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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Des Lear - Shakespeare / Vincent Nadal

 

Création 2007

Adaptation : Vincent Nadal

Mise en scène : Vincent Nadal

Direction : Sonia Millot

Scénographie : Michel Tardif

Lumières : William Lambert

Avec : Vincent Nadal

 

Coproduction :

 Théâtre de Sartrouville-Centre dramatique Nationnal (Sartrouville)

Les lubies        

OARA-Office artistique de la région Aquitaine(Bordeaux)

 

Durée : 1h05

 

Dates :

Bordeaux, La Boîte à jouer, du mercredi 15 au samedi 18 octobre 2008 à 21h

Bordeaux, La Boîte à jouer, du mercredi 22 au samedi 25 octobre 2008 à 21h

Gradignan, Théâtre des 4 Saisons, jeudi 27 novembre 2008 à 20h45

Eysines, Théâtre Jean Vilar, vendredi 9 janvier 2009 à 20h30


Présentation de la pièce des Lear par Vincent  Nadal.

« Dans Des Lear il y a Lear. Shakespeare et la pièce King Lear pris comme source.


A vrai dire, l'écriture de Des Lear est née de cet élan.


Des Lear, ce sont les mots, les paroles de Lear, de Cordelia, d’Edmond, d’Edgar de Gloucester. Ces mêmes mots, ces mêmes paroles qu’entendait Shakespeare dans la rue, les tavernes ; Les belles demeures, qu’il recopiait dans Sénèque, dans Homère, qu’il empruntait aux textes religieux.

Des Lear s’empare de ces paroles recomposées en un poème dramatique pour un acteur.
De la trame de King Lear restent quelques traces. Le partage du royaume, le stratagème d’Edmond, la fuite d’Edgar, l’errance de Lear, la guerre, les morts. Et le déroulement inéluctable : avant, pendant et après la tempête.

Ce sont aussi les mots, les paroles de Gilles Deleuze, de Kasimir Malévitch, de Samuel Beckett, d’Antonin Artaud, de Thomas Berhnardt, de Simone Veil, de Friedrich Nietzsche.
Des Lear, ce sont toutes les voix, les corps, de tous les mondes, de tous les temps.
(Le roi Lear débute sur un adieu. Lear abdique publiquement, aux yeux de tous il dit: « Et ainsi, marcher vers la mort, la tête légère. ».) 

 

 

Des Lear : indices

Des voix enregistrées au début... Des inconnu(e)s, ma

soeur, un cousin, Daniel Emilfork, Robert Badinter...

Comme une foule qui attend, qui se demande qui est

Lear, que va-t-il faire, que va-t-il arriver. Une sensation

commune entre ces voix d'ailleurs et les spectateurs.

Le trône ? Un bloc. Matière ? Minérale.

La tempête ? Un phénomène surnaturel. Une pluie

d'oeufs tombant des cintres comme ces pluies de grenouilles.

Le plancher qui craque dans le noir, comme

d'ultimes secousses sismiques.

Quelque part, loin derrière la tête, cette phrase

d'Antonin Artaud : « Voilà, j'ai voulu voir quelques

personnes parce que j'ai quelque chose à dire et je

veux qu'on l'entende :

– Je n'aime pas les fraises, ce que j'aime c'est le goût

des fraises dans les fraises.

– Je n'aime pas les baisers, ce que j'aime c'est le goût

des baisers dans les baisers.

– Je n'aime pas les culs, ce que j'aime c'est le goût des

culs dans les culs.

Dans les temps anciens, c'est comme ça que l'on parlait

; mais depuis la langue a pris peur. »

Redonner le perdu, l'incompréhensible, l'absurde. La

joie de la tragédie.

Vincent Nadal »

(Dossier artistique de « des Lear » sur le site de la compagnie des Lubies )

Informations recueillies par Odile Lavie

 


 

 

Shakespeare, Lear, Nadal, logique non ? En tout cas c'est ce que semblait penser Vincent Nadal en nous présentant la genèse de son spectacle sur la scène de la Boîte à Jouer en octobre dernier. Venu à Bordeaux il y a quelques semaines pour une série de représentations au petit théâtre des Chartrons, il poursuit son itinéraire cette semaine en présentant son spectacle « Des Lear » au Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan, suivi de son « Ubu Roi »

Visiblement friand des détournements de textes classiques, dans sa revisitation shakespearienne il nous convie à partager son théâtre de l'intime, au cours d'une séance d'auto fiction sur les traces de Vincent Nadal et de son double de scène. Un spectacle fait de bric et de broc dans lequel l'imagination prend le pouvoir pour dépeindre la psyché trouble du comédien, tiraillé entre son monde de fiction et celui dans lequel il s'offre à nous.

 

Lorsque Shakespeare se fait prétexte


Si le rapport scène-salle a toujours suscité des réflexions théâtrales sur la manière de faire tomber ou non le 4eme mur, Vincent Nadal opère très
explicitement son choix. Ici, pas de représentation distanciée dans laquelle des personnages fictifs s'emploient à raconter une histoire, mais plutôt une expérimentation pour brouiller les pistes du jeu et d'une éventuelle classification. Le postulat est ainsi posé : Vincent Nadal le comédien s'assoie face à nous pour évoquer la genèse de son spectacle autour du « Roi Lear » et son parti pris vis-à-vis du texte. Installé dans un espace confiné, très proche du public, il s'adresse à l'auditoire de façon directe, instaurant une étrange sensation d'intimité. Le jeune comédien se livre alors de façon touchante, un peu ballot sur les bords, nous faisant part en toute naïveté de ses aspirations et de ses divagations face à l'œuvre de Shakespeare. Tantôt absent, tantôt gêné, le sourire en coin, il communique sa passion et par la même occasion nous projette dans son univers fantasque au décor composé d'objets personnels, tel ce sac rouge de l'Athénée Plazza lui évoquant les suites présidentielles des rois et reines et la couleur du pouvoir. A chaque accessoire son histoire, celle vraie ou non du comédien qui se raconte par le biais de ces effets. Shakespeare se fait alors prétexte, excuse aux délires de Vincent Nadal qui s'amuse, ouvrant les portes de son imaginaire poétique et drôle, mais étrangement fuyant par moments.

 

 

 

 

 

Des Lear... de la lubie à la folie


Des Lear, délires, La Cie les Lubies, on ne pourra pas dire qu'on avait pas eu d'indices. Forcément ce garçon ne pouvait être tout à fait lisse. Le doux rêveur
du début de la pièce cachait-il en son sein une bête schizophrénique, un adepte de « fantaisies soudaines », renversant à tout jamais la belle image qu'on en avait ? Des tendres épisodes sur « Mon amie la rose » bientôt il ne restera presque rien, le comédien se faisant happer par un esprit bien plus tenace que la folie : le théâtre. Pris à son propre piège, le voilà grignoté par les mots de Shakespeare, incapable de résister aux tirades qui l'assaillent lorsqu'il évoque les scènes du partage du royaume ou de la tempête. Dans une confusion totale, il joue et bien, le texte du dramaturge, puis tente de s'en extirper pour nous rappeler qu'il est toujours là, lui, Vincent Nadal. Entre anecdotes personnelles et déraisons shakespeariennes, il s'engouffre progressivement dans une double mise en scène, absorbant les désormais multiples personnalités de sa pièce. Dès lors on se souvient que le comédien n'en est pas à son premier spectacle de famille comme il nous le laissait croire, lui qui quelques semaines auparavant foulait les planches du CDN de Sartrouville en tant qu'artiste associé. L'aller-retour est en réalité très maîtrisé, la maladie contrôlée entre les mains du démiurge Nadal. A l'exception d'un seul paramètre qu'il n'aurait pu prévoir...l'addiction du public à l'une ou l'autre de ses deux entités. Sans rien ôter à la justesse du comédien dans les deux registres, il en est un plus touchant et vrai que l'autre. Le Vincent Nadal explorant sa vie à la lumière de ses lubies est drôle, émouvant parfois violent et se suffit à lui-même. Alors bien sûr, pas de « Des Lear » sans Shakespeare. Mais quand bien même, pourquoi ne pas imaginer un jour un tome intégral des aventures du Nadal, petit bricoleur de la scène et raconteur d'anecdotes sur le théâtre et sur la vie. Car si le grand Will a d'ores et déjà acquis ses lettres de noblesse, il est certain de nos contemporains qui possèdent une plume suffisamment ingénieuse pour parfois demander qu'on en oublie l'efficacité au profit de la nouveauté.

 

 

Lien pour le dossier artistique de Des Lear :

 

http://www.iddac.net/03_eduform/DossiersSpect/Doss_spectacle_PDF_0809/Doss_theatre/cie_lubies_desLear.pdf

 

Liens des sites visités :

 

http://www.aqui.fr/cultures/

http://www.theatre-sartrouville.com/spectacles/0139/

http://www.theatreonline.com/guide/detail_piece.asp?i_Region=0&i_Programmation=19141&i_Genre=&i_Origine=&i_Type=

 

 

  Article réalisé par Marion Cheneau - L3

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