Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
UNE FEMME NORMALE A EN MOURIR / L'INATTENDU
De Jan Fabre / Fabrice Melquiot
Par le collectif l'Art Hache Scène
Présentation du diptyque
A travers le diptyque Une Femme Normale à en Mourir / l'Inattendu, la compagnie explore la frontière floue entre normalité et folie, en s'attachant au parcours de deux femmes. Dans Une Femme Normale à En Mourir, Jan Fabre (dont l'écriture rejoint les fantasmes mis en scèe dans ses créations chorégraphiques) explore la solitude maladive d'une femme, solitude qui vire à la schizophrénie. Dans l'Inattendu, Liane attend un homme (l'"Inattendu" du titre), du moins c'est ce qu'elle nous dit - mais l'on perd vite pied entre la réalité et le fantasme de cette personnalité étrange et antithétique...
« En présentant le diptyque Une femme normale-à-en-mourir de Jan Fabre et L’inattendu de Fabrice Melquiot, nous allions deux auteurs contemporains autour de monologues qui se rejoignent et se complètent. L’un est un poème intemporel construit autour du fragment. L’autre s’articule dans une écriture poétique et quotidienne basée sur une forme lyrique.
Ils mettent tous deux en scène la parole sensible d’une femme en recherche de son identité, face à l’altérité, vis-à-vis d’autrui et devant les tabous de caractères sexuels et moraux impulsés par la société. Liée à une figure masculine, fantôme moteur de ses interrogations, elle cherche à se dégager de sa condition de femme afin de s’affirmer en tant qu’identité propre, indépendante. La possibilité d’offrir deux visions différentes du même problème, interroge sur la réception et la sensibilité des spectateurs face à ces écritures.
Nous avons choisi de travailler en sorte que ces deux paroles de femmes dépassent l’identité sexuelle pour questionner l’Homme. En effet, tout en révélant à la fois leur place en tant que femme, et en revendiquant leur féminité, elles se découvrent avant tout être humain.
Dans la continuité de notre recherche artistique (après Pieds en Equilibre), nous mettons l’accent, à travers le corps et la matière, sur nos comportements singuliers, nos combats et nos désirs à l’intérieur du cadre contraignant de notre société moderne. Ce cadre est figuré dans l’espace de deux façons distinctes : une boîte, dans laquelle se réfugie et étouffe « Elle », figure féminine d’Une femme normale-à-en-mourir; une chambre sans murs, renversée, déconstruite où se perd Liane, personnage de L’inattendu. Ces scénographies sont à la fois lieux d’enfermement et espace imaginaire où les personnages livrent leur combat et leur intimité.
Dévoiler l’intimité de l’être, ou comment accepter le regard sur le corps, mémoire de l’affectif et du temps. Façonner les matières ou comment se construire à travers des rituels (stérilisation, autodestruction, chansons, prières…), symboles de passage d’un état à un autre. Liquides, sable, farine sont autant d’éléments que manipulent les personnage
s, et qui leur permettent de se modeler un autre corps, une autre image d’elles, telle qu’elles la désirent. »
L'AHS
Collectif l'Art Hache Scène
Collectif prolixe issu du Conservatoire et de la faculté d'Arts et Spectacles Bordeaux 3, l'Art Hache Scène fait montre d'un goût certain pour la recherche et les prises de risque tout en s'appuyant sur des textes forts. Leur travail s'inscrit dans la droite ligne du Living Theatre et d'une pratique de la scène très physique, où le corps et la matière jouent un rôle égal au texte. Un théâtre physique, parfois éprouvant, regorgeant d'émotions.
Jan Fabre
Né à Anvers en 1958, Jan Fabre est l'un des plus célèbres représentants de la vague artistique flamande surgie au cours des années 1980. Après avoir étudié à l’École des Arts décoratifs et à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, il s’intéresse dès 1976 à l’art de la performance. Plasticien de formation, il est également scénographe, auteur, chorégraphe, metteur en scène (théâtre, opéra) et réalise divers courts-métrages. Il expose et crée de manière régulière à Anvers et dans différents centres artistiques européens ou américains.
De 1980 (Theater geschreven met een K is een kater) à 2005 (L'Histoire des larmes) en passant en 1982 par C'est du théâtre comme c'était à espérer et à prévoir (une production de huit heures controversée, qui lui vaut de se tailler une place sur la scène internationale) et en 2001 par Je suis sang (également controversée, lors des éditions 2001 et 2005 du Festival d'Avignon), Jan Fabre a mis en scène et en mouvement une trentaine de pièces mêlant théatre et danse. Il a également créé la maison de production Troubleyn, qui s'attache à promouvoir ses oeuvres théâtrales et lyriques.
Pour aller plus loin, voir le site: http://www.troubleyn.be/index.php
Fabrice Melquiot
Né à Modane en 1972, Fabrice Melquiot se lance dans des études cinématographiques avant de suivre une formation d’acteur sous la direction de Julie Vilmont. Il travaille avec le Théâtre du Mouvement et rencontre à vingt-deux ans, Emmanuel Demarcy-Motta, directeur de la compagnie des Millefontaines, avec lequel il travaille en tant qu’acteur. Parallèlement, il écrit des pièces pour la radio, la jeunesse, et le théâtre tout public.
Progressivement, Fabrice Melquiot joue de moins en moins et écrit de plus en plus, pour se consacrer depuis quelques années exclusivement à l’écriture. À partir de 2001, ses pièces sont publiées chez L’Arche Éditeur : L’Inattendu, Percolateur Blues, Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit…
En 2002/2003, pour sa première saison à la tête de La Comédie de Reins, Emmanuel Demarcy-Motta invite Fabrice Melquiot à le rejoindre comme auteur associé et membre du collectif artistique de la Comédie. Il met en scène L’Inattendu et Le Diable en partage, au Théâtre de la Bastille et à la Comédie de Reims. En 2004, le compagnonnage se poursuit avec la création de Ma vie de chandelle, à la Comédie de Reims et au Théâtre de la Ville (Paris).
Pour aller plus loin, voir le site: http://www.fabricemelquiot.com/
D'après les sites web du Glob Théâtre, de l'Art Hache Scène, de l'ANETH, de Théâtre contemporain et de l'Encyclopédie Universalis.