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Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Ajour - Valère Novarina, Christine Dormoy

Spectacle présenté au TnBA du 6 au 8 février 2008


Mise en scène : Christine Dormoy

Avec : Philippe Dormoy, Chris Martineau, Géraldine Keller, Katy Deville

Scénographie : Philippe Marioge

Costumes : Cidalia Da Costa

Lumières : Paul Beaureilles

Composition musicale (Treize organa) : Arnaud Petit

Création pour alto et voix (Pneumogonies) : Chris Martineau

Informatique musicale : Laurent Sellier

Régie (stagiaire) : Benoît Meurant

Administration : Marie Perret

Assistanat de production : Julie Haméon

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© Benjamin Renout - Agence Enguerand 

Présentation:

Trouée, percée… à l’origine du mot " Ajour " il y a dans le tissu ou la matière : un vide traversé de lumière.
C’est à la Chartreuse, dans l’épaisseur de la pierre de La Cave du pape que nous avons choisi l’espace de décantation où plonger le langage et le voir redescendre pour naître.

"Au fond de la personne, personne", nous dit Novarina. L’acteur est au centre de cette visite géologique. D’abord proférer le texte, le prendre au pied de la lettre et faire apparaître dans le langage le mouvement de la pensée entre les vides. Mettre la parole en exercice, en respiration, en expérience et en action. La dépenser dans l’espace, l’éprouver, la dilater par l’acoustique naturelle, la diviser jusqu’à voir sourdre de l’acteur " la floraison personnée ", jusqu’à entendre dans la lumière du mot " conduit " la naissance de la polyphonie.

Assis en bi-fontal sous la voûte, les spectateurs délimitent un passage où le souffle circule car c’est peut-être depuis l’intérieur de la baleine qu’il sera possible d’écouter-voir la parole raisonner et les langages dont les racines arrivent de partout. L’ajour, au zénith de la cave, offre une prise d’air rectiligne et dessine dans l’épaisseur de la pierre un carré par lequel, à seize heures, un rayon de soleil fuse découpant précisément au sol un rai de lumière diffractée.
Nous irons y examiner à la loupe " le tissage de cette matière soufflée visible en volumes et en perpétuel mouvement, la parole. "

Les compagnons de cordée pour cette expédition " logoscopique " au centre de l’acteur, font partie des équipes artistiques ou techniques de la Compagnie le Grain, de la Chartreuse, de la Muse en Circuit et du Théâtre d’Arras. Ils sont : acteur pneumatique, musicien réversible, chanteur téléscopique, compositeur d’organa, improvisateur de-cordes-soufflées, scénographe-énumérateur, réalisateur sonore, costumier-paysagiste, éclairagiste d’escalade et raboteurs d’estrade.

La création d’Ajour est une expérience, celle d’un rêve sur-éclairé où regarder le théâtre dans la géologie des espaces " raisonnants ".
Il faut dire au spectateur d’y venir avec un périscope, un soufflet à parole, un manuel de boucherie, un nécessaire de passementerie, et un filet à chausse-trappe pour diviser le dialogue en trois au centre des quatre points cardinaux.

                                                                                                                                         Christine Dormoy, le 18 mai 2007

         Article publié dans Libération du jeudi 12 juillet 2007, par F. Rl.


       Christine Dormoy donne de Novarina une vision «underground». Dans les profondeurs de l’écriture

La dernière création de Valère Novarina se donne en grand dans la cour du palais des Papes, devant un mur de 2000 spectateurs, tandis qu’à quelques kilomètres de là, dans une cave, se joue celle de Christine Dormoy, à partir du même Novarina. Comme un contrepoint sur les cuisines de l’écriture.
Sa mise en scène ne porte pas sur une pièce de l’écrivain, mais sur un texte théorique, extrait de Lumières du corps (POL). «J’entre dans l’œuvre par un rai de lumière transverse», dit Christine Dormoy, qui tâte du Novarina depuis 1995 (le Danseur disparu). Quoi de plus adapté qu’une caverne, image d’un antre de création où se forge la langue.
Dans cet espace confiné, les spectateurs happent la musique des mots qui parlent de la métaphysique des mots. Au centre exact, entre le public partagé par une raie bien droite, un homme allongé lit, le livre tenu à bout de bras, puis plus tard en fœtus, postures rituelles de la lecture.
Sur le plafond de la voûte est projeté un A, comme alpha, ou ajour. Il est question de texte, de langage, de théâtre. Si le texte peut être décortiqué comme un cadavre sur une page, son esprit ne se touche pas par le scalpel, «c’est le souffle donné par toi, lecteur». Ce souffle est figuré par l’accompagnement d’un violon et par la voix d’une chanteuse. Spéléologue du langage, l’homme (Philippe Dormoy, tout en densité) allume sa lampe frontale pour explorer le lieu. A ses côtés, un aide muet, à la gestuelle empressée et comique.
Un trou s’enfonce dans les entrailles de la caverne, dont Christine Dormoy a décidément tiré le plus grand parti.
Quoi de plus concret que la pierre, sous forme de cailloux, que ramène le lecteur-explorateur? Aux spectateurs, il est demandé de souffler dessus, avec les égards dus aux offrandes. L’effet est assuré. Trouées dans la pierre, trouées entre les mots. C’est des vides que le langage tire son énergie, nous dit Novarina : «[.]la matière du langage est aérée, percée, aérienne, ouvertes de passages, criblée de sens, pleine d’ajours.»  

Pour aller plus loin, consultez l'entretien de Christine Dormoy réalisé par J.F. Perrier : http://www.theatre-contemporain.net/Entretien,2523

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