Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).

Beaucoup de bruit pour rien – William Shakespeare Compagnie 26 000 couverts

BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN 

De William Shakespeare

Mise en scène  Philippe Péhenn

Compagnie 26 000 couverts

Avec Karine Abela, Christophe Arnulf, Romain Belanger, Sébastien Chabane, Sarah Douhaire, Pierre Dumur, Olivier Dureuil, Anne-Gaëlle Jourdain, Florence Nicolle, Philippe Nicolle, Emmanuel Veïn, Valérie Veril, Jacques Ville.

Depuis une dizaine d'années, 26000 Couverts écume en France et à l'étranger, tout ce qui ne ressemble pas à une salle de théâtre Ces artistes créent pour ces lieux atypiques (rues, usines désaffectées, gymnases ou places de village) des spectacles interrogeant sans cesse codes de représentation et rapport au public. Cette année pourtant étonnant virage, les voilà qui rentrent en salle et s’attaquent à un monument du théâtre : William Shakespeare. Entre critique sociale hyperréaliste et satire débridée, 26000 Couverts nous surprend encore avec Beaucoup de bruit pour rien, n’abordant pas la comédie élisabéthaine sur le mode de la Royal Shakespeare Company mais en nous  livrant un portrait chinois du grand William d’une formidable fidélité, tout en donnant l’impression de parler de tout à fait autre chose.

 

D’après le site web arcadi.fr et quelques avis  de mes chers compères d’arts du spectacle.

 Bref résumé de la pièce : L’intrigue se déroule derrière les murs du Palais sécurisé du gouverneur Léonato, dans une sorte de kommandantur de province ruinée. Pendant que des vigiles futuristes déménagent des dossiers compromettants et que les demoiselles de la jet-set élisabéthaine côtoient membres de la nomenklatura et prêtres collabos, la chair à canon tue au front. A l’arrière, des tyrans à l’agonie s’amusent à arranger des mariages pour oublier leur mort imminente.

D’après le site web lefourneau.com


Entretien avec Philippe Péhenn autour de « Beaucoup de bruit pour rien »

Pourquoi avoir choisi cette pièce de Shakespeare en particulier ?

Nous vivons dans un monde halluciné, jamais très loin des bombes et du combat. Judith Feyrner (dramaturge de la compagnie, ndlr) et moi-même avons travaillé sur un nouveau texte didascalique, parfois même en contradiction avec le texte d’origine.

Une constante dans nos conversations avec Judith était de dire ce que le texte ne dit pas, montrer le non-dit, sans oublier, bien sur, l’Einfüldung brechtien... A travers le travail de recherche sur la danse-réflexe mené avec Liliane Boucon, nous avons pris conscience de la dimension noire des personnages... Judith dirait : la persona intérieure.

Comment avez-vous abordé le processus de création ?

J’ai voulu faire de cette légère comédie de Cour une tragédie intemporelle, perverse et troublante. J’ai pris le pari de détourner la pièce pour mieux me la réapproprier et redonner une puissante vibration, à la fois vivante et impalpable, aux grandes thématiques shakespeariennes.

Il y a toujours eu du détournement dans mes mises en scène. Comment ignorer la guerre continuelle autour de nous ? Partout, et depuis toujours. La barbarie qui nous entoure... Le théâtre doit en témoigner.

La pratique scénique est un travail alchimique. Il a fallu transformer le textuel en spectacle par une manipulation de signifiants hétérogènes. Et leurs relations multiples produisent un espace scénique qui absorbe Shakespeare et en même temps le densifie de manière contradictoire, pour produire des relations nouvelles. Par exemple, nous traitons la relation amoureuse à la lumière de la guerre des sexes, à la drôlerie du texte, nous avons substitué la cruauté, à l’esprit la fourberie, à l’amour la suspicion...

D’après les propos recueillis par Aurélien Marteaux, le 13 mai 2006 au Théâtre du Pays de Morlaix, visibles sur le site web http://www.lefourneau.com/dubruitdanslacuisine

  

Objet de la compagnie : «entreprendre et favoriser toute action menant à l'organisation d'un dîner de 26000 convives...»
En clair, c'est envisager le théâtre comme une utopie, considérer « qu'il ne va pas de soi », le revendiquer comme une expression contemporaine et l'installer là où on ne l'attend pas, toucher le spectateur qui s'ignore, détourner le regard et décaler le quotidien, faire des farces et s'emparer du sacré, marier le tragique au burlesque, et développer une nouvelle « esthétique du réel ».
Théâtre de rue, de proximité et de perturbation sont les modes d'expression principaux de « 26000 couverts ».

Pour aller plus loin, voici le site de la compagnie :
http://www.26000couverts.org/ avec entre autres extrait vidéo et diaporama.


Article réalisé par Agathe Quelquejay - L3

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article