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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 13:02

 

 

Spectacle présenté au TnBA du 7 au 11 février 2012

 

10074.jpg© Tim Wouters1

 

Arthur Schnitzler naît en 1862 à Vienne. Johann Schnitzler, son père, laryngologue réputé, avait pour clients des comédiens et des cantatrices, qui donnèrent très tôt au jeune Arthur le goût du théâtre. À treize ans déjà, il avait écrit près de vingt pièces dans différents genres. Après avoir étudié la médecine et la psychiatrie, il obtient son doctorat en 1885  et travaille à l'hôpital général de Vienne. Il finit par abandonner cette carrière pour se tourner vers l'écriture, contre la volonté de son père. Arthur ne devient alors réellement écrivain qu'à trente et un ans, à la mort de celui-ci, en mai 1893. Il est l'auteur de pièces de théâtre, de nouvelles et de romans. Son univers onirique le rapproche des théories freudiennes. Celui-ci disait d'ailleurs : « Je pense que je vous ai évité par une sorte de crainte de rencontrer mon double ». Ses œuvres ont été très controversées, notamment en raison de leur description franche de la sexualité  et de leur opposition à l'antisémitisme . Schnitzler a en effet une écriture qui va chercher en profondeur la psychologie de ses personnages et qui permet de saisir de manière aigüe toutes les pensées les plus cachées d'un individu.

 

Le collectif belge tg STAN, formé en 1989, composé aujourd'hui de dix membres permanents, fut fondé par quatre acteurs diplômés du Conservatoire d'Anvers en 1989 : Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver, Waas Gramser et Frank Vercruyssen. Ils ne voulaient pas entrer dans une compagnie régie par la tyrannie d'un metteur en scène. En tant qu'acteurs, ils refusent toute hiérarchie et préfèrent se placer eux-mêmes au centre de leur démarche. Leur nom, S(top) T(hinking) A(bout) N(ames), traduit un rejet de tout dogmatisme. L'absence de metteur en scène renforce une grande unité entre les acteurs, qui leur permet de transmettre un message social ou politique fort. En effet, leur répertoire varié, qui va de Cocteau à Ibsen en traversant Anouilh et Wilde, marque leur démarche contestataire. Ils vont également à l'encontre d'une certaine forme de théâtre et privilégient la destruction de l'illusion théâtrale, le jeu dépouillé, et l'engagement rigoureux vis-à-vis du personnage et de ce qu'il a àraconter. L'absence de hiérarchie fait que le travail est réellement collectif. C'est donc vraiment un travail de discussion qui part du texte, et pas d'improvisation sur le plateau. Jolente de Keersmaeker explique ainsi : « Le spectacle se fait vraiment autour de la table. C’est seulement deux semaines environ avant la première qu’on commence à faire des répétitions de texte. Une semaine avant de jouer, on monte sur scène »2.

 

 

Pièce écrite en 1904 et créée en novembre 2009 (pour la version française) par tg STAN, Le Chemin solitaire fut suivi d'une grande polémique à l'époque car la pièce aborde l'adultère d'une mère avec le meilleur ami de son mari. Beaucoup de pièces ou de nouvelles, notamment La Ronde, étaient critiquées pour leur manière de décrire la sexualité. Très vite pourtant, l’émotion nous saisit devant le destin de Julian Fichtner. Ce célèbre peintre revient dans sa ville natale. Jadis, il a fait un enfant à la jeune fille qui lui servait de modèle, avant de choisir la liberté et de mener une vie égoïste tournée vers l’art et le plaisir. Cette jeune fille était fiancée à Wegrat, un ami de Julian, qui a élevé l’enfant comme le sien. Apprenant la mort de cette femme qu’il a aimée, Julian veut révéler la vérité à Félix, le seul enfant qu’il ait eu. Mais celui-ci, jeune officier de vingt-trois ans, n'est pas forcément prêt à entendre cette vérité. Julian n’est pas le seul à jeter un regard rétrospectif sur sa vie. Il y a aussi Irène, comédienne et ancienne maîtresse du peintre, restée célibataire, Von Sala, l’écrivain qui prépare une expédition pour l'Asie, Johanna, une jeune fille qui rêve de partir loin, Reumann le médecin, etc. Dès lors, le voyage que projette Félix devient le symbole de la quête des personnages : chercher dans le passé le sens de leur destinée. Le sujet de ce texte n'est pas un conflit entre plusieurs personnes : l'auteur nous livre leur psychologie et cerne peu à peu le désarroi des êtres.

 

Sur la scène se trouve un grand tapis blanc où sont éparpillés divers appareils électroménagers : cafetière, micro-ondes, grille-pain, bouilloire... Parmi tous ces éléments du quotidien se trouvent un broyeur rouge, objet inattendu, dans lequel un des acteurs mettra sa tête. Cette scénographie s'appuie sur des éclairages de couleurs différentes tantôt vives, tantôt sombres, qui changent la couleur de peau des acteurs, comme sur les photos ci-après. Parfois le public est éclairé à la place des acteurs. Des musiques variées sont très présentes, que ce soit en ouverture avec une musique psychédélique, pendant les changements d'acte ou avec le tourne-disque présent sur scène. Dès son entrée, le spectateur est confronté à un plateau démuni de pendrillons à Cour et à Jardin, ce qui laissait voir les poutres, les cordes et le mur du TnBA.

 

 

image-numero-2-du-krino.jpg

photo-krino-3.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                © Tim Wouters

 

 

                    © Tim Wouters

 

 

Cinq acteurs interprètent tour à tour les huit protagonistes. Il suffit que les acteurs s'échangent une simple veste ou une sacoche pour faire comprendre qu'ils interprètent un autre personnage. Ces changements sont vifs et inattendus et peuvent survenir en interrompant une réplique. Les acteurs peuvent jouer de ces changements en s'adressant directement au public avec une phrase comme « Changement de rôle! ». Il devient alors difficile pour le spectateur de distinguer les personnages. La présence perpétuelle des acteurs sur scène due à l'absence de coulisses, oblige le spectateur à être encore plus attentif. Ce nouveau type de représentation marque l'envie de ne pas servir au public une lecture univoque du texte, mais seulement des outils qui permettent une invitation au voyage. Tout artifice qui s'approcherait d'un réalisme dramatique est banni et le texte devient une partition qu'ils donnent à entendre. Jolente de Keersmaeker dit aussi : « pour que l'échange ait lieu, on a besoin que le spectateur soit tenu en haleine »².

 

 

Quelques liens utiles :


- Le site de la compagnie Tg Stan : http://www.stan.be/content.asp?path=k1xr91jg

- Une vidéo du spectacle : 



 

 

- Entretien avec Jolente de Keersmaeker et Damiaan de Schijver sur un PDF du Festival d'automne: http://www.youtube.com/watch?v=bBW21_1aOoc

- Un article critique de Bruno Paternot : http://ilinferno.com/2012/02/02/collectif-tg-stan-le-chemin-solitaire-un-theatre-dacteur/

- Un article critique de Fabrice Chêne : http://www.lestroiscoups.com/article-le-chemin-solitaire-d-arthur-schnitzler-critique-de-fabrice-chene-theatre-de-la-bastille-a-paris-40673326.html

- L'article de la présentation de TnBA :http://www.tnba.org/event.php?id=470

 

 

Pour aller plus loin :

Dans la mesure où le spectateur doit être actif et où l'acteur met une distance avec le personnage qu'il incarne, pourrait-on rapprocher ce spectacle des théories développées par Brecht ?

Quelles seraient alors ses limites de cet usage des procédés brechtiens ?

Comment alors concilier le refus d'une illusion théâtrale pour ne servir que le texte et le plaisir du spectateur de venir au théâtre ?

 

 

Article rédigé par William Petipas, Kassandra Rathier et Laurentine Rumolino

 

 


 

2Extrait du Dossier de Presse du TnBA, interview de Jolente de Keersmaeker par Lise Lenne et Marion Rhéty.

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 16:18

 

 

Spectacle présenté au TnBA du 14 au 17 février 2012

 

 

 

Georges Feydeau (1862-1921) est un auteur dramatique spécialiste du vaudeville. Il se consacre très tôt au théâtre et à l’écriture. C’est à la fin du XIXe siècle qu’il écrit ses pièces les plus fameuses (Un fil à la patte en 1894, Le Dindon en 1896). L’ensemble de son œuvre est majoritairement composé de vaudevilles, riches en quiproquos et comique de situations, mais aussi un recueil de monologues et une série de courtes pièces, appelées farces conjugales (Feu la mère de madame, par exemple). Ses pièces connaissent encore aujourd’hui un franc succès. Elles sont traduites dans des dizaines de langues et montées par de nombreux metteurs en scène. C’est le cas de Philippe Adrien.


Philippe Adrien s’est essayé à de nombreux métiers du théâtre. Il commence avec celui de comédien, puis devient assistant d’Yves Robert et de Jean-Marie Serreau. Dès 1965, il écrit ses premières pièces. Il succède à Antoine Vitez en prenant la direction du Théâtre du Quartier d’Ivry, puis fonde en 1985 l’ARRT (Atelier de Recherche et de Réalisation Théâtrale) à la Cartoucherie. Pour finir, il devient professeur d’interprétation au Conservatoire en parallèle de ses mises en scène.


Le Dindon est avant tout une comédie appartenant au genre du vaudeville. Il serait trop réducteur de résumer un Feydeau au schéma classique du triangle amoureux : mari-femme-amant. Certes, c'est une base récurrente dans ses œuvres, mais il faut ajouter à cela la multiplicité des personnages et la complexité des intrigues qui se font et se défont, l'art de manier le quiproquo, les retournements de situation, le mensonge, et bien plus encore.


Le Dindon, c'est l'histoire de Lucienne Vatelin, une femme honnête et fidèle, qui aime son mari Crepin qui lui suffit. Elle ne consentira à prendre un amant si, et seulement si, elle surprenait son mari dans les bras d'une autre, aux grands désespoirs de ses deux soupirants, Pontagnac et Rédillon. Malheureusement pour eux, Vatelin semble être la fidélité incarnée. Or, son ancienne maîtresse, Maggy Soldignac, arrive subitement de Londres pour raviver une flamme que Vatelin pensait laissée de l'autre côté de la Manche. Devant la froideur de Vatelin, elle menace de se tuer s'il ne lui accorde pas ses faveurs dans une chambre d'hôtel qu'elle a louée pour l'occasion. Piégé, il se confie à son "ami" Pontagnac, qui s'empresse de prévenir Lucienne. Entre temps, Mr Soldignac apprend à Vatelin qu'il vient à Paris pour surprendre sa femme en plein adultère avec son mystérieux amant, qui n'est autre que Vatelin lui-même. S'en suit une multitude de péripéties, de confusions, de rebondissement, de femmes cachées dans le placard, de maris empêtrés, et tout cela dans une seule chambre d'hôtel. Lucienne croit surprendre son mari dans le lit d'une autre, Pontagnac se voit accusé de deux adultères avec des femmes qu'il ne connait pas. Lucienne se rend chez Rédillon pour accomplir sa vengeance, puis change son fusil d'épaule en choisissant Pontagnac comme vengeur. Finalement, Vatelin est pardonné, Lucienne rassurée, Rédillon fatigué... Quant à Pontagnac, "c'était écrit [il] est le dindon " !

 

le-dindon-photo.jpg© Antonia Bozzi



La scénographie de la pièce se situe sur un plan surélevé qui occupe la quasi-totalité de l'espace scénique. Au centre de ce plan, les acteurs évoluent sur une tournette traversée par un mur qui contient une porte. Deux autres portes sur un cercle concentrique au disque, tournent autour du plateau. Ainsi, l'espace est le plus souvent constitué du mur et des trois portes. Les lieux changent instantanément lorsque le disque tourne. Un canapé à l’avant-scène et un autre sur à jardin échappent à ce cercle vicieux. Les acteurs ne sortent jamais en coulisse ; ceux qui ne jouent pas sont derrière le mur et peuvent changer le décor de la scène suivante. Dans sa mise en scène, Philippe Adrien ne se contente pas de faire claquer les portes, il les fait tourner !

 

 

La question du cercle est une thématique très importante dans la mise en scène de Philippe Adrien, ainsi que dans le texte de Feydeau. En effet, Lucienne avec son « trompe-moi et je te tromperai » met en lumière la fameuse loi du Talion qui plonge les personnages dans un cercle vicieux. Il est évident que Philippe Adrien a voulu donner une place toute particulière à ce cercle en le matérialisant physiquement sur le plateau. De plus, la musique qui accompagne les changements de lieux rappelle la mélodie des manèges, ceci peut-être une autre signification de ces différents cercles. Les personnages se cherchent, se trouvent, se perdent, se tournent autour, aussi bien au figuré qu'au sens propre.

Autres thématiques, cette fois-ci opposées, sont celles du réalisme et de l'onirisme dans la pièce. Pour ce qui est des décors, on peut tout à fait reconnaitre les intérieurs bourgeois du XIXe siècle, de même pour les costumes. Or, Philippe Adrien, glisse des éléments plus mystérieux, pour créer une atmosphère de rêve ou de cauchemar.

 

Quant au jeu des comédiens, on peut y voir un nouvel aspect du travail de Philippe Adrien sur cette pièce. L'accent semble être donné sur un jeu éxagéré, passant beacoup par l'expression du corps. Ainsi, beaucoup de personnages sont apparentés à des animaux, Rédillon joue le petit chien, et Pontagnac prend le rôle du taureau dans la scène de conquête (corrida) finale. Faire surgir l'animal des personnages va dans le sens d'un jeu corporel poussé, jusque dans l'expression de pulsions violentes. On rappelera tout de même que le personnage éponyme de la pièce est un animal, peut-être Feydeau lui-même aura-t-il soufflé l'idée à Philippe Adrien ?


Quelques pistes pour la critique :


Que signifie monter un Feydeau de nos jours ? Comment réactiver un genre traditionnel, parfois considéré comme obsolète ? Comment le vaudeville, genre qui vise en premier lieu le divertissement, oeuvre-t-il toujours sur les spectateurs d'aujourd'hui ? En quoi la mise en scène et la scénographie de Philippe Adrien lui permettent-ils de se distinguer d'autres mises en scènes de Feydeau ?


le-dindon-photos.jpg

© Chantal Depagne-Palazon

 

 

Pour aller plus loin :


Extraits du spectacle et interview de Philippe Adrien :

 


 

 Site du Théâtre de la Tempête : link  http://www.la-tempete.fr/actualites/index.php 

Site de l'AART : link http://www.arrt.fr/spectacles.php 

Articles : link http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Actualite/Philippe-Adrien-met-en-scene-le-Dindon-la-machine-infernale-de-Feydeau-_NG_-2010-09-15-578680

 


 

Article rédigépar Claire Dobby, Samuel Knosp et Noémie Colardeau

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 18:15

  

 

Spectacle présenté du 2 au 11 février 2012 au Glob Théâtre

 

 

 

 

Rage-image-1.jpg

 

Trois danseurs de Rage

 ©Pierre Planchenault

 


 

Anthony Egéa et la compagnie Rêvolution :


Anthony Egéa est un danseur et chorégraphe issu de la danse de rue.

Dès 1984, il amorce un long processus d'apprentissage de la danse hip-hop. C’est alors avec un certificat d’étude du Conservatoire National de Bordeaux et un brevet d’Etat d’éducateur sportif qu’il décide de faire carrière dans le domaine de la danse. Il continue son apprentissage à l’Ecole Supérieure Rosella Hightower de Cannes et termine ensuite sa formation au Dance Theater de Alvin Ailey à New-York.

Il crée sa propre compagnie (Rêvolution) en 1991 et son travail est essentiellement reconnu pour remettre en question la gestuelle des danseurs et le mélange des styles. Ensuite, il faut savoir que les œuvres de la compagnie sont le fruit d’un bon nombre de collaborations et de rencontres. Ainsi, des pièces chorégraphiques comme Amazones (2003), Soli (2005), ou Urban Ballet (2008), mêlent des styles très différents comme le hip-hop, le modern’jazz, ou encore, le contemporain. En 2012, il propose une nouvelle création (Rage) qui mêle encore d'autres styles de danse.


Le spectacle Rage :


Rage est l’histoire d’une rencontre, celle d’Anthony Egéa et de six danseurs africains. En effet, c'est lors d'une tournée du chorégraphe en Afrique de l'Ouest et Afrique Centrale (en 2009), qu'est née l'envie d'une création mettant en scène des danseurs africains. Ainsi créée en 2012 au Glob Théâtre de Bordeaux, elle est l’union de l’énergie du Krump (danse de rébellion née dans les ghettos américains), du hip-hop (très présent en Afrique), ainsi que des danses traditionnelles et contemporaines.

C’est une pièce sur « UNE Afrique contemporaine », une vision de ce pays animée par chacun des danseurs grâce à leur propre expérience et leurs vécus respectifs. Elle porte alors les échos d'existences violentes et révoltées. A travers cette pièce, Anthony Egéa veut « proposer des images et des états de corps qui nous interrogent ». Il essaye ainsi de chorégraphier véritablement des coups de nerfs, des états de transe. D’après lui, « les danseurs de ce projet sont au cœur de la création ».

 

L'essentiel de la scénographie peut se résumer à la mise en place de six enceintes (une pour chaque danseur). Ces enceintes qui émettent de la musique diégétique peuvent aussi éclairer certains éléments sur scène (principalement les danseurs). Elles sont déplacées tout au long du spectacle en fonction des différents tableaux.

Dans un premier temps, les danseurs sont assis sur les enceintes. C’est un moment en partie d’attente, où la pression du temps qui passe est palpable, mais où on assiste à une gestuelle quotidienne mise en relief avec de très beaux ensembles chorégraphiques. Ensuite, placées en cercle, elles forment un ring où les danseurs se retrouvent à « se battre » (de façon chorégraphiée, notamment avec des figures de hip-hop), dans un espace où la loi du plus fort l’emporte. Enfin, empilées, elles peuvent prendre la forme d’une estrade pour disc-jockey (symbolisant la fête et l’amusement) ou encore, celle d’un trône (symbolisant le pouvoir, but éternellement recherché par chacun).

L'éclairage constitue un élément essentiel de la composition. Il se définit par une ampoule au plafond, huit projecteurs rasants (quatre côté cour et quatre côté jardin), un carré de seize projecteurs sur le mur côté jardin, une lumière « disco » de toutes les couleurs au fond côté cour, un néon blanc que les danseurs manipulent durant la représentation, la lumière des enceintes, ainsi que le dispositif au plafond (qui permet l'éclairage en douche, etc). Cet éclairage relativement complexe est intéressant car il permet notamment de « transformer » le corps des danseurs : on découvre le dos, les muscles en mouvement et non le corps dans sa totalité.

Rage s’appuie donc principalement sur ces différents aspects : l’espace composé grâce aux enceintes, le temps divisé par l'intermédiaire des différents tableaux et la lumière qui permet d'éclairer cette description (originale mais réaliste) de l’Afrique. Point important du spectacle, l'Afrique est ici représentée dans une certaine globalité par la puissance des images, des sensations et des musiques, et elle est aussi évoquée en tant qu'ensemble de particularismes de différents pays et ethnies. La vision de cette Afrique « aux visages multiples » est exploitée et l'ambiguïté qu'elle fait apparaître est poussée à l'extrême lorsque les danseurs s'habillent avec des costumes de couleur (rouge, jaune, vert, bleu ciel, mauve et beige) pour « aller en boîte de nuit » : ils sont en fait projetés volontairement à contre-courant de la réalité africaine. Le passage entre ces deux mondes est donc souligné par le changement entre des costumes très simples (tee-shirts et pantalons gris ou blancs, parfois torse nus) et des costumes un peu extravagants. De même, jouant sur l'alternance des chuchotements et des cris et employant le français et des langues d'Afrique, on peut penser que la voix permet de renforcer cette image d'une Afrique aux différentes facettes.

 

 

Rage image 2

 

Trois danseurs de Rage

 ©Pierre Planchenault

 

 

Pour aller plus loin dans notre réflexion, on peut se demander :

 

La danse aurait-elle pu par elle-même, sans éléments de scénographie, être aussi significative ?

Quelle identité de l'homme le chorégraphe a-t-il voulu mettre davantage en avant : l'homme primitif, simple, combatif, qui se révolte, ou l'homme libéré de ses angoisses, qui sait bouger et s'amuser ?

La pièce aurait-elle eu le même impact si elle avait mise en scène des danseurs européens ?

Liens Internet :

Le site de la Compagnie Rêvolution : http://www.cie-revolution.com/compagnie.php

L'article de présentation du spectacle sur le site du Glob :

http://www.globtheatre.net/index.php?option=com_content&view=article&id=229&Itemid=314

 


Article réalisé par Julien De Las Heras, Sophie Abad et Alice Lejeau.

 

 

 

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