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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

La Tercera Obra

La Tercera Obra, spectacle présenté au Carré des Jalles le 27 novembre 2007, dans le cycle "Vivante vidéo!"


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Vivante Vidéo ! Japon, France, Chili : le programme du Carré des Jalles cette année dans Novart fait place à de jeunes artistes d’horizon divers. Un point commun pourtant : la présence (remarquable), le rôle (joué), la place (centrale) que tient la vidéo sur le plateau. Qu’elle soit documentaire pour le collectif circassien GdRA, dramaturgique pour la troupe Teatro la Maria, esthétique pour le danseur-chorégraphe Hiroaki Umeda, elle permet à ces artistes de réinventer la narration et la scénographie, de dilater l’espace et le temps de la représentation, dans un aller-retour incessant entre réel et imaginaire.





La Tercera Obra
,
Teatro La María (Chili)


Mise en scène : Alexandra von Hummel et Alexis Moreno

 

La Tercera Obra est un travail à partir de Grand’peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht, une pièce écrite entre 1935 et 1938. Elle se structure autour de divers exemples de terreur présents dans plusieurs histoires et crée des ponts entre la société allemande des années précédant la Deuxième Guerre Mondiale et la société chilienne actuelle. La mise en scène réfléchit sur ce qu’il advient lorsque la collectivité est soumise à une situation de terreur, lorsque l’oppression et la terreur se transforment en principes éducatifs. Comment la peur est utilisée comme levier quotidien et ininterrompu de soumission. Grand’peur et misère du IIIe Reich est basée sur des récits testimoniaux et des coupures de presse qui constituent un récit effroyable de la vie quotidienne en Allemagne pendant les années qui ont suivi l’ascension d’Hitler au pouvoir. Elle décrit sans détours le comportement collectif soumis à la terreur, situation limite qui provoque des conduites comme la trahison et la corruption. On observe les mécanismes quotidiens d’intimidation, de dénonciation et de corruption, mais aussi d’une résistance naissante. Aux yeux de Brecht, c’est l’opportunisme et la résignation de ceux qui croient ainsi sauver leur peau qui installent le fascisme, le régime de la peur.

 

Avec La Tercera Obra, la jeune compagnie chilienne présente une version éclatée du texte de Brecht qui fait le lien avec l’histoire du Chili. Les cinq acteurs interrogent avec force la fascination du pouvoir, la capacité de la société chilienne à dépasser la barbarie de Pinochet. L’une des plus brillantes créations du collectif chilien Teatro La Maria fondé en 1999 et constituée d’artistes formés à l’Université du Chili.

 
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« L’une des plus brillantes créations de la compagnie depuis sa création en 1999, son spectacle le plus politique et le plus radical… La férocité de son sarcasme est provocante et stimulante. Le nazisme sert de prétexte pour établir des relations entre la peur, la manipulation, la trahison et l’opportunisme corruptif, et pour parler de la manière dont le pouvoir peut se servir de l’image et de la peur pour nous soumettre. »

El Mercurio (Journal Chilien)





(textes et photos extraits des sites web du Carré des Jalles et de La rose des vents - Scène Nationale Lille Métropole / Villeneuve d'Ascq, où le spectacle est programmé début décembre 2007)




Pour les hispanophones, un lien vers la page du site web de la compagnie Teatro La María consacrée à La Tercera obra:

http://www.teatrolamaria.cl/tercera/tercera_drama.html

 

Et un autre lien pour les iconophiles:

http://www.teatrolamaria.cl/ensayos/tercera_1.html



Grand-peur et misère du IIIe Reich, Bertolt Brecht

 

Traduit de l’allemand par Maurice Regnaut et André Steiger, 1974, 112 p.

 

Sous le nazisme, la peur et la misère affectaient toutes les couches de la société allemande, l’intelligentsia, la bourgeoisie, la classe ouvrière. Il y a certes le courage de la poignée de militants qui, au mépris de tous les dangers, publient une littérature illégale. Mais il y a aussi la capitulation, face à la terreur, d’une trop grande part de l’intelligentsia. C’est ce qu’a voulu montrer Brecht, d’abord à ses compatriotes exilés, autour des années 1938, en écrivant la trentaine de courtes scènes, inspirées de la réalité même, de Grand-peur et misère du IIIe Reich.

Le nazisme n’est pas un phénomène de circonstance appelé à disparaître avec le temps. Il est fait de toutes les peurs « naturelles » de l’homme, qui l’alimentent et qu’il alimente. Le ventre ne sera-t-il pas toujours fécond d’où a surgi la bête immonde ? Telle est la question qui continue de se poser aujourd’hui encore, partout dans nos sociétés.

 

(d'après le site web de l'Arche Editeur)




Et pour se remettre en mémoire quelques repères historiques, le parcours artistique de Bertolt Brecht, la pièce Grand-peur et misère du IIIe Reich et sa construction dramaturgique, voir le dossier pédagogique et didactique disponible sur le lien:

http://wwwedu.ge.ch/co/florence/place_aldomonti/option3/medias/Brecht_dosssierPedagogique.pdf



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R
j'ai adoré ce spectacle !!!!<br /> redoutable la langue étrangère et tout compte fait super !!!!!<br /> beaucoup d'humour sur un sujet si délicat.<br /> et puis pour un côté très personnel j'ai particulièrement aprécié la dernière scène "la balance" (car je l'ai déjà joué en français ...)
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