  sur la condition de l'homo tunisianus contemporain, telle qu'elle s'exprime dans une langue multiple (prose ou poésie pouvant alterner à trois niveaux linguistiques distincts : l'arabe littéraire, le bédouin, le dialecte tunisien urbain), et telle qu'elle résulte d'une histoire complexe, fragmentée, souvent ignorée et refoulée. Il s'agit de questionner et de comprendre le monde contemporain. Délier les langues, réveiller les mémoires, remonter le cours du temps et tenter d'inventer des parcours possibles, des figures qui suggèrent, au moins à titre d'exemples, ce qui a pu se produire et comment on en est arrivé là. La quête se fait donc enquête, et procède par confrontations : du présent avec le passé, des positions de parole masculine et féminine, de la nouvelle génération adulte avec celle de ses parents (eux-mêmes fils des premiers témoins de l'indépendance tunisienne, il y a un demi-siècle), du rationalisme marxiste des militants des années 60 et 70 avec les convictions fondamentalistes, mais aussi de l'Occident postcolonial avec l'Orient et le Maghreb (un face-à-face que Jaïbi a particulièrement approfondi dans une de ses créations les plus récentes : Araberlin, conçue et créée dans la capitale allemande).

(pour plus d'informations, consultez une biographie plus étoffée sur le site du Théâtre de l'Odéon, http://www.theatre-odeon.fr/new/fr/documentation/ressources/biographies/accueil-p-471.htm)


Corps otages 

Photo du spectacle Corps otages à l'Odéon" Son titre même renvoie à des réalités complémentaires et contradictoires, uniees dans une complexité à laquelle le spectacle de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar osent se confronter. Supposée laïque, la Tunisie est un pays où l’égalité entre hommes et femmes reconnue en droit, l’est imparfaitement dans les faits (mais, à vrai dire, où l’est elle ?), où l’homosexualité est passible de prison et où le pouvoir muselle la liberté d’expression. Un attentat-suicide sert alors de révélateur d’un conflit entre une jeunesse qui souffre, dont les perspectives d’avenir sont limitées, une génération de parents désabusée devant la manière dont le régime a piétiné ce pour quoi elle avait lutté au moment de l’indépendance, et un état dictatorial, prédateur et corrompu.

D’une grande économie de moyens, Corps otages, donne vie à des personnages qui ne sont jamais de simples représentants d’un courant d’idées ou d’un groupe social : ce spectacle qui se place au centre d’un affrontement idéologique et d’une faillite sociale et politique laisse pourtant émerger des individualités : le jeune femme qui se fait exploser, mais surtout son amie, emprisonnée et torturée à la suite de cet événement, la mère de cette dernière, qui doit concilier l’amour qu’elle porte à sa fille et l’incompréhension qu’elle ressent pour ses idées et ses choix de vie. L’ancien tortionnaire, enfin, que la mère écoute parler avant de le confronter à son mari, une de ses anciennes victimes.

Scénographie dépouillée où ce sont les corps des acteurs qui partagent l’espace dans une chorégraphie somptueuse, rigueur de la construction scénique, de la maîtrise de l’espace et du temps. Spectacle qui, à défaut de rendre espoir en l’avenir redonne confiance au théâtre qui, grâce à la force de la mise en scène et de comédiens exceptionnels peut dire tant sur notre monde."

Photo du spectacle Corps otage à l'Odéon

(articles et photos extraites du site http://theatre-danse.fluctuat.net)

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H
Bonjours.<br /> Merci encore pour toutes les informations qu’apporte ce blog. <br /> J'espère que même si l'année prochaine un nouveau cycle commence, les informations spectacles qui s'y trouvent cette année ne se perdrons pas et resterons encore disponibles pour tous.<br /> <br /> Pour ce spectacle de Fadhel Jaibi j'ouvre un sujet de débat vue qu'il n'y a momentanément plus de krinomen (ce qui génère d'une façon caricaturale une certaine frustration ou une frustration certaine...) et ayant pris goût à ce genre d’intervention. <br /> <br /> Corps Otage...<br /> <br /> (Ce petit avis donne uniquement une idée.)<br /> <br /> Ce spectacle, véhiculait un certain nombres de messages (voir article du blog).<br /> <br /> En passant outre la quantité de messages véhiculés voici un de ses grands points noirs :<br /> <br /> - Le sous titre : En se concentrant sur ce qui se dit dans la pièce et qui puis est reste très résumé, le spectateur a beaucoup de mal à apprécier l'intégralité de l'esthétique de la pièce alors que celle-ci doit dans le théâtre en reprenant la racine du mot (theatron : regarder, contempler) avoir une place bien plus importante que celle qui lui as été attribuée dans cette pièce.<br /> Sachant que le cerveau humain peut se concentrer sur une seule chose à la fois, on se voyait alors être tiraillé entre lire le texte et voir dans les angles du champ de vision uniquement des brides floues de certains passages, ou regarder la pièce et en apprécier son esthétique sans comprendre plus que les messages scénographiques et les quelques phases françaises qui étaient rarement offertes.<br /> <br /> Il est cependant vrai que le spectacle perdrait de son charme, de son intensité, et toute sa valeur fondamentale et morale s’il avait été joué en Français. <br /> <br /> On peut conclure que bien chanceux étaient ceux qui comprenaient l’arabe et les diférents niveaux de langages !!<br /> <br /> H-R.
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