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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 07:03

Emigrant - Nadia Fabrizio

Pour créer ce spectacle, Nadia Fabrizio s’est appuyé sur son vécu. Considérez-vous que le spectacle dépasse l’introspection et le récit de vie pour parvenir à concerner le spectateur ?

 

 

Au-delà - Koen Augustijen 

Comment le spectacle de Koen Augustijen se joue-t-il de l’ « au-delà » ? Comment cet « au-delà » parvient-il au-delà du plateau, jusqu’au spectateur ? Après avoir défini le traitement scénique de cette thématique par le chorégraphe, vous donnerez votre point de vue sur l’œuvre à partir de cette relation scène/ salle.

 

 

This is the end - David Bobbee

Selon vous, David Bobbee parvient-il à relever la gageure qui lui était proposée en créant un spectacle qui dépasse les contraintes formelles imposées au préalable, lui permettant d’échapper au « spectacle d’école »?

 

 

Persistance - Cie Medulla

Dans la bible du spectacle, Naomi Mutoh et Laurent Paris écrivent qu’ils entendent : « créer un lien entre traditions et modernités ». Comment ce lien existe-t-il dans Persistance ? Quel regard portez-vous sur lui ?

 

 

Soir d'amour à Monte-Carlo - Cie Maxi Monster Music Show

Freaks ? Créatures ? Monstres ? Phénomènes de foire ? Avant de donner votre point de vue sur le sujet, expliquez et analysez la manière dont les artistes du Maxi Monster Music Show se mettent en représentation dans ce spectacle.

 

 

Faits d’hiver -Henri Bonnithon

Comment ces histoires du quotidien, si simples en apparence, sont-elles données à entendre au spectateur pour devenir extraordinaires, inouïes ? Est-ce qu’elles y parviennent ?

 

 

L'assommoir - Emile Zola - David Czesienski

Des comédiens qui jouent des personnages qui jouent d’autres personnages. Après avoir analysé cette imbrication des jeux, vous donnerez votre point de vue sur le traitement du roman de Zola par David Czesienski.

 

 

Instants Critiques - François Morel

S’il est entendu qu’aujourd’hui tout texte peut devenir un matériau pour le théâtre, il n’est pas fréquent de se baser sur des fragments de débats critiques.  Comment ces débats sont-ils portés au plateau pour devenir matière à jouer ? Ce passage au plateau vous paraît-il convaincant ?

 

 

Regarde maman,  je danse - Vanessa Van Durme  

Pour créer ce spectacle, Vanessa Van Durme s’est appuyé sur son vécu. Considérez-vous que le spectacle parvient à dépasser l’introspection et le récit de vie pour concerner le spectateur ?

 

 

Cédric Andrieux - Jérôme Bel et Cédric Andrieux

Dans sa critique de Cédric Andrieux datée du 14 décembre 2010 et publiée dans Paris Art, Céline Piettre énonce : « inéluctablement, l'autobiographie dansée de Cédric Andrieux, en plus de fonctionner comme un abrégé − historique, esthétique, économique − de la danse de ces vingt dernières années, à travers le prisme du subjectif, est un mémorial. Le plus vivant qu'il nous ait été de visiter ». Partagez-vous son point de vue ?

 

La Mouette - Nauzyciel

Dans sa critique du 21/07/2012, Fabienne Pascaud qualifie la mise en scène de Nauzyciel de « poseuse, prétentieuse, stylisée, symboliste et mortifère ». Partagez-vous son point de vue ? (source : http://www.telerama.fr/scenes/a-avignon-la-mouette-engluee-d-arthur-nauzyciel,84548.php).

 

 

Invisibles - de Nasser Djemaï 

Dans la présentation du spectacle disponible sur le site du TnBA, on peut lire : « Nasser Djemaï réussit un pari délicat : appuyer là où ça fait mal et faire rire en même temps. Il signe une harmonieuse partition où les moments de vérité explosent avec violence, cruauté et drôlerie ». Etes-vous d’accord avec cette présentation ? Répondez de façon argumentée.

 

 

Bastard - Duda Paiva   

Avant de donner votre point de vue sur le sujet, explicitez et commentez l’usage et le traitement des marionnettes de Bastard (entre autres, fonction dramaturgique, manipulation et jeu du comédien).

 

Emigrant - Nadia Fabrizio

Pour créer ce spectacle, Nadia Fabrizio s’est appuyé sur son vécu. Considérez-vous que le spectacle dépasse l’introspection et le récit de vie pour parvenir à concerner le spectateur ?

 

 

Au-delà - Koen Augustijen 

Comment le spectacle de Koen Augustijen se joue-t-il de l’ « au-delà » ? Comment cet « au-delà » parvient-il au-delà du plateau, jusqu’au spectateur ? Après avoir défini le traitement scénique de cette thématique par le chorégraphe, vous donnerez votre point de vue sur l’œuvre à partir de cette relation scène/ salle.

 

 

This is the end - David Bobbee

Selon vous, David Bobbee parvient-il à relever la gageure qui lui était proposée en créant un spectacle qui dépasse les contraintes formelles imposées au préalable, lui permettant d’échapper au « spectacle d’école »?

 

 

Persistance - Cie Medulla

Dans la bible du spectacle, Naomi Mutoh et Laurent Paris écrivent qu’ils entendent : « créer un lien entre traditions et modernités ». Comment ce lien existe-t-il dans Persistance ? Quel regard portez-vous sur lui ?

 

 

Soir d'amour à Monte-Carlo - Cie Maxi Monster Music Show

Freaks ? Créatures ? Monstres ? Phénomènes de foire ? Avant de donner votre point de vue sur le sujet, expliquez et analysez la manière dont les artistes du Maxi Monster Music Show se mettent en représentation dans ce spectacle.

 

 

Faits d’hiver -Henri Bonnithon

Comment ces histoires du quotidien, si simples en apparence, sont-elles données à entendre au spectateur pour devenir extraordinaires, inouïes ? Est-ce qu’elles y parviennent ?

 

 

L'assommoir - Emile Zola - David Czesienski

Des comédiens qui jouent des personnages qui jouent d’autres personnages. Après avoir analysé cette imbrication des jeux, vous donnerez votre point de vue sur le traitement du roman de Zola par David Czesienski.

 

 

Instants Critiques - François Morel

S’il est entendu qu’aujourd’hui tout texte peut devenir un matériau pour le théâtre, il n’est pas fréquent de se baser sur des fragments de débats critiques.  Comment ces débats sont-ils portés au plateau pour devenir matière à jouer ? Ce passage au plateau vous paraît-il convaincant ?

 

 

Regarde maman,  je danse - Vanessa Van Durme  

Pour créer ce spectacle, Vanessa Van Durme s’est appuyé sur son vécu. Considérez-vous que le spectacle parvient à dépasser l’introspection et le récit de vie pour concerner le spectateur ?

 

 

Cédric Andrieux - Jérôme Bel et Cédric Andrieux

Dans sa critique de Cédric Andrieux datée du 14 décembre 2010 et publiée dans Paris Art, Céline Piettre énonce : « inéluctablement, l'autobiographie dansée de Cédric Andrieux, en plus de fonctionner comme un abrégé − historique, esthétique, économique − de la danse de ces vingt dernières années, à travers le prisme du subjectif, est un mémorial. Le plus vivant qu'il nous ait été de visiter ». Partagez-vous son point de vue ?

 

 

La Mouette - Nauzyciel

Dans sa critique du 21/07/2012, Fabienne Pascaud qualifie la mise en scène de Nauzyciel de « poseuse, prétentieuse, stylisée, symboliste et mortifère ». Partagez-vous son point de vue ? (source : http://www.telerama.fr/scenes/a-avignon-la-mouette-engluee-d-arthur-nauzyciel,84548.php).

 

 

Invisibles - de Nasser Djemaï 

Dans la présentation du spectacle disponible sur le site du TnBA, on peut lire : « Nasser Djemaï réussit un pari délicat : appuyer là où ça fait mal et faire rire en même temps. Il signe une harmonieuse partition où les moments de vérité explosent avec violence, cruauté et drôlerie ». Etes-vous d’accord avec cette présentation ? Répondez de façon argumentée.

 

 

Bastard - Duda Paiva   

Avant de donner votre point de vue sur le sujet, explicitez et commentez l’usage et le traitement des marionnettes de Bastard (entre autres, fonction dramaturgique, manipulation et jeu du comédien).

 

 

Rappel des consignes :

 

Munissez-vous de votre liste de spectacles.

Une fois entré dans la salle, vous tirerez un sujet au sort.

Vous disposerez de 10 minutes pour préparer un argumentaire et répondre à la problématique posée puis de 8-10 minutes pour l’exposer à l’oral.

Tous les documents imprimés sont autorisés (pas d’ordinateur).

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 06:56

 

Entretien avec Olivier Waibel, dramaturge et metteur en scène au sein du collectif Crypsum, représentant à la scène des textes non théâtraux.

 

Pour débuter l’entretien, pouvez vous présenter votre parcours, ainsi que la formation du collectif Crypsum ?


J’ai fait des études de lettres à Paris ainsi qu’une prépa littéraire hypokhâgne khâgne, pour devenir professeur. Parallèlement je faisais du théâtre au lycée pour m’amuser avec des amis. En suivant des cours en conservatoire, j’ai fini par passer des concours un peu malgré moi, et je me suis retrouvé à Toulouse au TnT où ils ont une formation de comédiens qui s’appelle l’Atelier Volant. Les deux directeurs du collectif, Alexandre Cardin et moi, venons de la même promotion, on ne s’est pas quittés. En fait on a fondé le collectif pour jouer les textes de Virginie Barreteau, qui était aussi dans la même promotion. On l’a fait une fois et ça s’est pas bien passé, alors on a récupéré le collectif, qui s’appelle Crypsum qui veut dire la glande du passage à l’acte. En tant que comédiens on voulait voir si on pouvait mener nos propres projets, on a ensuite créé des petites formes vers Toulouse.


Combien êtes-vous aujourd’hui dans le collectif ?


Au début, nous étions quatre anciens de l’Atelier Volant, il y a eu scission et on a récupéré Crypsum Alexandre et moi. Et aujourd’hui nous sommes trois avec Miren Lassus Olasagasti qui est comédienne. Pour les spectacles on fait appel à des comédiens d’ici, qui ne font pas forcément partie intégrante de Crypsum, mais qui reviennent souvent. Quand on a choisi le nom de collectif, et non de compagnie, ça n’était pas forcément pour parler de démocratie, mais plus d’élan collectif, de confiance partagée.


Y avait-il dès le départ l’idée d’adaptation de textes non théâtraux à la scène ?


Pour les premières formes, on avait plus l’idée d’inventer de nouvelles places au spectateur, on a alors joué dans des lieux un peu décalés comme des vestiaires de théâtre, mais ça partait de toute façon d’une matière littéraire. Nous sommes des comédiens,  pas des metteurs en scène, qu’est ce qu’on apporterait si on montait un énième Shakespeare ? Comme j’ai fait des études littéraires et que j’ai la passion des livres, j’amenais régulièrement de la matière et on s’est vite rendus compte que ce qui est génial avec un livre c’est la possibilité d’inventer son propre matériau et tout le spectacle en même temps. Puis on ne voulait pas qu’il y ait des personnages, par exemple pour Nos parents d’Hervé Guibert, il y a trois comédiens sur scène, alors que c’est l’histoire d’un seul homme qui raconte son histoire familiale, ils sont à la fois comédiens, narrateurs et régisseurs, autant le père, la mère que le narrateur. Tout se mélange, il n’y a pas d’incarnation à jouer. Notre idée est vraiment de profiter d’un cadre pour partager une écriture que l’on aime, l’adaptation nous permet aussi d’insérer de la vidéo dans les spectacles, réalisée par Alexandre. J’estime que le complément de l’adaptation littéraire c’est vraiment l’adaptation scénique avec la vidéo, ça se complète à merveille.

 

Qu’est ce que ça apporte au spectacle la combinaison de l’adaptation et de la vidéo ?


Hervé Guibert est un des premiers à avoir fait des journaux vidéos, et on s’est servi de ce lien pour Nos parents, le journal vidéo est un fil rouge dans le spectacle. Ca commence avec lui qui, pendant que le public s’installe, cherche dans son journal vidéo quelque chose, parce que tout part d’un secret de famille. La vidéo est présente tout du long, en direct principalement, beaucoup pour des notions d’espace et d’invention sur scène. Et puis ca permettait aussi tout un travail sur la photo qui est important, parce que Nos parents, ca parle d’une famille, et toutes les familles sont compliquées et folles, et on a pris ce fait comme universel. Donc les comédiens sont vraiment face à leurs photos de familles, face à leurs parents à devoir dire qu’ils les détestent, ce qui les engagent autrement sur scène. Alors que dans L’Homme qui tombe, notre seconde création, qui raconte le parcours d’un homme après le 11 septembre 2001 et ce que ça inclut, ce qui était compliqué c’était de faire l’économie des images du 11 septembre. On en a tous en tête mais les revoir c’est quand même très fort, donc on a beaucoup travaillé là dessus, sur comment les détourner, ne pas vraiment les montrer. Dans le roman, Don DeLillo  parle beaucoup des cendres qui tombent, donc on a travaillé sur ces images de cendres, qui donnent un reflet à la parole, une autre dimension au texte. Dans le texte il y a aussi l’omniprésence de la télévision, donc nous dans notre décor on avait mis deux télés qui diffusaient des publicités, parce que ça revient souvent, et ça crée du jeu. Par exemple, on a fait une scène où un personnage a l’impression de voir son mari à l’écran et dialogue avec lui, alors qu’il n’y est pas. Mais il n’y avait pas de vidéo en direct parce qu’il n’y avait pas le temps et que ça n’était pas légitime. C’est intéressant d’avoir à penser la vidéo, pour l’instant je trouve qu’on est assez malins avec, ça n’est pas illustratif, pour nous ça a du sens.


Vous faites la mise en scène des spectacles avec Alexandre Cardin, comment se déroule cette collaboration ?


On travaille en amont lui et moi. Je fais l’adaptation et la dramaturgie principalement, et il la complète. Ou bien nous écrivons la mise en scène très tôt.


Vous écrivez la mise en scène ?


Oui, comme dans l’adaptation je séquence, j’invente des scènes, chaque scène applique alors d’elle-même sa mise en scène. Le fait de séquencer le texte nous fait dire dans quel espace on l’imagine, est ce qu’il y a de la vidéo, comment les gens se croisent. Dans L’Homme qui tombe, tout le monde est présent sur le plateau quasiment tout le temps, même quand ils ne sont pas dans les scènes, ça se travaille beaucoup avant. Après ce qui est compliqué c’est qu’Alexandre  joue dans les spectacles, donc je me retrouve en face à devoir gérer la direction d’acteur, ce que j’arrive à faire mais qui n’est pas ce que je préfère. Et après on travaille à nouveau le soir ensemble. On fait comme ça pour l’instant, mais j’aimerai bien que les prochains spectacles, on change la manière de travailler, que je sois vraiment que sur l’adaptation, la dramaturgie, et la mise en scène en amont, et la direction d’acteur pour lui.


Ne pas être tout le temps le seul regard extérieur.


C’est ca. Ca serait plus simple, mais je trouve que c’est le meilleur comédien du monde, donc ça m’embêterait, mais en même temps c’est ca aussi le choix du collectif de pouvoir un peu changer les formes, les statuts et les rôles.


Pourquoi cette volonté de mettre en scène des textes non théâtraux ? Qu’est ce que ça apporte par rapport à une pièce de théâtre ?


Ca part de l’envie d’inventer notre propre matériau. Et puis je ne lis pas de théâtre, parce que je ne sais pas lire de théâtre, et je trouve que ça se ressemble pas mal en général, il y a peu d’invention formelle d’écriture théâtrale, un petit peu plus quand même aujourd’hui. Le roman a l’avantage d’être plus figé, et comme nous on a vraiment envie de s’approprier et que la construction nous ressemble c’est beaucoup plus cohérent. Et j’adore l’idée de partager un texte que j’aime, c’est tellement agréable de partager pendant une semaine Don DeLillo avec des gens qui ne l’ont jamais lu et qui ne le liront jamais, et de voir ce qu’ils en retirent.


Comment se fait le choix du texte ?


Je soumets des textes. Pour Hervé Guibert, c’est un texte que j’ai lu il y a très longtemps et qui m’avait fait rire, je me suis dit qu’on pourrait faire une lecture à plusieurs pour voir, on a tous tellement rit qu’on a décidé de le monter. Et on a travaillé L’Homme qui tombe parce qu’on voulait travailler sur un autre texte qui s’appelle Peste de Chuck Palahniuk, et on n’a pas eu les droits parce qu’il n’y a qu’Hollywood qui les a. Puisque le premier s’appelait Nos parents,  on s’est dit le deuxième va s’appeler Notre Amérique, et on n’a pas eu le droit. Il a fallu trouver un autre texte en quinze jours. L’Homme qui tombe je l’avais lu, j’avais adoré, j’ai remis le nez dedans en me disant qu’il était possible d’en faire quelque chose. Pour ce texte, on a beaucoup travaillé pour que ça reste proche de nous et très vivant. On voit toutes les coutures se faire sur scène, l’installation du décor en même temps qu’ils sont personnages.

Vous souhaitez travailler sur des thèmes en particulier ?

Non. On se connaît tellement dans le groupe qu’on sait à peu près quels sont les thèmes qui nous intéressent, même si ça n’est pas vraiment définissable. Mais je pense que le prochain spectacle sera adapté d’un Américain, ou d’une femme ca serait bien. Adapter une auteur j’aimerai bien, voilà on réfléchit plus de cette façon. On souhaiterait travailler sur un auteur que j’adore, Joyce Carol Oates, qui a été très connue pour le livre sur Marylin Monroe qui s’appelle Blonde, et qui est incroyable. Donc peut être ça.


Ce livre là ?


Non ça ne serait pas ce livre là. On aimerait bien aussi faire de l’adaptation, pas que de romans, par exemple de films ou de série, c’est un autre matériau. C’est l’enjeu, toujours trouver de nouveaux matériaux et de nouvelles raisons d’inventer, parce que si c’est juste pour pérenniser l’affaire ça n’a pas d’importance. On pourrait très bien arrêter et n’être que comédiens, il faut que ça relance quelque chose, que ça ne soit pas juste une entreprise qui roule et  qui enchaine les spectacles.


Pour revenir sur l’adaptation littéraire, est ce qu’il y a dans le choix des textes quelque chose qui appelle déjà à une représentation théâtrale ?


Pour l’instant je l’ai peu rencontré. C’est une matière tellement libre ça appelle surtout à de la liberté et à essayer d’en faire quelque chose. Ce qui me pose problème un peu au début, parce que j’aime tellement la langue des livres qu’on choisit que j’ai envie de la rendre telle quelle, et dans le travail du plateau, surtout avec les comédiens, tu es obligé de tricher, ou de réécrire beaucoup.


Hervé Guibert je connais peu, mais pour Don DeLillo,  avec une langue si particulière, ça doit être difficile, vous n’avez pas peur de dénaturer ?


Si, ça dure un petit temps, puis à un moment tu finis par comprendre, et tu n’’hésites plus. Je me permets de réécrire, enfin sans trop trahir, mais tu trahis aussi. Par exemple dans L’Homme qui tombe, on a recréé des personnages qui sont plusieurs personnages en fait, ça devient un peu des personnages globaux qui en recroisent plusieurs. Mais ça ce n’est pas le pire, c’est une trahison que finalement j’accepte. C’est horrible les premières fois que tu dois couper ou transformer un mot mais si c’est réussi sur scène ensuite, c’est bon.


Est-ce qu’il y a des passages que vous privilégiez dans l’adaptation, comme la description ou les dialogues par exemple ?


Je peux privilégier autant une description qu’un dialogue, je fais ma sauce.


C’est plus en fonction de ce qui se dit, des thèmes ?


Oui c’est ça. J’ai l’impression que pour que ça marche il faut très vite savoir combien de personnes il y a sur le plateau. Pour le premier, le trois s’est imposé parce que c’est une petite économie, et que je trouvais ça bien que ce soit un gars et deux filles. Et le deuxième on en a pris cinq parce qu’il y avait forcément un couple, l’amante brésilienne, et il fallait un autre couple, pour voir les différentes peurs qui animaient chacun, au sein du couple, entre les gens. Une fois que ce choix est fait ça va un peu plus vite. La je viens de retravailler sur Peste, il y a soixante dix personnages qui parlent, on essaye de voir comment une même parole peut en regrouper plusieurs, c’est intéressant à faire.


En plus d’enlever du texte, des mots de l’auteur, est ce qu’il n’y pas aussi le risque d’enlever certaines dimensions, du sens ?


Si. Mais ça aussi c’est un choix qu’on assume, le fait d’inventer totalement, et d’être libre, c’est aussi notre point de vue sur le texte et sur les thèmes. Par exemple, c’est la question du être ensemble qui m’a vraiment interrogé dans L’Homme qui tombe, mais qui est un peu amplifiée par rapport au livre, c’était notre point de vue sur qu’est ce que c’est théâtralement d’agir ensemble, et d’être ensemble dans la vie, comment on arrive maintenant à se positionner par rapport aux autres, à être dans un groupe. Mais le premier plaisir est de partager une langue, une histoire et un auteur, le point de vue pour moi est implicite dans la construction de l’ordre des séquences et toutes les influences de vidéo, d’images, de sons qui sont autour. Le public qui connaissait le roman, nous a dit que ça manquait d’un point de vue réel sur le roman, c’est une question que je n’ai pas résolue encore. Parce que pour nous, le point de vue est déjà induit dans la proposition de faire partager ce texte, les thèmes qui le parcourent. Pour Nos parents, tout le monde sait qu’Hervé Guibert  est mort du sida mais qui a lu ses livres ? Donc pour la plupart du public, rien qu’en partageant un auteur qu’ils ne connaissent pas et en avoir une nouvelle vision, ils sont plutôt contents. Et pour L’Homme qui tombe, il y avait beaucoup de gens qui ne connaissaient pas cet auteur. A propos des dimensions du texte, on sait en ayant choisi l’adaptation qu’on ne peut pas toutes les brasser.


Bien sûr. Et en fonction des sensibilités, on y voit tous des choses différentes.


C’est ça. L’idée dans l’adaptation c’est de traiter un roman mais ce qui nous passionne aussi c’est montrer comment on fait théâtre, avouer qu’il y ait de la vidéo en direct, avouer que les comédiens soient aussi techniciens. En fait le spectacle raconte autant l’histoire, enfin une partie de l’histoire du roman, que la façon dont on construit un spectacle. On privilégie aussi beaucoup cette dimension. Dans tous les cas, on adapte avec un tel amour du texte que je ne me sens pas très malhonnête. Tu ne peux pas traiter tout le texte, ou ça serait du théâtre de vingt quatre heures, il faudrait avoir de bons comédiens, mais ça risquerait d’être vraiment ennuyant, tout le monde n’est pas Olivier Py.


Heureusement. Vous travaillez principalement sur des écritures contemporaines, est ce que vous auriez la volonté un jour de monter quelque chose de plus classique, voire antique ?


Je pense que ce ne serait pas fédérateur pour tout le groupe. Il y a des choses intéressantes dans les textes classiques, mais il y a aussi un côté révélateur d’un texte ancien, en le mettant sous un jour nouveau, ce n’est pas forcément la démarche qui nous intéresse. L’important pour nous est vraiment de pouvoir se questionner ensemble sur des choses très actuelles, on ne peut pas faire de théâtre sans parler d’aujourd’hui, c’est un peu notre priorité. Donc on choisit plutôt des auteurs contemporains. Parce que parler d’aujourd’hui avec des textes classiques c’est possible mais je trouve ça un peu compliqué, et il y a un côté malin, en montrant comment on peut enlever la poussière d’un texte.


Pour finir, quels sont vos futurs projets ?


Il y a déjà Les livres vivants qui viennent de se faire de Frédéric Maragnani. En fait il voulait que  Alexandre, Miren et moi soient comédiens, je lui ai dit que si c’était pour adapter des livres je préférai travailler l’adaptation avec lui. J’ai donc fait ça sur cinq livres, et c’était absolument passionnant, et ça va se reprendre. Comme il est directeur de la Manufacture Atlantique maintenant, il veut avec le collectif créer un compagnonnage sur un ou trois ans, ce qui voudrait dire qu’on doit répondre à des commandes et en même temps pouvoir jouer nos spectacles là bas. Donc on essaye d’y reprendre Nos Parents, pour L’Homme qui tombe c’est compliqué, il nous faut un peu de sous. Et tous les trimestres il va y avoir un thème et il veut qu’on organise des banquets le dimanche, c'est-à-dire organiser un repas avec le public où on présente aussi un spectacle, enfin plutôt une adaptation littéraire qui se jouera qu’une fois. En mars il va y avoir le festival Cinémarges à Bordeaux, et il veut qu’on fasse un banquet, qui serait donc lié au thème de l’identité. En juin il y en aurait un autre sur le thème du soin, si on trouve un texte sur le pansement on fonce. Donc on a ces commandes là, mais comme on a créé deux spectacles très rapidement maintenant on prend le temps  de bosser à la diffusion parce qu’on se rend compte que vivre en région c’est quand même un peu compliqué. Donc on est très occupé par ça, on prend beaucoup de rendez vous, ce qu’on a jamais fait parce que pour l’instant on fonctionnait par dossiers, et la on se dit qu’on est assez murs, pour aller au devant des gens et leur expliquer notre démarche. On se rend compte qu’on grandit et c’est bien, parce qu’au départ ce n’était pas gagné. On grandit avec plein d’autres collectifs avec qui on est d’une même génération de compagnies, c’est bien on n’est pas tous seuls. On voit comment on fonctionne les uns les autres, on est plein à inventer notre propre matériau, on invente tous.

 

Entretien réalisé le 7 décembre 2012 par Flora Vernaton.

 

 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 10:30


 

Spectacle présenté à la Salle Culturel du Galet de Pessac les 14 et 15 décembre

 


Cédric Andrieux :

Il est difficile de parler de Cédric Andrieux sans commencer à dévoiler le spectacle. Il commence la danse contemporaine à 12 ans, influencé par sa mère. A 16 ans, ilt entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Paris. Il s’y forme pendant 4 ans puis part pour les États-Unis avec la compagnie Jennifer Muller. A 20 ans, il intégre la prestigieuse Merce Cunningham Company avec laquelle il danse pensant 8 ans. Il la quitte en 2007 pour rejoindre le Ballet de l’Opéra National de Lyon et danser des créations de Trisha Brown, William Forsythe ou encore Jérôme Bel. C’est ici, avec The Show Must Go On qu’est née la collaboration avec ce dernier.

 

 

 © Cédric Andrieux 


Jérôme Bel : 

Formé au Centre Nationale de Danse Contemporaine d’Angers (CNDC), il débute en tant que danseur et s'initie très tôt la mise en scène auprès de Philippe Découflé, figure importante de la Nouvelle Danse française. Sa première création, Nom donné par l’auteur (1994), est une chorégraphie d’objet qui annonce déjà son penchant pour la non-danse ce qui lui a valu plus tard le surnom de « Pape de la non-danse ». Il acquiert rapidement une renommée internationale, allant du Mexique au Japon. A partir de 2004, Jérôme Bel conçoit plusieurs spectacles autobiographiques. Le premier concerne Véronique Doisneau, danseuse « sujet » de l’Opéra National de Paris.

 

 

Le spectacle : 


Cédric Andrieux était présenté dans le cadre du festival jeune public « Sur un Petit Nuage » organisé par Pessac en scène, dans sa version écourtée de 50 minutes (au lieu d’une heure vingt) dédiée aux enfants. Il est présenté comme un spectacle éducatif grâce auquel « la danse contemporaine n’aura plus de secrets pour [n]ous » à en croire la plaquette de présentation.

Mais la question se pose du genre et de la discipline du spectacle : est-ce de la danse, du théâtre, un témoignage par la parole et la danse, un documentaire, un peu tout ça à la fois ? Selon la description officielle il s'agit d'une conférence dansée alliant la parole à la danse sans pour autant théâtraliser la danse. En effet, on est loin ici de la « tanztheater » de Kurt Jooss ou de Pina Bausch. On est plutôt face à de la non-danse, c'est-à-dire une création intégrant à la chorégraphie d'autres arts, pour mettre finalement la danse un peu en retrait.


Tout commence, d’après Cédric Andrieux, par l’influence de sa mère qui l’a plongé très tôt dans le milieu de la danse contemporaine, l’emmenant voir des spectacles. Poussée par les valeurs révolutionnaires de 1968, elle pratique la danse contemporaine en amateur (moins élitiste, d’après elle, que la danse classique) et inculque à son fils les valeurs de la démocratisation de l’art. Il nous raconte après cela ses débuts en tant que danseur à l'âge de 12 ans et nous confie qu'on le qualifiait même de mauvais danseur.

 

Ensuite, c'est par le biais de l'évocation de sa chorégraphie de fin d'étude au CNSMD de Paris qu'il nous montre le premier extrait dansé : le solo Nuit Fragile de Philippe Tréhet, qui lui avait valu la premier prix du conservatoire, « à la surprise générale » précise-t-il. Il raconte ensuite avec humour les difficultés qu'il a pu connaître à New-York dans la petite compagnie de Jennifer Muller qu'il a intégrée en suivant Douglas, son premier amour. Puis c'est sans grande conviction qu'il intègre la Merce Cunningham Company dont il raconte de nombreuses anecdotes de ses huit années de travail, huit années durant lesquelles il a répété inlassablement tous les matins les mêmes mouvements et exercices qu'il montre en tant que deuxième passage dansé.

 


© PICA Portland Festival 2010/Wayne Bund  

 

Il a du subir également l'académique et la gaine, ce qui entraîne un premier changement de costume laissant la scène vide derrière lui. Travailler avec Merce Cunningham, c'est aussi constamment dépasser ses limites dans chaque mouvement pour exécuter des chorégraphies pensées par Cunningham et créées par un logiciel informatique. Ce fut pour lui un travail épuisant tant physiquement que mentalement, qu'il n'a pu apprécier qu'à partir du moment où il a pu prendre un certain recul émotionnel (notamment grâce à la rencontre de son deuxième grand amour). Il quitte finalement la compagnie dans un choix de recherche d'une libération du mouvement et intègre le ballet de l'Opéra de Lyon en 2007. C'est là-bas qu'il expérimente les chorégraphies de William Forsythe, de Jérôme Bel et de Trisha Brown. Le travail qu'il a fait avec cette dernière l'a profondément marqué par la fluidité et la simplicité des mouvements qu'il avait perdu avec Cunningham. C'est pour lui l'occasion de le montrer en exécutant un extrait de la pièce Newark. Il insiste en tant que danseur sur la grande différence entre les deux approches du mouvement. Il enchaîne ensuite en parlant de son travail avec Jérôme dans le spectacle The Show must go on qui, pour lui, s'inscrivait dans le prolongement du processus de libéralisation du mouvement. En effet, le spectacle intègre la non-danse de J. Bel, les danseurs étant libres de choisir leurs costumes parmi leurs vêtements de ville, ne dansant pas et se contentant de faire ce que le titre des chansons leur dit de faire. C'est ce qu'il nous montre en finissant son spectacle avec le titre Every breath you take  du groupe Police qu'il demande au régisseur de lui envoyer. Il regarde alors dans les yeux le public éclairé pendant les 4 minutes que dure la chanson. Le spectacle se termine (mais on se pose la question dans cette forme écourtée car la fin n'est pas bien définie) par un échange de questions/réponses entre le public et Cédric Andrieux.

 

 


« Ce qui m'intéresse principalement, c'est de mesurer le degré d'aliénation, ou d'émancipation de ces différentes esthétiques. Le danseur étant le premier cobaye de cette expérience dansée, le spectateur le second ! Donc : est-ce que cette danse que je regarde m'émancipe ou pas ? » (Jérôme Bel dans une interview donnée pour le dossier de presse du 38ème Festival d'Automne à Paris).


 

Les projets de Jérôme Bel sont orientés dans le but de substituer à la danse contemporaine la non-danse. L'histoire de la vie de Cédric Andrieux devient ici prétexte pour parler de l'évolution de la danse contemporaine. A travers l'exemple de parcours d'un danseur, il dévoile les coulisses de différents courants de danse contemporaine. Le spectateur est, quelque part, invité à observer par le « trou de la serrure » les répétitions et les préoccupations quotidiennes des danseurs. Ceci participe à la démystification de l'image de noblesse que véhiculent habituellement les interprètes contemporains. On s'aperçoit par de petites touches d'humour et d'auto-dérision que le travail quotidien d'un danseur peut également être lassant (l'approvisionnement du frigo devient, par exemple, une pensée plus que préoccupante). L'artiste ne nous apparaît plus comme transcendé mais au contraire comme un être humain soucieux aussi bien d'un perfectionnement continuel du mouvement que de la nécessité d'un salaire régulier, s'inscrivant donc les réalités matérielles quotidiennes.

 

Au cours du spectacle, Cédric Andrieux revient sur les valeurs démocratiques et non élitistes que lui avait transmis sa mère qu’il dit ne pas du tout avoir retrouvé lors de son apprentissage au CNSMD. En effet, la compétition entre les élèves les pousse à un certain élitisme, et à se prendre parfois trop au sérieux, en perdant de vue les raisons qui avaient pu les mener à la danse. De plus, il affirme que la danse contemporaine est devenue avec le temps, elle aussi, un art élitiste. Elle n’est plus aussi accessible, trop souvent abstraite, au spectateur qu’elle ne l’avait voulu à ses débuts. Elle le devient aussi pour les danseurs eux-mêmes, comme nous l’explique C. Andrieux lorsque qu’il revient sur sa formation avec Merce Cunningham. Les danseurs ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient, ils exécutaient ce qu'un grand esprit leur disait de faire. Or, cela devient en soi problématique car on reproche souvent au mouvement post-moderniste de ne mettre en valeur que les chorégraphes. Maintenant que nous sommes face à un danseur qui s'exprime, il nous avoue qu'il n'aurait, comme ses partenaires, peut-être pas eu grand chose à répondre sur certains de leurs travaux d'un autre point de vue que celui technique. Mais dans ce face à face danseur/public, l'artiste ne semble pas se cacher de cela. Ces moments de « blanc » qu'il a pu connaître se retrouvent dans le spectacle, lorsqu'il quitte la scène pour un changement de costume. Il rompt alors avec les règles traditionnelles du théâtre ou de la danse. Jérôme Bel joue avec les règles tacites en effaçant, par exemple, le quatrième mur, en laissant la scène vide, en mettant la parole au cœur d'un spectacle annoncé comme étant de la danse mais ce détournement débute même avec le principe du projet : la parole au danseur.

 

 

La Scénographie : 

 

© Marco Caselli Nirmal

 


La scénographie est simple : un plateau vide couvert d'un tapis de danse noir et éclairé sur sa totalité de manière homogène par des projecteurs. Seuls deux éléments se rajoutent à cela par la suite, un sac de sport et une bouteille d'eau minérale que Cédric Andrieux dépose en arrivant à l'avant-scène jardin. Il n'y a pas de musique, sauf pour l'extrait du spectacle The Show must go on, pas d'effets de lumière. Le danseur, durant tout ses monologues se tient face au public, au milieu de l'avant-scène. Seule sa voix monocorde et son souffle accompagnent le public durant la représentation. Bien que le son de sa voix soit linéaire, des pointes d'humour, accentuées par un décalage avec la voix, permettent au public de rester en éveil et de suivre avec attention les évolutions de son récit. L'absence de musique peut aussi rappeler la manière dont il a pu travailler, à savoir en silence ou sans se soucier de la musique comme dans le travail avec Merce Cunningham. Lors des moments chorégraphiés, c'est sa respiration ou son marquage des temps qui constituent la bande sonore. Ce sont eux aussi qui établissent le lien entre le public et le danseur dans ses changements de costumes pendant lesquels il quitte l'espace scénique au profit des coulisses. Le public ne perçoit plus que les frottements de tissus, le micro que l'on bouge et toujours sa respiration. Ce sont d'ailleurs des moments qui semblent être des moments de détente pour le public car on s'assiste une montée des chuchotements qui cessent toutefois dès le retour de Cédric Andrieux sur scène. Le rapport établi n'est déjà plus un rapport de dominant/dominé, le public ose prendre sa place quand il le peut et ne se contente pas du silence.

 

Pour chaque extrait dansé, Cédric Andrieux se place tel qu'il le faisait au paravent lors des spectacles ou des entraînements qu'il a pu faire. Ainsi, c'est au fond à droite pour les extraits de Merce Cunningham (c'est la place qu'il occupait toujours dans le studio New-yorkais du chorégraphe) qu'il se place, c'est sur la ligne de fond qu'il danse ses souvenirs de Trisha Brown, c'est à l'avant-scène et à cour qu'il observe le public tel qu'il faisait dans son autre collaboration avec Jérôme Bel. Toutefois, ce ne sont pas de simples placements, de la même manière que ses souvenirs se déplacent, notre vision et notre imaginaire sont transportés aussi : nous nous voyons tour à tour être dans sa petite école de danse face à une professeur dubitative, dans le célèbre studio de Merce Cunningham rempli de ses danseurs, ou parmi le public de The Show Must Go on. La scénographie est peut-être simple mais le texte suffit à nous transporter autre part. Cette neutralité permet à notre esprit une plus grande liberté d'imagination. De plus, elle possède aussi une vertu apaisante, relaxante. Il n'y a que le nécessaire, rien de superflu car c'est véritablement l'opportunité de regarder « à travers le trou de la serrure » la vie d'un danseur que propose au public cette suite de conférence-dansée à laquelle appartient le spectacle Cédric Andrieux Son souffle nous rapproche de lui car il est révélateur de son effort physique et de sa position d'homme. Le spectateur n'est plus devant cette image du danseur transcendé mais bel et bien devant un homme qui s'offre sans apparents faux-semblants. Cette absence de musique permet une atmosphère de convivialité, une atmosphère d'autant plus flagrante lors de Every Breath You Take de Police. Les projecteurs, éclairant le public, le révèlent au danseur. Après une petite minute de gêne, on sent une certaine décontraction se propager, les sourires naissent et des signes de la main s'esquissent. Le quatrième mur disparaît, la salle est désormais incluse. Il y a échange concret entre le plateau et les spectateurs et c'est d'ailleurs sur cela que le spectacle se termine. A la fin de la chaîne de l'évolution de la danse, il y a une réunification des deux parties qui composent le spectacle : le public et les acteurs, qu'ils soient de l'ombre ou sur scène.

 

Grâce à cette scénographie épurée, cet échange qui se créé entre la salle et la scène est possible. Le jeu avec le quatrième mur permet de finalement se sentir peut-être plus impliqué dans le spectacle.

 

 

Pour aller plus loin : 

 

Après des spectacles comme The show must go on, la non-danse peut-elle alors être encore annoncée comme danse au public ? Le chorégraphe est-il encore chorégraphe ou se transforme-t-il en metteur en scène ?

Jérôme Bel affirme que la vie du danseur n'est qu'un prétexte pour aborder l'évolution de la danse. Pourtant les choix qui constituent son parcours ne contribuent-ils pas à établir une vision subjective de l'Histoire de la danse, constituant ainsi un paradoxe puisque l'Histoire est dite « objective » ?

 

 

Liens :  


Extrait du spectacle Cédric Andrieux :

 


 

 

Site officiel de Jérôme Bel : www.jeromebel.fr/ 

Interview avec Cédric Andrieux à Madrid : http://www.latitudefrance.org/Interview-Cedric-Andrieux 

Dossier de presse : http://www.festival-automne.com/Publish/evenement/313/DP09HommageMerceCunningham.pdf 


Extrait du spectacle Véronique Doisneau, premier spectacle de la série de conférences-dansées : 

 


 

 


Site officel de Merce Cunningham : http://www.mercecunningham.org/

Site officiel de Trisha Brown : http://www.trishabrowncompany.org/

 

 

Article rédigé par Anna Chabat

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  • : Le "krinomen" est un débat critique qui regroupe les étudiants d'Arts du spectacle (théâtre et danse) de l'Université Bordeaux Montaigne, de la Licence 1 au Master 2. Ce blog constitue un support d'informations sur les spectacles vus pendant l'année, ainsi que le lieu de publication d'une partie des travaux réalisés en TD de critique (critiques de spectacles, entretiens...).
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